Blason des armes communales de Hasparren :

" D'azur à une croix ancrée d'or chargée en abîme d'un cœur de gueules "

L'écu est accosté de deux guirlandes de feuilles de chêne pour rappeler le chêne qui figurait chez les Missionnaires.


ORIGINE DES ARMES COMMUNALES DE HASPARREN

A Hasparren, les Missionnaires inspiraient beaucoup de respect et autant de crainte, les deux vont souvent de pair. On a vu qu'ils avaient totalement pris en charge, avec des moyens importants, l'éducation de la jeunesse, filles et garçons ; leur implication dans la vie temporelle de la cité est très importante, souvent de façon excessive. La grande qualité de l'enseignement dispensé leur conférera une grande notoriété dans tout le Pays Basque qu'il soit du nord ou du sud.



Hasparren et les Missionnaires étaient indissociables. D'ailleurs, dans une ordonnance de 1895 de Mgr. Jauffret, évêque de Bayonne, le père Jaret est désigné " Missionnaire du Sacré Cœur d'Hasparren " ; on assimile très normalement Sacré Cœur et Hasparren. En 1933, lors de la bénédiction de la nouvelle chapelle du Sacré Cœur, le père supérieur Lopez de la Vega, rend hommage à la générosité de la paroisse d'Hasparren, en ces termes " … se rendant digne du beau titre qui sera le sien désormais, celui de cité basque du Sacré Cœur, gardienne de son sanctuaire ". Beaucoup d'Haspandars se souviennent encore de l'image du Sacré Cœur surmonté d'une croix, arborée sur de très nombreux linteaux de maisons ( il y avait aussi une confrérie laïque du Sacré Cœur de Jésus) ; le Cœur et la Croix étaient omniprésents dans l'environnement quotidien de la paroisse .
C'est naturellement, et sans doute très progressivement, que Hasparren portera une croix et un cœur dans ses armes communales, même si la croix latine est devenue grecque par commodité héraldique. Des armes communales entièrement dérivées de celles des Missionnaires. Il est d'ailleurs significatif que, au XX° siècle, dans les archives municipales d'une commune de cette importance, aucune délibération ne fasse mention de l'adoption éventuelle d'armes communales.

Les armes d'Hasparren, n'apparaissent qu'en 1931 ; elles sont citées par Jacques Meurgey dans " Les Blasons des Provinces et des Villes Basques ".


Armorial des Communes du Pays Basque

Blason des armes des Missionnaires :
" Parti d'azur et de gueules et une croix latine ancrée d'argent chargée en abîme d'un cœur enflammé de gueules, brochante sur la partition "

La croix est le principal emblème chrétien ; elle résume à elle seule la passion, la mort du Christ fait homme, le Christ Sauveur de l'Humanité, la Résurrection et la vie éternelle. Le cœur rappelle bien sur le " Sacré Cœur de Jésus ", c'est sous ce vocable qu'est fondé le corps des Missionnaires. Dans la tradition chrétienne, le coeur est le centre de la vie spirituelle humaine, il est l'être intérieur. Quand le " cœur " est celui de Jésus, on peut penser qu'il évoque la condition humaine du Fils de Dieu, dans sa vie, dans sa souffrance et dans sa mort. La flamme qui surmonte le cœur est la manifestation de l'Esprit divin qui descend sur l'homme, tel qu'il se manifeste à la Pentecôte.

Au début du XIX° siècle, l'anticléricalisme prôné par les élites révolutionnaires de 1789 est toujours vivace ; s'y ajoutent les vives tensions qui surgissent entre Pie VII et Napoléon après le Concordat de 1801. Dans toute l'Europe, l'Église est politiquement affaiblie et son pouvoir spirituel est très contesté ; le Pays Basque n'échappait pas à ce constat. C'est dans ce difficile contexte que l'Église de France lance un vaste programme de missions intérieures, ayant pour objectifs de restaurer son autorité spirituelle, susciter de nouvelles vocations, raviver la foi et la pratique religieuse.

En Pays Basque, Mgr.d'Astros, décide en 1821, la création d'un " corps de Missionnaires sous le patronage du Sacré Cœur de Jésus ". Après Bayonne et Larressore, les Missionnaires s'installent définitivement à Hasparren en 1826. Ils ont pour mission de réveiller les consciences ; ils se rendront dans les villages les plus reculés, animant retraites religieuses et catéchèses et secondant le clergé séculier lors des fêtes liturgiques. Les membres de cette congrégation prononçaient tous les ans les vœux de pauvreté et d'obéissance ; cette procédure fut abolie en 1840 par Mgr. Lacroix.

L'activité des Missionnaires cessera officiellement en 1975, mais elle avait déjà fortement décrue dans les années 60. Entre 1826 et 1970, une centaine de religieux officieront chez les Missionnaires ; ces périodes étaient variables dans la durée; après quelques années, les prédicateurs retrouvaient une cure ou un poste d'enseignant. A ses débuts, le corps d'ecclésiastiques devait posséder un effectif permanent d'une douzaine de membres.

La révolution de 1830 dispersera les religieux ; la congrégation se reconstitua en 1833. Quelques-uns de leurs membres fonderont l'abbaye Notre Dame du Sacré Cœur de Belloc en 1875.


LES FRÈRES DES ÉCOLES CHRÉTIENNES

"Les Frères des Ecoles Chrétiennes" était une institution laïque, fondée en 1681 par JB. de la Salle, qui pourrait être originaire de la Salle de Sibas en Soule. En 1841, trois Frères tiennent d'abord une école primaire et logent à Pikassaria. Mais il semble que l'année suivante, un collège avec pensionnat est construit; ce sera l'actuel collège Saint Joseph. Saint Joseph était le saint patron des Frères des Ecoles Chrétiennes et c'est naturellement sous ce vocable qu'ils nommeront leur établissement.
Le terrain du collège avait été acheté par l'abbé Garat à Mlle Dominica Harispe. Les Frères enseigneront à Saint Joseph jusqu'en 1911. Les FEC portaient initialement un sceau sur lequel figuraient " Saint Joseph portant une fleur de lys (symbole marial) et l'enfant Jésus " ; depuis 1751, ils arboraient des armes.

Blason des armes des Frères des Ecoles Chrétiennes :

" D'azur à une étoile rayonnante d'argent ".

Légende : Signum Fidei

LES FILLES DE LA CROIX SŒURS DE SAINT ANDRÉ

Les Filles de la Croix, apparaissent à Hasparren vers 1832, vite après les Missionnaires. Elles s'installent à " Hodienea ", face à Landaburua, après que l'abbé Garat ait acquis ce bien en 1834. Hodienea appartenait à la famille Hody ; plusieurs membres de cette famille occupaient des postes d'officiers du bailliage avant la Révolution et un Hody était médecin à Hasparren vers 1700, peut-être habitait-il à Hoditea, maison toujours existante à Elizaberry.

Cette congrégation est fondée en 1829, par la poitevine Elisabeth Bichier des Ages, avec une maison de noviciat à Ustaritz. Les Filles de la Croix animeront une école pour jeunes filles avec pensionnat à Hodienea ; elles ouvriront aussi deux écoles de quartiers : l'une à Elizaberry en 1862 près de la chapelle de la Sainte Trinité, l'autre à Celhay en 1869.

Sceau qu'arboraient les Filles de la Croix en 1829


" Sceau ovale, une croix latine sur un Calvaire de pierres accostée à gauche de deux cœurs enflammés, l'un surmonté d'une croisette et à droite, d'un Saint André barbu de face, portant une croix en X sur son épaule gauche ; devise CONGREGATION DES FILLES DE LA CROIX SŒURS DE SAINT ANDRE"
Dans un sceau on décrit souvent les meubles de façon héraldique, mais, à la différence de l'armoirie, les côtés droit et gauche sont ceux de l'observateur et se nomment droite (au lieu de senestre) et gauche (au lieu de dextre).
La croix latine sur le calvaire est pour le sacrifice du Christ Sauveur. Le cœur enflammé surmonté d'une croisette rappelle Jésus ; l'autre est pour Marie. On sait que Saint André fut crucifié sur une croix en X.

Blason des armes familiales de Jeanne-Elisabeth Bichier des Ages, fondatrice des Filles de la Croix.

" De sinople à une biche passante d'argent "

Il s'agit d'armes parlantes (" biche " pour Bichier)

- LES SERVANTES DE MARIE-

Cette congrégation est fondée à Anglet par l'abbé Louis Edouard Cestac (1801-1868), bayonnais et chanoine titulaire à la cathédrale, sans doute vers 1840. Les Servantes de Marie possédaient vingt et une maisons dans tout le Pays Basque dont une au collège d'Hasparren. Actuellement, les Servantes de Marie sont rattachées aux Bernardines.
" Sceau rond, un cœur enflammé et croisé accosté de deux rameaux ; devise RELIGION en chef, ET FOI en pointe "
On constate qu'en 1842, le symbole principal des Servantes de Marie est aussi un " cœur croisé et enflammé ".

Sceau actuel des Servantes de Marie

" Sceau ovale, une Vierge de face voilée, couronnée portant sur son bras gauche l'enfant Jésus couronné, tenant de son bras gauche tendu vers le bas un bras de justice ; devise SERVANTES DE MARIE en chef ANGLET en pointe surmonté de N.D. DU REFUGE "

AUTRES INSTITUTIONS

L'abbé Daguerre (1701-1785), natif de Larressore, fondateur d'un important collège à Larressore qui deviendra Petit Séminaire en 1820, envisageait depuis longtemps de créer un établissement à Hasparren ; l'occasion tant attendue se produit en 1738. Il achète un terrain à Laurent Diharce en haut de la rue Montante et fonde une " maison de retraite " qui se dénommera " Komentu Zaharra " ; cette maison appartient actuellement à la famille Espil, on y accédait par un porche caractéristique.
Cette " maison de retraite spirituelle " était destinée à l'instruction de jeunes femmes, désireuses de rentrer dans les Ordres, on peut l'assimiler à un noviciat.

LA MAISON DE RETRAITE KOMENTU ZAHARRA

La première supérieure fut Dominica Etcheverry (1706-1747), native d'Urrugne, c'est là qu'elle rencontre l'abbé Daguerre en mission évangélique dans le village, qui s'ouvre de ses projets de Maison de Retraite. Cette rencontre, fut pour Dominica le tournant de sa vie, l'ouverture à la spiritualité, elle avait 26 ans. Après un passage en pensionnat chez les religieuses de la Visitation à Bayonne, Dominica Etcheverry mène une existence insouciante, s'adonne avec indolence aux plaisirs de la vie. Puis survint la perte de ses parents, Dominica en fut très affectée. Elle retourne à Urrugne et la rencontre de l'abbé Daguerre en 1732 sera pour elle salvatrice ; elle retrouve son équilibre dans la foi et consacrera désormais sa vie à Dieu et à son prochain.
Cet établissement de " Retraite Spirituelle " était destiné aux femmes recherchant les valeurs chrétiennes, le don de soi, à travers la réflexion et la méditation. Les sœurs accueillaient et accompagnaient dans leur démarche pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines, des veuves ou même des femmes mariées souhaitant assurer leur salut par la prière ou le don de soi. Parallèlement, un pensionnat assurait gratuitement l'instruction des jeunes filles pauvres, susceptibles de rejoindre les congrégations religieuses ou les abbayes, mais qui ne possédaient pas une dot conséquente.
Les règles communes de vie de ces pensionnaires étaient proches de celles observées à l'époque par les ordres monastiques : elles vivaient et travaillaient dans des pièces communes, toujours sous la surveillance des sœurs ; elles ne pouvaient aller au parloir sans être accompagnées et ne pouvaient y recevoir aucun homme, excepté les parents jusqu'au 2° degré (père, grand père et frères). Les sœurs n'étaient pas des religieuses, mais vivaient monacalement, selon les préceptes des Visitandines, ordre fondé par Saint François de Sales en 1610. Quoiqu'en étant dispensées, elles avaient fait vœu de chasteté et d'obéissance ; elles étaient vêtues de noir et en 1743, l'évêque de Bayonne Mgr. de Beaumont, les autorise à porter le voile de la Visitation.

La Maison de Retraite(suite)

La Maison de Retraite, possédait une chapelle dédiée à la Vierge Marie, et au Sacré Cœur de Jésus.
Le premier aumônier fut Gratien Diharce, frère de Laurent et collaborateur de l'abbé Daguerre. Les premières collaboratrices de la supérieure furent au nombre de quatre : Mlle Marie de Lalande Beriotz de la maison noble d'Ustaritz, Jeanne Cazaubon héritière de la maison du même nom à Arbonne et de Cugarette à Saint Pée et qui succèdera à la supérieure à son décès, Marie de Lamothe de la maison Lahet, Marie Françoise d'Olhabide d'Ainhoa fille du syndic général de Labourd.
Dominica Etcheverry, était une personne atypique. D'une très grande piété, sa conduite fut celle d'une sainte au service de son prochain. Elle souffrait de se voir soumise aux nécessités de la vie : manger et dormir lui apparaissaient des actes inutiles. Elle s'imposait une vie austère faite de privations et il fallait tout le charisme de l'abbé Daguerre, pour la ramener à plus de raison. Elle entretenait le culte de la souffrance, voulait mourir en martyre et rêvait d'être crucifiée. Elle s'ouvre de cet intense mysticisme dans chacune de ses lettres, échangées régulièrement avec son directeur spirituel l'abbé Daguerre.
Dominica Etcheverry s'éteint le 22 octobre 1747, elle avait 41 ans ; elle fut inhumée dans la chapelle de l'institut, on a vu que Jeanne Cazaubon la remplacera à la supériorité.
La Maison de Retraite fut florissante jusqu'à la Révolution ; en 1789 les sœurs furent dispersées après une activité d'une cinquantaine d'années.

Pour être complets avec les Congrégations présentes à Hasparren, rappelons que les Augustines de Notre Dame de Consolation, institution hospitalière, ont professé à la clinique de Hasparren dès son ouverture en 1952.

Armoiries d'Hasparren