REACTION MUNICIPALE A HASPARREN PENDANT LA REVOLUTION

Par Pierre IPUY.

Ceci est une synthèse sur ce qu'a été l'époque révolutionnaire à HASPARREN et surtout sur l'attitude des responsables locaux de cette période. Je crois , d'ailleurs, que je m'attaque à un exercice périlleux puisqu'il peut paraître paradoxal ou moins paradoxal d'essayer de faire une synthèse claire d'une période particulièrement trouble, celle de la Révolution.

Pour ce faire, je puiserai un peu dans les documents locaux mais je citerai à nouveau quelques éléments majeurs de l' époque dont on vous a déjà parlé et également quelques extraits d'ouvrages récents ou anciens traitant de la période révolutionnaire.
Si vous le voulez bien, nous repartirons de 1784, et si on s'en tient aux délibérations des assemblées générales de la paroisse de l'époque, on n'y trouve que des lamentations :

l'entretien des routes est très onéreux,
l'Église risque de s'écrouler,
les impôts sont toujours plus lourds,...
ce sont les rengaines de l'époque , déjà. Se plaindre est de bonne guerre, et pourtant, si l'on en croit d'autres archives, HASPARREN est un lieu privilégié :il y a du travail pour tous,
les tanneurs, les duranguiers, les artisans produisent,
les marchands, eux, vendent, soit au marché local, soit plus loin en Navarre surtout, en Chalosse et jusqu'au centre de la France. Ces marchands sont nombreux et souvent riches, je dirai même très riches.

HASPARREN est la deuxième ville du Labourd

HASPARREN est la deuxième ville du Labourd. C'est la ville la plus riche du Labourd
Longtemps, je dois le dire entre parenthèses, lorsque nous avons commencé à lire les compte-rendus du Conseil Municipal, nous nous sommes lamentés ; toute l'équipe était en train de se lamenter en se disant : "pauvres Haspandards, pauvres gens, comment ont-ils pu vivre cette époque là !"

Ce n'est que plus tard, qu'en lisant d'autres archives que nous nous sommes rendus compte que HASPARREN était la ville la plus riche du Labourd intérieur. La meilleure preuve, d'ailleurs, est que déjà, pour vivre on va là où on peut vivre, et HASPARREN compte déjà effectivement entre 4 500 et 5 000 habitants depuis très longtemps.

On en est là en 1784

On vit bien à HASPARPEN. On y vit bien parce qu'on défend des privilèges qui sont contestés par les fermiers généraux et la révolte de 1784 en est l'une des preuves.

Nous arrivons à 1789. En Labourd, les choses ne sont pas du tout comme ailleurs. Car ailleurs, le Tiers Etat secoue l'autorité des nobles. Ici, en Labourd, clergé et noblesse sont exclus de l'administration des communes et du pays.

Clergé et Noblesse, eux, ont des doléances à exprimer, des voix à réclamer. Parmi ceux du Clergé, on peut citer le souhait d'avoir un évêque basque qui puisse parler avec le peuple.

Mais au Labourd, seuls les maîtres de maison dirigent les communes et le Biltzar.

Mais que peuvent-ils demander d'autres ? Eh bien, le cahier de doléances du Tiers Etat du Labourd sera jugé le plus réactionnaire de toute la France. Il y est dit, je cite : " Par manière de contribuer aux impôts et de se régler entre eux pour l'administration intérieure de leurs communautés respectives, les habitants du Tiers Etat du Labourd demandent qu'on leur conserve leur constitution particulière, ils se trouvent assez bien de ce régime et ils craignent d'en changer.
Voyez que les revendications du Tiers Etat du Labourd ne vont pas très loin.

Et puis ensuite, ou plutôt quelques jours avant la rédaction du cahier de doléances, HASPARREN va encore plus loin. Le Conseil de la Communauté du 16 mars 1789 déclare qu'il ne serait nullement avantageux de se joindre pour l'administration, à la noblesse, car la noblesse ne penserait qu'à ses intérêts.

Le Clergé

Et pour le Clergé (je m'exprime pour les membres du Clergé qui sont là ce soir) le ton est encore plus sévère. "Le Clergé, y est-il dit, est en général "si égoïste et si dominant qu'il ne pensera jamais au bien public."

Et entre parenthèses, je voudrais ajouter que, à cette période avant la révolution pas immédiate mais même quelques années avant, les relations entre le Clergé et le Conseil Général de la commune en tous les cas étaient moins cordiaux qu'ils le sont actuellement. Il faut rappeler que le Curé et les Vicaires étaient payés par la commune et que donc les gens du Conseil Général se permettaient de les rappeler à l'ordre assez souvent et dans un langage qui n'était pas toujours très gentil.

Cela dit, j'en profite, parce que justement le Clergé est là et il faut qu'il soit quand même au courant. -Cela dit en toute amitié, bien entendu.-

Ce message ayant été adressé à qui de droit, l'année 1789 se passe dans le calme. L'abolition des privilèges ne provoque pas de réaction. Et encore en 1790 nous retrouvons le Conseil de la Communauté assez peu préoccupé des grands évènements nationaux mais se plaignant par contre à l'Assemblée Nationale d'évènements qui se sont passés quelques années avant, 5 années avant : par exemple, des vexations inouïes qu'elle a eu à subir de la part de Monsieur DENEVILLE qui exige aussi la reconstruction du clocher et qui, n'oubliant pas ses intérêts, surtout ça, demande que son marché ait lieu tous les huit jours et non tous les quinze jours.

L'année 1791 se passe assez calmement mais en Novembre ont lieu des élections et c'est là qu'apparaissent. les premières lézardes.

Jean BERHO élu maire ; Jean DAINCIART, BROUSSAIN, HARGUINDEGUY, MARINE du quartier La C6te, DOYHENARD, EGUIBEL, BIDASSOUET, LABI, élus conseillers municipaux, refusent de prêter serment et de siéger. Les anciens protestent mais sont obligés de rester en place.

Le premier signe de bon sens et de modération des élus se situe au moment du prêt du serment des prêtres. Comme l'a dit Madame GR0SJEAN le serment est déclaré nul, on fait son devoir, mais on permet à ces prêtres de continuer leur ministère.
Le début de l'année 1792

Le début de l'année 1792 voit les choses se compliquer encore :

une brigade de gendarmerie est installée à Hasparren, 6 douaniers la rejoignent et 6 autres douaniers arrivent à Urcuray.

Un Curé constitutionnel


Pour le Clergé, les choses vont mal également. L'Evêque de Bayonne pressentant les malheureux événements qui vont suivre, délègue ses pouvoirs et il nomme Martin Etcheverry, curé d'Hasparren, Vicaire Général. Il y a, à ce moment là 13 prêtres à Hasparren : le Curé, 3 vicaires dont l'un desservant la succursale d'Urcuray (c'est ainsi qu'on l'appelait) et 9 autres vivant pour la plupart chez eux.

Au mois de Novembre, fin novembre plus précisément, ils auront tous disparu ; non pas qu'ils sont morts, mais ils ont émigré pour la plupart en Navarre.

Un Curé "constitutionnel" nous vient d'Ustaritz. Il s'appelle Salvat DIBASSON.

Pour les religieuses, les choses ne vont pas mieux. Il y en a 18 à la maison de retraite (c'était une maison d' éducation pour les jeunes filles). Elles n'iront pas bien loin puisqu'elles se retrouveront par groupes de 3 ou 4 dans certaines maisons d'Hasparren dont "Alciéta" et "Prédonia".

Et, alors que les premiers signes de la guerre qui va bientôt éclater se font jour, "Komentu Zaharra" l'ancien couvent est occupé par une compagnie de soldats, très exactement ceux d'une compagnie du 18ème Dragon.

Le 9 décembre 1792, un nouveau Conseil Municipal est élu. Ils acceptent et il faut du courage à ces hommes pour accepter leurs charges car ils doivent prêter un serment qui peut être lourd de conséquence. Je cite : "Je jure de maintenir par tout mon pouvoir la liberté, l'égalité, la sûreté des personnes et des propriétés et de mourir s'il le faut pour l'exécution de la loi". Tel était le serment prêté par Pierre DIHACE médecin. élu maire, des officiers municipaux, des élus notables.

La convention et la terreur

Ce Conseil Municipal ne restera en place que moins d'une année. Les jours qui viennent seront terribles.
On approche du régime de la convention, de la terreur. C'est le moment où des Haspandards font étalage de leurs idées révolutionnaires. Il y en a à Hasparren comme ailleurs. L'un d'eux devient tristement célébre, il devient administrateur du district d'Ustaritz et son zèle s'exerce surtout par le fait qu'il met une application féroce à dépouiller les églises et tous les édifices religieux, à vendre les biens des prêtres réfractaires.

A Hasparren, on s'agite aussi. Les prêtres sont partis, l'église a été fermée. Alors on brûle sur la place de 1'Eglise le "dais", les "vêtements sacerdotaux" et les "statues en bois".

Le 7 mars 1793, la guerre est déclarée à l'Espagne et de ce fait, si j'ose m'exprimer ainsi, nous nous trouvons en première ligne.

C'est la formation des compagnies franches et on peut admirer le courage des élus qui décident, cela est inscrit ainsi, qui décident ce que vient de nous raconter tout à l'heure Madame Grosjean : l'envoi du contingent mais par tiers. On ne sait d'ailleurs pas si cette décision a été respectée ou pas mais toujours était-il déjà courageux de la prendre et de la rédiger sur le Registre de la Municipalité.

Arrive alors la période des "garnissels". Les garnissels, ce système exige que dans chaque maison d'où un déserteur s'est enfuit, deux soldats sont installés et seront nourris et logés jusqu'à son retour. Ces déserteurs, nous ne pouvons pas les dénombrer mais les registres municipaux possèdent des listes de ces maisons où sont installés les "garnissels". Pour tous ceux-là, les choses se passent le moins mal possible. Le Conseil Municipal en place essaie d'atténuer les conséquences de tous les décrets de la convention et de la terreur. Il distribue assez généreusement les certificats de civisme nécessaires à tous ceux qui se déplacent dans le pays ou qui doivent occuper quelque fonction officielle, attribuant à chacun de ces citoyens le mérite d'être dans les principes révolutionnaires eh très aidés patriotes. Ce qui n'est peut-être pas tout à fait vrai pour tous. Même les gendarmes ont besoin de ce certificat de civisme et preuve que même à ce moment très agité les élus tiennent à manifester une certaine autorité, s'ils accordent ce certificat de civisme au chef de brigade et à trois gendarmes, le quatrième le reçoit, lui, avec quelques réserves et un blâme, puisque les conseillers généraux comme on les appelait à l'époque jugent qu'il apporte trop de zèle à vouloir faire appliquer la loi.
A HASPARREN, on s'accorde donc comme l'on peut de ces moments difficiles, mais en cette période tout est surveillé, suspecté. Des Comités de surveillance sont établis. Celui de Bayonne se rend compte que, Hasparren, lieu calme comparativement à d'autres communes, est devenu le refuge de nombreux prêtres, celui des religieuses de l'Union Chrétienne de Bayonne. "MAILLAND", le député girondin réputé, mais acculé à la fuite, a choisi de venir à Hasparren pour, d'ici, passer, sans doute avec la complicité de quelques haspandards, en Espagne. Plusieurs commerçants de Bayonne sont venus habiter à Hasparren où ils espèrent vivre tranquilles.

Le conseil municipal   est arrêté

Donc ce Conseil de surveillance de Bayonne décide que trop c'est trop et le 3 novembre 1793 il se transporte à Hasparren encadré de nombreux gendarmes. Il y restera deux ou trois jours. Les comptes des frais de leur entretien attestent de leur présence. Que fait ce Comité de surveillance? Et bien, il fait un compte rendu que je vais vous lire :
"Considérant que la ville d'Hasparren contient dans son sein beaucoup d'aristocratie et de gens suspects de premier ordre, qu'ils ont discrédité le papier national, favorisé la contrebande et l'exportation dans l'Espagne des comestibles et denrées de première nécessité, qu'ils ont été par le fait dans un état de contre révolution et de désobéissance à la loi, que plusieurs de ces intrigants ont usurpé la confiance du peuple et se sont faits donner des places."
Le refuge de nombreux prêtre

Le Comité ordonne l 'arrestation de : DIHARCE maire ; SAIMBOIS, Martin COSTE, LARRALDE, BROUSSAIN, DOSPITAL officiers municipaux ; LOUCOUGAIN fils procureur de la commune ; LOUCOUGAIN père juge de paix; le notaire COURTELARRE et pour faire bonne mesure ils y ajoutent un douanier nommé WAMBERTI venu d'on ne sait où et qui sans doute ne fait pas preuve d'assez de zèle, ainsi que l'Abbé Pierre FAGALDE qui, quoique prêtre assermenté est jugé insuffisamment révolutionnaire. De fait, toutes ces personnes se retrouvent emprisonnées à Bayonne.

Dès le lendemain, le nouveau Conseil Municipal nommé (pas élu) est en place avec Jean Baptiste DETCHEGOYEN.

Madame Grosjean nous a dit qu'un mois plus tard ce conseil municipal demandait le retour des emprisonnés.

Il est vrai que sa tâche, en cette période, n'avait rien d'une sinécure, les ordres révolutionnaires arrivaient nombreux et il fallait les exécuter scrupuleusement et rapidement. Je vous en citerai quelques-uns :


En octobre 1793, il est dit qu'il faut arrêter toute personne qui ne se rend pas à son travail sans raison valable et il faut l'emprisonner pendant 3 jours.


En novembre, il faut surveiller les semaisons qui doivent se faire partout ; pour Eliçaberry c'est un certain "Larralde" de la maison "Plumagaini"' qui en est chargé. Il faut aussi recenser les grains maison par maison.


En décembre, c'est la mise sous séquestre des biens des émigrés et des déportés. Il faut aussi assurer les subsistances de l'armée et dans la journée, par exemple, il faut trouver 30 boeufs à livrer à 1 'Intendance Militaire.

Les révolutionnaires haspandards vont se faire remarquer

Même celui qui ne cultive pas son jardin doit être considéré comme suspect. Les Conseillers Municipaux se partagent la tâche, ils passent le plus clair de leur temps à sillonner la campagne et il est vrai qu'entre temps un agent national, représentant officiel de l'ordre révolutionnaire a été nommé. Son pouvoir est considérable. Il doit surveiller l'exécution des lois ainsi que la levée des impôts, il doit contrôler les autorités constituées dont le Conseil Municipal, stimuler le patriotisme révolutionnaire, menacer les mauvais citoyens des pires sanctions et susciter la délation contre les ennemis de la patrie. Autant dire que le Conseil Municipal réunissait le Damoclès sur sa tête.

A cette période particulièrement agitée les révolutionnaires haspandards vont se faire remarquer : ils vont détruire le mur du cimetière ; abattre les simulacres inventés par le fanatisme et profaner le cimetière dont une bonne partie sera défoncée et nivelée.

De cela, il n'en est nullement question bien entendu dans les délibérations du Conseil Municipal qui continue à s'occuper de ses tâches parmi lesquelles l'envoi de 24 hommes pour travailler au clan des Sans-Culotte à Urrugne.

En novembre de cette année 1794, les choses commencent à s'apaiser.

Les prisonniers haspandards sont relâchés après un an et dix jours d'incarcération.

Enfin, le 15 mars, comme nous le savons déjà, Dominique GARAT met en place une nouvelle municipalité et félicite Hasparren qui a su avoir des officiers municipaux plein de bon sens et de mesure.



Un changement de régime n'était pas souhaité

Ces derniers mots peuvent être à la base d'un synthèse rapide de ce qu'a été la Révolution à Hasparren. Rappelons nous qu'à Hasparren comme dans le Labourd en général, un changement de régime sur le plan de la province n'était pas tellement souhaité. La seule chose qui pouvait être admise, si elle était indispensable, était sa jonction avec la Basse Navarre et la Soule mais pas avec le Béarn. C'est ce qu'avait demandé le Conseil Municipal d'Hasparren et le Biltzar.

Même si ce voeu n'a pas été exaucé, nos ancêtres ont adhéré à la Révolution en son début, comme partout, mais sans grand enthousiasme cependant. Et ce manque d'enthousiasme s'est mû en une prudente réserve dès que les choses ont évolué dans le sens que l'on sait. Dès lors, le bon sens et la mesure des responsables municipaux paraissent avoir été particulièrement remarquables. Ils vont toujours s'efforcer d'être irréprochables dans l'application des décrets qui leur parviennent. Les documents municipaux en témoignent abondamment. Ils appliquent les mesures énoncées et célèbrent les fêtes imposées. - Quelques barriques de vin y perdront leur contenu !!! -

L' arbre de la liberté sera planté, l' hymne des Marseillais chanté, et le culte de la déesse raison célébré.

Le Conseil Municipal n'hésitera pas, même, à se réunir à 3 heures du matin pour régler des questions urgentes.

A côté de cela, nul enthousiasme comme dans certains villages du Labourd où maire et curé en tête ont adhéré complètement au régime révolutionnaire.

Petit signe, mais révélateur, si une vingtaine de communes du Labourd changent d'appellation, pas seulement celles dont le nom commence par St Pierre ou St Jean, mais d'autres comme Cambo, Ustaritz et Villefranque ; ce changement ne parait jamais avoir été même envisagé pour Hasparren.

Tous les historiens qui ont écrit l'histoire de la Révolution et ont cité Hasparren, décrivent notre cité comme étant restée toujours relativement calme.

Si aucun document local ne le signale, Hasparren est cité aussi, comme je l'ai déjà dit, comme étant l'endroit où les gens se sentant menacés (religieux ou autres) aimaient se retirer sachant que les autorités locales les laisseraient en paix.

A Hasparren, on délivrait aussi, semble-t-il, les certificats de civisme sans grande enquête préalable mais cependant en prenant les précautions les plus élémentaires. Cela ne veut pas dire qu'aucun Haspandard n'ait adhéré aux idées révolutionnaires mais nous n'en savons rien à travers les registres municipaux. Le peu que l'on peut découvrir est relaté par des historiens qui citent en particulier le dais et les habits sacerdotaux brûlés sur la place et la profanation du cimetière.

Tout ce qui précède a valu à Hasparren de traverser la tourmente révolutionnaire sans trop de désordre. Bien sûr, l'emprisonnement de onze de nos concitoyens pendant plus d'un an fût-il sans doute douloureusement ressenti par leurs familles d'abord, leurs amis ensuite, mais ce fut là l'événement le plus pénible de cette période.

Il faut dire aussi, pour être honnête, que la même chose s'est produite pour pas mal de communes du Pays Basque et d'ailleurs.

L' échafaud, cependant, n'a sans doute jamais été dressé sur la place d ' Hasparren et nul écrit à notre connaissance ne signale qu'aucun Haspandard eut été guillotiné.

Quand on sait que d'autre part les officiers municipaux ont tout fait, chaque fois qu'ils le pouvaient, pour atténuer au maximum les pénibles répercussions que pouvaient avoir la trop stricte application de certains décrets, on peut être sûr que finalement Hasparren a passé le moins mal possible cette triste période.

Cette chose a été possible, je le répète, grâce à la sagesse et à la modération de ceux qui, à cette époque, accusaient des charges dans notre petite cité.

Je vais terminer en vous précisant, quand même, que ma petite synthèse qui est aussi sans doute celle de toute la petite équipe qui travaille à découvrir le passé d'Hasparren, ne doit pas être totalement erronée car si je regarde ce calendrier chronologique de l'époque révolutionnaire que j'ai à côté de moi, j'y vois qu'à la date du 10 juin 1794 se situe la période appelée "La Grande Terreur" donc le mois culminant des désordres même s'ils devaient s' atténuer très rapidement.

Et bien, à quelques jours près, d'après la révélation que nous a faite, tout à l 'heure, Madame Grosjean, on peut penser qu'on ne vivait pas tellement mal à HASPARREN en général et à Eliçaberry en particulier où malgré les interdictions on jouait au jeu de pomme et on festoyait un dimanche, chose interdite, pour marquer la fête du quartier et de la Trinité.

Mesdames et Messieurs, les deux personnes qui m'ont précédé et moi-même souhaitons, je suppose, qu'à travers les petits exposés que nous vous avons faits, vous pouvez avoir une vision plus claire de ce qu'a été la période révolutionnaire au Labourd en général et à Hasparren en particulier.

Merci de votre écoute.



Procès-verbal

Procès-verbal établi par les révolutionnaires à l'encontre des habitants d'Elizaberri.Motif:Festoyaient et jouaient à la pelote un jour de travail(en l'occurance un Dimanche de la Trinité).
Au dos de ce procès-verbal figurent les noms des contrevenants

TEXTE: "Nous, Officiers Municipaux, sur la dénonciation à nous faite, qu' au mépris des avis que nous avons donnés, et malgré la grande nécessité des ouvriers, que par un reste de fanatisme ou par libertinage, il y avait un attroupement dans la section de la Chapelle ci-devant dite Trinité. Nous nous y sommes transportés et arrivant à la place, nous avons vu beaucoup de monde et des joueurs de pomme, qui, à notre aspect et des gendarmes qui nous accompagnaient ont tous pris la fuite et nous n'avons pu atteindre personne quoique nous leur ayons ordonné au nom de la loi de s 'arrêter, et nous nous sommes de suite transportés dans la maison d ' Adamé Etchégaray, cabaretier de la dite section, où nous avons trouvé beaucoup de monde à manger et à boire, dont nous avons tenu note et nous avons fait traduire dans nos prisons le dit Etchégaray comme le plus coupable et auteur de cet attroupement et avons tenu. le présent verbal, pour être communiqué au Directoire du District et être statué après son avis ce que de droit.
"Fait à Hasparren, le 27 prairial, l'An II de la République Française une et indivisible".

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Nul enthousiasme

L' arbre de la liberté sera planté, l' hymne des Marseillais chanté, et le culte de la déesse raison célébré.

Le Conseil Municipal n'hésitera pas, même, à se réunir à 3 heures du matin pour régler des questions urgentes.

A côté de cela, nul enthousiasme comme dans certains villages du Labourd où maire et curé en tête ont adhéré complètement au régime révolutionnaire.

Petit signe, mais révélateur, si une vingtaine de communes du Labourd changent d'appellation, pas seulement celles dont le nom commence par St Pierre ou St Jean, mais d'autres comme Cambo, Ustaritz et Villefranque ; ce changement ne parait jamais avoir été même envisagé pour Hasparren.

Tous les historiens qui ont écrit l'histoire de la Révolution et ont cité Hasparren, décrivent notre cité comme étant restée toujours relativement calme.

Si aucun document local ne le signale, Hasparren est cité aussi, comme je l'ai déjà dit, comme étant l'endroit où les gens se sentant menacés (religieux ou autres) aimaient se retirer sachant que les autorités locales les laisseraient en paix.

A Hasparren, on délivrait aussi, semble-t-il, les certificats de civisme sans grande enquête préalable mais cependant en prenant les précautions les plus élémentaires. Cela ne veut pas dire qu'aucun Haspandard n'ait adhéré aux idées révolutionnaires mais nous n'en savons rien à travers les registres municipaux. Le peu que l'on peut découvrir est relaté par des historiens qui citent en particulier le dais et les habits sacerdotaux brûlés sur la place et la profanation du cimetière.

Tout ce qui précède a valu à Hasparren de traverser la tourmente révolutionnaire sans trop de désordre. Bien sûr, l'emprisonnement de onze de nos concitoyens pendant plus d'un an fût-il sans doute douloureusement ressenti par leurs familles d'abord, leurs amis ensuite, mais ce fut là l'événement le plus pénible de cette période.

Il faut dire aussi, pour être honnête, que la même chose s'est produite pour pas mal de communes du Pays Basque et d'ailleurs.

L' échafaud, cependant, n'a sans doute jamais été dressé sur la place d ' Hasparren et nul écrit à notre connaissance ne signale qu'aucun Haspandard eut été guillotiné.

Quand on sait que d'autre part les officiers municipaux ont tout fait, chaque fois qu'ils le pouvaient, pour atténuer au maximum les pénibles répercussions que pouvaient avoir la trop stricte application de certains décrets, on peut être sûr que finalement Hasparren a passé le moins mal possible cette triste période.

Cette chose a été possible, je le répète, grâce à la sagesse et à la modération de ceux qui, à cette époque, accusaient des charges dans notre petite cité.

Je vais terminer en vous précisant, quand même, que ma petite synthèse qui est aussi sans doute celle de toute la petite équipe qui travaille à découvrir le passé d'Hasparren, ne doit pas être totalement erronée car si je regarde ce calendrier chronologique de l'époque révolutionnaire que j'ai à côté de moi, j'y vois qu'à la date du 10 juin 1794 se situe la période appelée "La Grande Terreur" donc le mois culminant des désordres même s'ils devaient s' atténuer très rapidement.

Et bien, à quelques jours près, d'après la révélation que nous a faite, tout à l 'heure, Madame Grosjean, on peut penser qu'on ne vivait pas tellement mal à HASPARREN en général et à Eliçaberry en particulier où malgré les interdictions on jouait au jeu de pomme et on festoyait un dimanche, chose interdite, pour marquer la fête du quartier et de la Trinité.

Mesdames et Messieurs, les deux personnes qui m'ont précédé et moi-même souhaitons, je suppose, qu'à travers les petits exposés que nous vous avons faits, vous pouvez avoir une vision plus claire de ce qu'a été la période révolutionnaire au Labourd en général et à Hasparren en particulier.





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Procès-verbal

Procès-verbal établi par les révolutionnaires à l'encontre des habitants d'Elizaberri.Motif:Festoyaient et jouaient à la pelote un jour de travail(en l'occurance un Dimanche de la Trinité).
Au dos de ce procès-verbal figurent les noms des contrevenants

TEXTE: "Nous, Officiers Municipaux, sur la dénonciation à nous faite, qu' au mépris des avis que nous avons donnés, et malgré la grande nécessité des ouvriers, que par un reste de fanatisme ou par libertinage, il y avait un attroupement dans la section de la Chapelle ci-devant dite Trinité. Nous nous y sommes transportés et arrivant à la place, nous avons vu beaucoup de monde et des joueurs de pomme, qui, à notre aspect et des gendarmes qui nous accompagnaient ont tous pris la fuite et nous n'avons pu atteindre personne quoique nous leur ayons ordonné au nom de la loi de s 'arrêter, et nous nous sommes de suite transportés dans la maison d ' Adamé Etchégaray, cabaretier de la dite section, où nous avons trouvé beaucoup de monde à manger et à boire, dont nous avons tenu note et nous avons fait traduire dans nos prisons le dit Etchégaray comme le plus coupable et auteur de cet attroupement et avons tenu. le présent verbal, pour être communiqué au Directoire du District et être statué après son avis ce que de droit.
"Fait à Hasparren, le 27 prairial, l'An II de la République Française une et indivisible".

Révolution 1789 Pierre Ipuy