L'Eglise Saint Jean Baptiste d'Hasparren

(L' Eglise d'Hasparren par Mr l'Abbé Joseph Zabalo)
1879 : LA PREMIERE PIERRE
L'Evêque d'alors est Mgr Arthur-Xavier Ducellier, un Normand. Il restera dix ans à la tète du diocèse de Bayonne, qu'il quittera en 1887 pour l'Archevêché de Besançon. Il a la réputation d'un excel­lent administrateur et d'un fin lettré, mais on a le sentiment que ce sont ses vicaires généraux : Fulgence Franchistéguy {un Haspan-dar) puis Emmanuel Inchauspé, qui gouvernent en réalité le dio­cèse. Lui est apparemment plus préoccupé par la réforme scolaire que vient de mettre au point Jules Ferry.
En 1879, le 13 février, un jeudi, Mgr Ducellier a procédé à la pose de la première pierre de la nouvelle église de Hasparren. Il est notre hôte depuis la veille. Le matin de ce jeudi, il a confirmé plus de trois cents enfants dans le baraquement en planches qui sert de lieu de culte pour la durée des travaux. Ce baraquement a été cons­truit au bout de la rue de la Mairie, dans une prairie attenant à la maison Sembosenea qu'on appellera plus tard la maison Dibildos. Nombre de nos compatriotes se souviennent d'avoir entendu des anciens évoquer qui leur commun ion solennelle, qui leur confirma­tion reçue dans cette église provisoire. C'est a la même époque que l'entrepreneur St-Martin Harotchéna réemploya dans une mai­son donnant sur le foirail l'encadrement de la porte principale de l'édifice en partie démoli. On a gratté, il y a peu d'années, le crépi qui le masquait, et il encadre de façon pittoresque le jour qui donne sur l'escalier d'accès aux étages. Ni le matériau, ni les motifs d'ornementation ne sont de très haute qualité esthétique, mais c'est un vestige intéressant de l'ancienne église. Curieuse­ment la maison porte le nom d'Elizalekhua. Nous ne savons pas si c'est pour d'autres raisons que cette porte.
Pour en revenir au 13 février 1879, c'est l'après-midi, sous une tente dressée sur la place, que Son Excellence présida la cérémo­nie.
Pierre Haristoy relève dans les " Recherches historiques sur le Pays Basque ", les inscriptions latine et basque (le français était proscrit de l'église de Hasparren, et il le sera encore longtemps) portées par la pierre, et on les trouve aussi bien, manuscrites, sur le registre du Conseil de Fabrique.

1879 • 1883

Les travaux vont durer quatre ans. Ils seront beaucoup plus coûteux que les précédents : 307948F, des francs déjà moins lourds : la crise de 1873 est passée par là. Les deux tiers de cette considérable dépense seront couverts par les souscriptions des fidèles. La municipalité fournira 30000F grâce à un emprunt qui sera couvert par des centimes additionnels. Le Ministère de l'Ins­truction Publique et des Cultes donnera 25 000F. La Fabrique rece­vra quelques legs importants, ainsi celui de Jean Etchevers : 10000F. Elle finira, après combien de démarches ! par obtenir le droit que soient affectés à cette reconstruction les biens prove­nant de la succession de l'anoien curé, M. Lissardy, en particulier deux maisons sises l'une à Ciboure et l'autre à St-Jean-de-Luz. Ces ventes rapporteront à la Fabrique environ 30000F.
Nous avons les plans magnifiques de l'architecte Emile Doyère. Ils sont eux-mêmes des œuvres d'art. A les comparer avec l'édifice, nous nous rendons compte que certains projets de l'architecte n'ont pas été réalisés. On a rogné sur les dépenses. Doyère sculptait les tympans des portes de la façade ; il donnait un mur de ronde au terre-plein qui donne accès à la crypte qu'il flan­quait de deux chapelles latérales et non pas d'une seulement ; il élevait des escaliers extérieurs pour conduire aux galeries ; les fenêtres, sur les côtés, étaient de plus grandes dimensions et éclairaient donc davantage l'église ; il construisait sur toute la lon­gueur de la nef, du côté Sud, en face des halles de l'époque, un large porche dont il définissait ainsi la nécessité : " Au Pays Bas­que, en général, les habitations ne sont pas groupées, mais parse­mées à la campagne, et souvent à de très grandes distances (que les montagnes allongent encore) du bourg, et, par suite, de l'église. Les paysans passent donc au bourg l'intervalle des offices, et, en cas de mauvais temps, s'abritent aux porches qui ont besoin d'être très vastes. Aussi le sont-ils en général dans les églises basques, et, dans certaines d'entre elles même, ils entourent complètement l'église, formant ainsi un vaste promenoir couvert ". Si on l'avait exactement suivi, l'église aurait un aspect encore plus imposant, mais on comprend que la Fabrique ait eu sbuci de réaliser quel­ques économies quand on songe que les factures dépassèrent les devis de 50000F. 50000F, (ceci peut nous donner une idée de l'importance de la somme) c'était le montant du budget communal. Autre titre de comparaison : Mauléon se mettait à la même époque en devoir de se doter d'une nouvelle église. Le devis estimatif se monte à 154000F.

Le Curé d'Hasparren : Jean Baptiste Londaitsbehere

CONSECRATION DE L'EGLISE
Bénite le 4 février 1883, l'église de Hasparren ne fut consacrée que le 24 janvier 1886, et, à cette occasion, enrichie d'indulgences : quarante jours pendant un an et un jour pour chaque visiteur. L'abbé Londaitsbéhère n'assistait pas à cette cérémonie. Une paralysie générale l'avait emporté en février 1884 ; il n'avait pas encore cinquante ans. L'abbé Garcia lui succédait. C'est lui qui accueillit Mgr Ducellier pour la consécration solennelle du maître-autel et de l'église.
De 1883 à 1886 tenait donc lieu de maître-autel ce rétable que le chanoine Idiéder fit installer avec soin et avec goût dans la crypte dès les premiers temps de son arrivée. Nous avons du mal à croire que c'est là cet "autel richement orné" dont parle J.-L. Lacour, qu'il présidait à ce sanctuaire qui " faisait l'orgueil des Haspandars " au témoignage des chanoines de la cathédrale. Pro­bablement du 17e, il est incontestablement de très bonne qualité, mais ses dimensions sont modestes. Tout porte à croire pourtant qu'il remplit les fonctions de maître-autel intérimaire entre 1883 et 1886. Nous l'avons vu longtemps au fond du bras droit du transept, sous le grand et beau vitrail qui représente la Crucifixion. On atta­chait à cet autel le nom de Saint Jean-Baptiste.
La fête du 24 janvier fut singulièrement brillante, et elle finit par un joyeux " pasa calle " nocturne dans la cité illuminée. La der­nière festivité du genre remonte au 1er juillet 1935. Beaucoup de Haspandars se rappellent le triomphe fait ce soir-là à Mgr Houbaut. Que les temps sont changés depuis ces jours anciens !...
A cette date mémorable de 1886, rien ne pouvait arrêter la liesse populaire et religieuse de Hasparren. Pas même un deuil... Le matin, tout au début des cérémonies, alors que le cortège sor­tait de l'église pour aller chercher dans lachapelle des Missionnai­res les reliques des saints martyrs Eutrope et Sidoine qui devaient être introduites dans la pierre de l'autel majeur nouvellement mis en place, le maître des cérémonies de la cathédrale, le chanoine Salefranque s'écroula, à la hauteur du bénitier, emporté par une attaque d'apoplexie foudroyante. Il était arrivé l'avant-veille à Has­parren pour préparer ces somptueuses cérémonies.
Ce maître-autel que l'on consacrait est encore dans toutes les mémoires des Haspandars qui ne sont plus extrêmement jeunes. On l'avait conçu comme une réduction de l'ensemble de l'édifice. Il ne correspondait plus, en 1964, ni au goût ni aux canons du jourx

L'Eglise Saint Jean baptiste en 2009

Église Saint-Jean-Baptiste
L'église paroissiale d'Hasparren dédiée à saint Jean Baptiste, édifiée vers le XVIe siècle, possède dans les soubassements du maître-autel une inscription romaine marquant l'importance de la cité durant l'Antiquité.
En 1661, l'édifice trop petit ne peut accueillir les fidèles de plus en plus nombreux. Des remaniements sont donc entrepris afin d'agrandir l'église. De multiples rénovations et constructions ont lieu au cours du XIXe siècle. Celles-ci débutent en 1835 avec la reconstruction du choeur, de l'abside et l'ajout de chapelles. Les travaux sont exécutés par l'architecte J.B. Perini. Des tribunes en bois, caractéristiques de l'architecture basque, sont réalisées entre 1858 et 1859 par Charles Besoin. En mauvais état, l'édifice nécessite une reconstruction totale. Le projet proposé par l'architecte Émile Doyère en 1877 est mis en oeuvre deux ans plus tard par l'entrepreneur Saint-Martin Harotchena et s'achève en 1879. Le nouvel édifice est consacré par
Monseigneur Ducellier en 1886.
L'église Saint-Jean-Baptiste d'Hasparren conserve aujourd'hui les décors intérieurs réalisés à la suite de la reconstruction du XIXe
siècle. Des verrières de Charles-François Champigneulle exécutées en 1882 ainsi qu'un décor peint sur la voûte de l'abside, oeuvre de Daniel Saubès, élève de Léon Bonnat, datée de 1895. De nos jours, l'édifice est l'un des plus spacieux du Pays Basque.

L'église Saint-Jean-Baptiste est dotée de deux étages de galeries sculptées dans le bois.
Au Pays Basque, l'intérieur des églises est équipé d'un ou plusieurs étages de galeries surplombant la nef et traditionnellement
réservées aux hommes durant les messes, les femmes et les enfants prenant place au rez-de-chaussée.
Si l'église Saint-Jean-Baptiste date du XVIe siècle, elle est toutefois grandement remaniée au cours du XIXe siècle. Ses actuelles

galeries sont donc réalisées entre 1858 et 1859 par l'architecte Charles Besoin qui travaille alors en même temps à l'agrandissement
de l'église Saint-Jacques-le-Majeur de Bergouey-Viellenave.
Particulièrement vaste, l'église Saint-Jean-Baptiste peut accueillir jusqu'à mille huit cents fidèles.

Eglise Saint Jean Baptiste