Révolution 2
Contribution mobiliaire établie le 23 octobre 1793
La matrice du rôle établi pour la contribution mobiliaire durant la Révolution concerne 622 familles. Elle permet à travers les déclarations de revenus qu'elle révèle, d'établir la liste des familles qui possédaient le plus de biens à cette époque.
Pierre Daguerre "Alzuyeta"( rue de l'Ursuya) négociant 1220 livres
Martin Bidegaray "L'Indien" 918
Jean Hirigoyen Eyhartzia 745
Jean Larramendy Ibassun 720
Berho et Deyheralde Chapitalia 666
Jeanne Lissarrague Idoyeta 591
Choribit et Deyheralde Elhuyaria 576
Jean Pierre Daguerre Aguerria 540
Larregain Ustubilia 540
Martin Garat Pikasaria 516
Paul Larregain Barbatea 504
Mendi et Diharce Bidassoueta 504
Jean lahirigoyen Hegia 484
Jean Elhuyar prêtre 480
Pierre Fagalde médecin 477
Louis Jaureguiçahar Baratçartia 456
Detchegoyen et Labiaguerre Labia 432
Dibildots et Larronde Arcemisgaraya 420
Michel cassain Hiriberria 420
Isabelle Hiriart Zaliondoa 408
Bernard Duhagon Hoditea 408
Marie Goyenetche Goringotea 400
Jean Lorda Sautenia 400
Broussain Ospitalia 400
Jacques Harregui Kurucheta 381
Laurent Harambillet Bassaluhartia 378
Pierre Garat Predoenia 360
Isabelle Harriague Aguerria 340
Doyarçabalet Etcheverry Comateia 342
Martin Harriet Hariaga 324
Salvat Broussain Etchenika 324
Marie Hirigoyen Gamoya 312
Dominique Villeneuve Munoa 306
Pierre Saint Bois médecin 300
Bernard Hardoy Zubiburua 300
Bernard Fagalde 300
Pierre Lahirigoyen Etchebeheria 288
Marie Garat Vve Fagalde 279
Laurent Garat Beroueta 276
Dominique Detcheverry Uhaldia 276
Garat Deyheralde Lorda 265
Jeanne Marie Dupuy Barandey Etcheberria 265
Broussain et Garat Domingo-Eyhera 264
Dominique Doyabere Pitrestey 264
Jean Baptiste Etchegoyen Eyheraberria 242
Bernard Fourcade Ibarburua (place) 240
Damestoy et Larramendy Larraldia 240
Martin Broussain Archandea 240
Arnaud Oxarango Uhartegaistoa 234
Iriberonde et Ississary Arbeletchia 232
Elhuyar et Cassain Larzabalia 230
Etchegoyen Etcheberria 230
Catherine Etchegaray Harispia 228
Jean Solet Hiriartia 228
Catherine Labarrere Berondochipia 228
Jeanne Cazalar Salamondea 222
Martin Dibildots Chimaleta 219
Jean Cassain Olhasogaraya 219
Pierre Larregain Matalas 216
Pierre De Hodi Hoditea 216
Jean Harregui Etchartea 216
Etchart et Etchegaray Ardachtea 210
Jeanne Dibildots Kurutzaldia 210
Jean d'Etchegaray Pellen 210
Marie Deyheralde Salbadorenia ou Haranederria 207
Martin Samacoits Bidassouetbeheria 204
Pierre Anderetey Bassalurtea 204
Dominica Saint Bois 200
Pierre Diharce médecin 200
Guillaume Fagalde Lambertenia 200
L'évaluation des biens fonds des 552 familles qui ne figurent pas sur cette liste varient de 6 livres à 190 livres.
Contribution patriotique
Bien que la contribution patriotique ait été votée dans l'enthousiasme le 27 septembre 1789 les premiers versements enregistrés à Hasparren datent du 10 mars 1790. Le décret dont il est question précisait : il sera demandé à tous les habitants et à toutes les communautés du Royaume une contribution extraordinaire et patriotique qui n'aura lieu qu'une fois et sur laquelle on ne pourra jamais revenir.Cette contribution devant être égale et proportionnée est fixée par l'Assemblée au quart du revenu dont chacun jouit, déduction faite des charges foncières et des impositions. On aurait pu ne jamais rien savoir de la participation de Hasparren à cette contribution, puisque le registre ouvert à cet effet, avait disparu des archives communales, tout comme celui qui contenait les textes des délibérations municipales de la période révolutionnaire du 1er mars 1790 au 25 ventose de l'an III de la République. C'est par le plus pur des hasards que ces deux registres, échoués on ne sait comment à Raincy dans la région parisienne, chez un antiquaire nommé Midol furent récupérés par le docteur Jean Lissar, alors conseiller municipal. Il les acheta pour cinquante francs et les offrit immédiatement à la commune, afin qu'ils rejoignent les archives qu'ils n'auraient jamais du quitter.
Le registre concernant la contribution patriotique révèle qu'il a été ouvert le 10 mars 1790 pour être clos le 31 mai 1791. Le nombre total des inscrits n'est que de 142. Toutes les inscriptions sont écrites de la main du greffier Loucougain. Elles comportent dans les meilleurs cas, les nom prénom domicile et profession des inscrits, en plus de la formule obligatoire prescrite par le décret. Ceux qui savent écrire signent de leur nom (68), le greffier signe pour ceux qui ne peuvent le faire "pour ne pas le savoir" (74). Les totaux cumulés figurent au bas des 41 pages pour aboutir à la somme de 18 265 livres. Le montant des contributions est très variable. Elle est de plusieurs centaines de livres pour les négociants, marchands, gros propriétaires, médecins ou notaires et de 6 à 12 livres pour les petits artisans, métayers ou journaliers qui quoique non assujettis tiennent cependant à participer à la collecte dans la mesure de leurs modestes moyens. La liste des contribuables établie dans l'ordre décroissant peut être rapprochée de celle qui révèle les familles les plus imposées par la taxe mobiliaire d'octobre 1793.
Jean Pierre Daguerre Alzuyeta Rue Montante 2000 livres
Dominique Saint Bois Baron de Navailles 829 l
Martin Etcheverry curé de Hasparren 815 l
Jean Hirigoyen Eyhartzia négociant 750 l
Melle Dominica Saint Bois 685 l
Pierre Larraincy négociant 600 l
Pierre Berho Orthes négociant 504 l
Jean Lorda Sautenia marchand 500 l
Pierre Saint Bois négociant 475 l
Jean Detchegoin négociant 450 l
Jean Hirigoyen Eyherabidea 300 l
Louis Jaureguizahar 300 l
Jeanne Lissarrague Idoeta 300 l
Jean Larraincy négociant 300 l
Jean Pierre Daguerre officier municipal 300 l
Pierre Saint Bois médecin 300 l
Martin Garat Piquessary 200 l
Jean Larramendy Ibasson 200 l
Pierre Fagalde médecin 200 l
Demoiselle Hiriart Zaliondo 200 l
Bernard Duhagon négociant Hoditea 200 l
Isabelle Harriague Aguerria 200 l
Martin Etcheverry vicaire 200 l
Bernard Dupuy vicaire 200 l
Guillaume Fagalde Lambertenia négociant 180 l
Bernard Fourcade Ibarburua négociant 150 l
Bernard Hardou Zubiburua marchand 150 l
Laurent Garat Berroueta 144 l
Dominique Broussain Ospitalea marchand 144 l
Jean Baptiste Detchegoyen négociant 120 l
Bernard Fagalde propriétaire 120 l
Jean Lambert Bourgeois 100 l
Sieur de Heguia laboureur 100 l
Pierre Hiriart négociant 100 l
Jean d'Etcheverry Comaitea 100 l
Bernard Courtelarre notaire 100 l
Jacques Harreguy Curutcheta 100 l
Jeanne Dibildots Curutzaldia 90 l
Jean Solet Landaburua négociant 90 l
Jerome Dibildots Baratzartia 90 l
Pierre Broussain Domingo-Eyhera 90 l
Martin Dibildots Chimaletenia négociant 90 l
Sieur Bidegaray laboureur 72 l
Pierre Dithurbide Gamoya 72 l
Pierre Deyheralde Ihitz marchand 60 l
Melle Françoise Harosteguy 60 l
Jean Dainciart St Martinenia marchand 60 l
Diharce Coquil 60 l
Jean Baptiste Delissalde prêtre 48 l
Pierre Berho prêtre 48 l etc......
Les deux premiers feuilletsdu registre de la contribution patriotique ont été arrachés, le total de la contribution reporté sur le feuillet suivant est de 4 532 livres ce qui suppose que les six premiers inscrits étaient lourdement imposés.
Ce même registre a été utilisé pour l'inscription des offrandes civiques dont le montant était destiné à l'achat des souliers pour les soldats de la République. Il y eut 126 souscripteurs parmi eux 102 versèrent 926 livres et 10 sols, 24 autres offrirent 85 paires de chaussures. La plupart d'entre eux offrit 1 paire par contre Jean Berho Chapital offrit 10 paires, Pierre Deyheralde 12 paires, Jerome Baratzartia 6 paires, Pierre Garat Predoenia 6 paires, Lorda Sautenia 6 paires, Dibildots Chimaletenia 6 paires, Dominique Broussain 6 paires, Berho Ortes 5 paires, Jean Etcheverry Comaitea 5 paires. On peut supposer qu'il s'agit de 9 marchands ou négociants qui vendaient parmi d'autres produits la production locale de chaussures.
(texte de Pierre Ipuy)
Le Coût De La Confection D'une Cloche
Les comptes des maire-abbé qui devaient assurer durant une année la collecte de tous les impôts et taxes, mais aussi payer toutes les dépenses de la communauté, nous révèlent une foule de détails concernant la vie telle qu'elle se déroulait au cours des 17e et 18e siècles. Ainsi grâce à eux on apprend que les cloches des églises étaient de piètre qualité. Il fallait les changer tous les 20 ou 30 ans. Pour cela trouver la main d'oeuvre et acheter la matière première car à cette époque les cloches étaient fondues à proximité du clocher destiné à les recevoir. Les fondeurs des cloches de la paroisse de Hasparren vinrent souvent d'Espagne, parfois de Briscous.
Le livre des comptes des années 1653 à 1662 nous révèle qu'en septembre 1656 alors que le sieur de Larria était maire-abbé on s'appréta à fondre une cloche. Les détails de la dépense révèlent le coût de la matière première, celui de la main d'oeuvre et celui de la bénédiction . Le texte a été scrupuleusement respecté.
Achat du matériel :
L'abbé a acheté de la cire pour faire fondre la cloche : 5 livres 10 sols
L'abbé a acheté du calumin 1 livre 1 sol
L'abbé a acheté du suif pour la fonderie 5 livres 5 sols L'abbé a payé 2 filles pour trouver de la terre 0 livre 12 sols
L'abbé a payé pour les charrois de la terre, des briques et de l'eau 6 livres
L'abbé a payé pour les briques du four 12 livres
L'abbé a payé pour l'achat du métal 252 livres
L'abbé a payé pour le port du métal de Bayonne avec un cheval 9 livres
Coût de la main d'oeuvre
Lorsque le fondeur espagnol vint ici qui était le jour de la St Luc,
les abbé et jurats dépensèrent avec le dit espagnol 3 livres 15 sols
Le lendemain de St Luc l'abbé et un jurat étant allés avec l'espagnol
à Mendionde dépensèrent 1 livre 10 sols
L'abbé a payé à Franchisteguy et Bidart pour 5 jours qu'ils ont travaillé
à la cloche 4 livres 4 sols
L'abbé a payé lorsque l'on a tiré la cloche 6 livres 15 sols
L'abbé a payé pour accomoder les lanières 8 livres
L'abbé a payé à Chapital pour faire monter la cloche au clocher 16 livres 10 sols
L'abbé a payé au fondeur de cloche 201 livres
Coût de la bénédiction de la cloche
l'abbé a payé pour aller chercher à Bayonne le grand vicaire avec le cheval: 1 livre
L'abbé a payé pour sa peine au grand vicaire 9 livres
Prix de revient total de la cloche : 542 livres 7 sols.
(texte de Pierre Ipuy)
Le Voyage D'un Maire-Abbé À Paris En 1673
La durée, le coût et maints détails sur un voyage à Paris en 1673 nous sont révélés par les comptes remis par Louis Cazalar qui fut maire-abbé d'août 1672 à août 1674. Cette famille Cazalar fut très présente dans la gestion de la communauté puisque durant le 18e siècle elle occupa à sept reprises et de pére en fils la charge de maire-abbé. L'action menée par Louis Cazalar, notaire royal, fut tellement appréciée qu'au terme de son mandat qui normalement durait un an, il lui fut demandé de l'assumer une année supplémentaire.Lorsque donc en 1672 il prit en main les affaires de la commune il fit tout ce qui était en son pouvoir pour mettre fin aux procès qui opposaient pour des problèmes d'utilisation des landes communales les paroisses de Labastide Clairence et de Hasparren. Ces procès duraient depuis de longues années, elles comportaient d'interminables et coûteuses procédures, des confiscations de bétail..... et des emprisonnements de Bastidots à Hasparren et de Haspandars à Labastide. Au terme de sa première année de mandat louis Cazalar fit le constat que ces actions qui ne solutionnaient en rien les problèmes existants revenaient bien chers. Elles représentèrent pour Hasparren une dépense de 1067 livres alors que le budjet annuel total de la commune était de 6 à 7000 livres. Louis Cazalar, homme de décision , jugea alors que les choses ne pouvaient plus durer ainsi et que le seul moyen de mettre un terme aux problèmes opposant les deux communautés était d'aller les exposer à qui de droit à Paris.Il décida de s'y rendre lui-même, sachant pertinemment l'aspect d'ouverture que pouvait révéler un aussi long déplacement à cette époque. Ce sont les détails contenus dans les comptes concernant ce voyage qui en ont fait découvrir certains aspects très intéressants. La durée des trajets, les divers frais occasionnés, le prix de la journée d'hôtel à Paris en 1673 etc...
Texte du livre des comptes
C'est le 20 février 1673 que Louis Cazalar effectua sa première démarche. Il alla à Bayonne voir Mr Romatet pour savoir des nouvelles du contenu de la lettre reçue par lui de Paris touchant l'affaire de "ceux de Labastide" cela lui coûta 3 livres . Le lendemain 21 février l'abbé et le jurat de Harana ont esté à Bayonne porter quelques pièces à Mr Romatet pour envoyer à Paris; payé 4livres 15 sols .Le même jour l'abbé a acheté un coffre pour les documents à emporter à Paris: 5 livres . L'abbé a payé à Mr Romatet pour sa peine et le port des lettres:4 livres 10 sols. L'abbé ayant fait rechercher les pièces de " ceux de Labastide" les ayant rangés en ordre pour les porter à Paris coûté: 1 livre . Le 27 février s'estant allé à Bayonne pour prendre les ordres de Mr Romatet couché la nuit au dit Bayonne coûté: 4 livres 10 sols. Le 28 février étant parti vers Bordeaux y demeuré aux chemins jusqu'au 4 mars dépensé avec le cheval 12 livres. Ce voyage de Bayonne à Bourdeaux nous révèle tout d'abord qu'il dura 4 jours mais également que Louis Cazalar préféra le faire à dos de cheval. Ce choix s'explique par le fait qu'à cette époque la traversée des Landes en diligence s'avérait périlleuse. Les comptes-rendus des voyages de l'époque signalent en effet " les voyages par les Landes sont longs et fatiguants pour les voyageurs et les équipages, car les diligences et les carosses s'y enlisent très souvent dans les sables."
L'abbé ayant demeuré au dit Bourdeaux trois jours pour attendre le coffre a payé pour sa despance et celle du cheval 11 livres 15 sols . L'abbé a payé au nommé Ayherdoy pour le port du coffre à Bourdeaux 4 livres 16 sols . L'abbé ayant renvoyé son cheval avec Ayherdoy a payé 5 livres 12 sols . Le 7 mars étant parti de Bourdeaux vers Paris demeuré d'accord avec le maître de carosse a payé pour lui et le coffre 90 livres. Dans la route a payé aux valets et servantes 6 livres. A payé au postillon suivant l'usage
2 livres 5 sols . Le 20 mars est arrivé à Paris ( soit 13 jours de voyage Bourdeaux-Paris) et y est demeuré jusqu'au 13 août sot 145 jours pendant lesquels temps aurait payé pour la communauté, pour ses droits, pour les greffiers, les levées et arrêts, les sceaux, ainsi qu'il apert de son reçu avec l'état de tout 464 livres 5 sols. L'abbé a payé au secrétaire du Rapporteur suivant l'avis et demandé du sieur Lasson 33 livres en argent et une paire de jambons valant 11 livres soit en tout 44 livres. Plus l'abbé a payé pour 10 ½ journées qu'il a eu en carosse pour la distance tant chez Mr de Pursal que pour d'autres endroits 45 livres . Plus l'abbé a baillé à Mr de Lasson pour sa peine qu'il a prise tant avant son arrivée que depuis 44 livres.Plus l'abbé a despancé tant pendant son séjour à Paris qui est de 146 jours à raison de 3 livres par jour y compris la despance, de couche, chambre, blanchissage et autres extraordinaires qu'il a eu à employer avec les amis à la sollicitation et service de la communauté 438 livres . Estant parti de Paris le 13 août serait arrivé à Hasparren le 26 du dit mois sur le soir et payé tant au messager, pour ma despance jusqu'à Bourdeaux port du coffre, ensemble, pour la despance puis Bourdeaux jusqu'en ce lieu avec le port du même coffre 81 livres . L'abbé a payé pour le port de lettres de ses amis et de la communauté 29 livres . Le 2 septembre le dit abbé a esté à Bayonne parler Mr Romatet, où était Mr le Bailli pour les saluer et les remercier des peines qu'ils auraient prises, et pour lors Mr le syndic ayant fait arrester au dit Bayonne conférence avec Mr le Bailli du païs , sur l'avis de Monseigneur le Maréchal d'Albret notre gouverneur, et lui rendre une partie de nos devoirs, et pour avoir despancé en ces 2 jours 5 livres .
Le coût total du voyage monte à 1270 livres.
Pour régler cette dépense : l'abbé a emprunté au sieur Adame de Garat , suivant la pétition du 26 février 1673 pour la poursuite du procès contre ceux de Labastide 600 livres. L'abbé a reçu en deux diverses fois en la ville de Paris par des lettres de changes et des ordres de la communauté des sieurs jurats la somme de 500 livres. (texte de Pierre Ipuy)
Les Livres De Comptes De La Communauté
Parmi tous les documents d'archives, certains semblent particulièrement importants. Ainsi les registres municipaux qui révèlent toutes les décisions prises par les assemblées de la communauté durant la période pré-révolutionnaire et par les conseils municipaux pour la période post-révolutionnaire. Il en va également de même pour les registres d'état civil qui existent pour Urcuray depuis l'an 1646 et pour Hasparren depuis 1630. Ils permettent de reconstituer l'arbre généalogique des familles jusqu'à une époque bien lointaine. Pourtant il existe une troisième série de documents qui est au moins aussi instructive et intéressante que les deux précédentes tout au moins pour pour ce qui concerne la période pré-révolutionnaire . Il s'agit de celle constituée par les comptes annuels ou budgets de la communauté.
Il faut savoir que la maire-abbé et le jurat de chacun des quatre quartiers étaient élus pour une année, et que durant durant cette période ils avaient parmi de très nombreuses autres charges celles de collecter tous les impôts locaux et également de régler toutes les dépenses engagées pa la communauté. Ces comptes devaient être précis au sol près. Ils permettent de découvrir une multitude de détails concernant la vie de tous les jours, et qui ne figurent sur aucun autre documentou comptes-rendus des réunions des conseils de la communauté. Ces précieux renseignements figurent pourtant dans les livres des comptes parce qu'ils ont occasionné une recette ou une dépenseaussi minime soit-elle. Ainsi apparaissent au fil des pages les coûts d'une journée de travail ou d'un voyage à Bayonne ou à Paris, le prix du repas offert à l'évêque et à sa suite lors d'une visite épiscopale, l'envoi de 70 soldats de la milice vers la frontièreou encore lee salaires des gardes chargés de la surveillance des bois communaux, etc.....
La présentation des comptes évoluera sensiblement du 17e au 18e siècle. Jusqu'à la fin du 17e ils seront rédigés sur de simples cahiers , les textes seront concis et serrés, l'écriture approximative et par conséquence la lecture difficile. Les archives locales possèdent deux livres de comptes reliés en parchemin regroupant chacun dix années de cette période. Dès la fin du 17 e siècle et jusqu'à la révolutionles budgets annuels sont établis sur des registres de grandes dimensions et imprimés spécialement pour cet usage. La rédaction de ces documents a dû être alors confiée à des notaires royaux, greffiers ou autres "écrivains". Dès lors la présentation est parfaitement claire, l'écriture est souvent très belle et quelques uns de ces budgets seraient certainement considérés comme étant des chefs d'oeuvres par nos étudiants actuels.
A la fin de chaque mandat annuel, les documents établis par le maire-abbé et les jurats sont soumis à "l'examen des comptes". Il s'agit là d'un controle important dont la responsabilité est confiée à quelques personnes choisies par le conseil de la communauté parmi les hommes bien connus pour leur probité et leur honneteté. Généralement les comptes sont acceptés tels qu'ils sont présentés, parfois cependant ils ont motivé quelques demandes d'explications supplémentaires et ont rarement justifiés contestation et procès. Les livres de comptes sont aussi des révélateurs de l'activité déployée pour le service de la communauté par les maire-abbé et jurats. Rappelons-nous que le maire-abbé et jurats étaient choisis chaque année par une assemblée à laquelle participaient trois représentants de chacun des quatre quartiers, qui se tenait à la salle attenante au clocher de l'église. Le choix était important et de plus il était impératif. Les charges-tenant maire-abbé et jurats ne pouvaient pas refuser leur nomination. Certains les acceptaient volontiers, d'autres remplissaient leurs fonctions contraints et forcés. En effet le rôle de ces hommes que l'on pouvait presque qualifier de fonctionnaires communaux n'était pas de tout repos. Le fait que les journées passées au service de la communauté leur était payées ( 1 livre pour les jurats, 2 livres pour le maire-abbé) révèle qu'un maire-abbé consacrait 90 à 120 journées entières de son mandat au service de ses administrés. Chacun des 4 jurats devait réserver pour sa part 30 à 40 journées pour le service de ses compatriotes. A quoi utilisaient-ils donc toutes ces journées? Tout simplement à accomplir toutes les tâches qui sont maintenant réservées aux divers services et administrations qui existent aujourd'hui. En voici quelques unes: l'encaissement des impots locaux réalisé par la collecte effectuée maison par maison , lechoix et le marquage des pieds de chênes et leur vente, le contrôle des bornes limites de la commune, l'affermage des batiments et terres de la commune, la surveillance de la réparation des chemins routes et ponts, l'entretien des 5 moulins de la commune, le paiement des régents (instituteurs) des quartiers, l'organisation des chasses aux loups dans chaque quartier, la surveillance de la plantation des jeunes chênes aux jours indiqués dans chaque quartier, les réunions des habitants dans chaque quartier,les voyages nombreux au Biltzar d'Ustaritz à Bayonne ou ailleurs, la surveillance des bois de jour et parfois de nuit etc..... etc.....
Le montant global du budget pour la période des années 1660 à 1680 est de 6 à 8000 livres par an. Parfois il n'est que de 5000 livres parfois il atteint les 9000 livres. Le système de l'élection du maire-abbé pour un an ne permet pas l'élaboration de grands projets dont le piement serait effectué sur plusieurs années. La différence du montant de ces budgets ne semble pouvoir s'expliquer que par le niveau de dynamisme et d'activité du maire-abbé et de ses jurats. Ce que l'on peut retenir à la lecture des budgets de cette époque est premièrement l'importance de l'endettement de la communauté ; pour un budget d'environ 6000 livres la part d'intêrets d'emprunts à rembourser se situe à 1800 livres. Autre constatation le budget doit être relativement modests. En 1669 le budget total est de 8160 livres et la commune doit emprunter 15000 livres qui représentent exactement la valeur du moulin qu'elle vient de faire construire.!
Pour illustrer ce qui précède, rien ne peut égaler la lecture des comptes de la communauté de l'une des années de ce 17 e siècle qui lorsque on en examine quelques uns laissent supposer que la vie s'y déroulait encore à peu près similaire à ce qu'elle était durant le moyen-âge. Toutes les lignes des comptes ne sont pas retranscrites , mais celles qui paraissent les plus parlantes, celles qui révèlent des façons de vivre des coutumes et des comportements étonnants et oubliés qui nous paraissent maintenant très lointains. Les textes étaient rédigés tels qu'ils étaient présentés, les mots gardent leur ortographe de l'époque et quelques explicationssont ajoutées pour permettre une meilleure compréhension.
Budget de l'an 1669
Reçus
C'est l'estat des comptes en reçus et despanses faits par sieur Jean de Hody maître-chirurgien et abbé, Saubat sieur d'Iharce, Joannes Daguerre de Bidassouetbehere, Martin sieur d' Enautotegui et Dominique Larramendy sieur de Landaburu jurats de la présente paroisse entrés en charge le 15 août 1669.
Reçu du sieur de Piquessary jadis abbé, de l'argent qui lui était resté entre les mains appartenant à la communauté: 152 livres
Reçu du sieur d'Arbaldegui pour son temps de marguilier : 68 ls
Reçu de la benoiterie pour la part de la communauté sur les dons faits à l'église : 70 ls
Reçu pour l'affermage des vins et la mayade : 480 ls
Reçu pour l'afferme des vins de Navarre : 120 ls
Reçu pour l'afferme de la viande du boeuf : 700 ls
Reçu pour l'afferme de la viande de moutons et chèvres : 120 ls
Reçu pour l'afferme du pavage de pierre : 60 ls
Reçu pour l'afferme de la maison commune : 55 ls
Reçu pour les droits de la pépinière de la communauté : 65 ls
Reçu pour trois ventes de chênes de la forêt communale : 1340 ls
Reçu pour la vente de 3 terres au semetière (cimetière) longueur et largeur de 3 aulnes
(1 aulne = 1,188 m) : 37 ls.
Ventes de terres communales
Reçu du sieur jeune de Pestegui pour la vente de 2 pièces de terre de la semance de trois conques de froment pour tout laisser ouvertes : 101 livres
Reçu d'Oger Dartayet fils d'Aguerre pour la vente d'une pièce de terre de la semance de dix quarterons de froment avec pouvoit de bastir : 112 ls
Reçu de Domingo d'Apestegui pour la vente d'une pièce de terre, de la semance de sept picotins et demy de froment pour fermer : 57 ls
Reçus pour l'affermage des moulins de la communauté :
Reçu pour l'affermage du moulin de Harangouren : 291 ls
" " " d'Eyheracharetta 260 ls
" " " d'Olhabite 410 ls
" " " de Celhay 339 ls
" " " d'Urcuray 282 ls
" " " du batan d'Urcuray 120 ls
Reçus pour les droits de sarrois(fougeraies)
Reçu du jurat de Harana 129 ls
" Labiria 139 ls
" Celhay 96 ls
" Minhots 43 ls
Reçus pour la taille du quartier
Reçu du jurat de Harana 137 ls
" Labiria 119 ls
" Celhay 108 ls
" Minhots 55 ls
Reçus pour le droit de glandage
A l'époque où l'engraissement des porcs dans les glandies était naturel, les jurats de chaque quartier évaluaient le nombre de pourceaux de chaque maison conduits sous les chênes des bois communaux. Les droits perçus étaient proportionnés au nombre de "pourceaux évalués".
Reçu du jurat de Harana pour les pourceaux évalués 118 ls
" " de Labiria " " 136 ls
" " de Celhay " " 112 ls
" " de Minhots " " 52 ls
Despanses
Le maire-abbé et les jurats quand ils ont fait les comptes ont despansé 5 livres
Les abbé et jurats anciens et nouveaux étant allés visiter les bois de glandage avaient despansé au retour 8 livres
Quelque personne ayant déposé un enfant à la porte de l'église l'abbé l'a mis en nourisse, il a payé pour deux mois 8 livres
L'abbé ayant fait porter monitoire touchant l'enfant qu'on avait exposé, ensuite fait publier le monitoire en plusieurs paroisses , pour tout a despansé 4 livres
Payé les jurats quand ils sont allés évaluer les pourceaux 8 livres
L'abbé ayant fait venir celui qui a fait l'horloge pour l'accomoder, fait demeurer pendant trois jours, a payé pour la despanse 12 livres
L'abbé a payé au peintre pour partie de la peinture de l'église 100 livres
L'abbé a payé à Mr Du Crocq bourgeois de Bayonne pour l'intêret de l'emprunt
de 3000 livres 200 livres
L'abbé a été au Bilçar d'Ustaritz avec son cheval pour la journée 2 livres
Le 8 mars l'abbé au Bilçar avec la réponse pour la journée 2 livres
L'abbé a payé à Pierre Dithurbide pour la paine qu'il a pris vers Endaye lors
de la garde la frontière 19 livres
Payé à Mongaste Larrieu pour le pain bénit qu'il a fourni à l'église 2 livres 12 sols
Payé au sieur Aguerre, à la veuve du sieur Haramboure, au sieur Bidart,
au sieur de Charasqui, au sieur de Cazalar, au sieur de Labehirigoyen, au sieur Domingo
Espagnoldegui pour l'intêret de l'argent prêté 1120 livres
L'abbé ayant été au Bilçar à Ustaritz et ayant demeuré la nuit 3 livres
Les abbé et jurats ayant été assembléspour faire le role de la taille despansé 3 livres Payé pour partie qui est due au syndic du pays de Labourd 800 livres
Les jurats ayant fait Capitou(réunion) aux quatre quartiers 4 livres
Payé à Mr de Bidassouet prêtre pour les messes matutinales par lui célébrées 75 livres
jusqu'au second dimanche de juillet
Les abbé et jurats ayant été "pignorer" (confisquer) ceux qui n'ont pas voulu
aller travailler au moulin neuf despansé 14 livres
Le jurat de Harana a payé aux sieurs d'Amestoy, Pestegui, Berondochipi,
Espagnoldegui et le sien pour le disné au cours de la visitz faite au bois 3 livres 12 sols
Plus les abbé et jurats avec 2 experts ayant été à la montagne de Louossoa
pour vouloir s'accorder de 4 pierres moulandes pour les moulins, après 3 disnés et voyages
qu'ils firent despansé 13 livres
Payé à 12 hommes pour avoir été la nuit éteindre le feu de la forêt à chacun
20 sols 12 livres
L'abbé a payé pour les deux pierres moulandes 129 livres
Payé pour le transport des pierres aux charretiers 3 livres
L'abbé a payé à Esperantza pour avoir battu la quesse lors de la plante des chênes 6 livres
L'abbé a payé à Esperantza pour avoir battu la quesse lors de la chasse aux loups 3 livres
L'abbé a payé à six hommes qui ont pris le loup 6 livres
L'abbé a payé pour le racomodement du filet de la chasse aux loups 1 livre
Payé aus abbé et jurats lorsqu'ils ont surveillé la plantation des chênes 6 livres
L'abbé ayant eu ordre de se rendre au Bilçar pour les affaires du pays, avoir été
et despansé avec le louage du cheval 3 livres Ayant exposé à l'assembléeles propositions du Bilçar et sur la délibération à lui
baillée avoir esté avec la réponse et fait despanse avec son cheval et son louage 3 livres Payé pour leurs gages a quatre garde-bois 16 livres
Le sieur-abbé ayant écrit à Mr de Novion procureur pour retirer les pièces de la
maison de Sault-le-vieux et les ayant reçus, le dit abbé aurait envoyé au sieur de Novion un
Louis d'Or 11 livres Le maire-abbé a été avec le vicaire bidegaray parler avec Monseigneur l'Evêque
pour obtenir permission de faire un ostel outre les 3 du grand ostel et demeuré au voyage 3 jours,
ont despansé tant pour eux que pour leurs chevaux 30 livres L'abbé a esté à Bayonne et a fait l'achat de 50 livres de poudre à 15 sols la livre
pour la feste-Dieu soit 35 livres Le 15 juin veille de la feste-Dieu l'abbé ayant esté prié le batteur de quesse et le
tambourin de se trouver à la dite feste-Dieu à la suite de la procession payé 1 livre 12 sols
L'abbé a payé pour la colation des soldats le jour de la feste-Dieu et pour les
disnés qu'ont fait les sergents, pour tout 37 livres
Payé aussi au basteur de quesse et au tambourin 5 livres L'abbé a été à Garro pour l'affaire de Labastide 2 livres Ceux de Labastide ayant fait signifier une requête , par ordre de Mgr l'Intendant
l'abbé serait allé à Bayonne pour se présenter et demeuré 5 jours despansé 14 livres L'abbé pour l'affaire de Labastide ayant été à Pau avec le sieur de Sabarots
conformément à l'ordre de l'intendant et y demeuré 8 jours, depansé avec les chevaux 36 livres
Ensuite s'étant déterminés vers d'autres hommes le dit Seigneur l'aurait suivi
jusqu'à Periguo, Angolesme auquel voyage estant demeuré 19 jours avons despansé 68 livres
L'abbé a payé pour toutes les despanses faites aux conferances, et accomodements
avec ceux de Labastide 126 livres
Les abbé et jurats suivant l'ordre capitulaire à eux baillé ont demeuré d'accord avec
le Régent (instituteur) du quartier de Harana moyennant 45 livres par an payé 45 livres
Les abbé et jurats ayant été 2 jours au bois pour surveiller la plantation des chênes 4 livres
L'abbé et les jurats ayant été controler les bornes mougaux (mugak) de la
communauté ils ont despansé 6 livres
L'abbé ayant eu ordre de faire accomoder les mousquets payé 24 livres L'abbé ayant reçu l'ordre de faire marcher la portion des 1000 hommes (milice du
Labourd) aurait baillé ordre aux jurats de les advertir avec les officiers. Ppour lors despansé 2 livres Les officiers et soldats pendant qu'ils faisaient leurs exercices et monstres auraient
despansé les officiers 4 ls 8 sols et les soldats 12 ls et 4 sols pour tout 16 livres 12 sols Les dits officiers et soldats estant partis vers la plaine de Berriotz pour passer en revue devant Monseigneur le gouverneur, les abbé et jurats ont envoyé pour eux 9 conques de froment
: 36 livres, une barrique de vin du pays: 28 ls, 3 jambons:6 ls, 3 cruches, 4 écuelles de terre
et 1 de bois ont despansé pour ce : 74 livres 16 sols La campagne ayant été partie pour la frontière l'abbé aurait payé au
capitaine 12 livres au lieutenant 10 ls, à l'enseigne 8 ls, à chacun des deux sergents 8 ls
au tambour 8 ls, à chacun des 70 soldats 4 ls faisant le tout 331 livres
Le maire-abbé et les jurats deHarana et Labiri ont esté au feu de joie à Ustaritz
pour lors despansé 5 livres
L'abbé a esté à Ustaritz pour l'affaire de ceux de Navailles 2 livres 4 sols
l'abbé et le sieur de Berrouette ont esté à Bayonne pour instruire la dite affaire
de ceux de Navailles ont passé deux jours 7 livres
L'abbé a été à Ustaritz pour payer au greffier l'emprisonnement de ceux de Navailles
et pour son voyage payé 28 livres
Monseigneur l'Evêque estant venu en ce lieu faire les cours de visite
a payé pour la despanse 120 livres
Payé à Mr de Larralde homme de chambre et autres de sa suite 28 livres
Les abbé, jurats et députés pendant le temps que le seigneur est demeuré
au présent lieu ont despansé 11 livres
L'abbé a payé pour 7 charrettées de bois fourni 10 sols
L'abbé a payé pour le service de la maison,vaissaile, linges et autres services 21 livres
Plus payé à deux jurats ayant esté avec leurs boeufs et charrettes à porter
les hardes à chacun 30 sols 3 livres
Payé pour la paille et escurie 5 livres
Payé pour une charge de charbon 2 livres 5 sols
Payé au sieur de Garat pour la garde et l'entretienement de certaines vaches qui
furent prises pour forme de pignores ( confiscation) 61 livres
L'abbé a emprunté à divers 2700 livres pour employer au paiement du preteur
sieur Du Crocq bourgeois de Bayonne et par ce moyen faire mettre hors de prison divers
particuliers de la communauté qu'il a fait arrêter payé 109 livres
Suivant l'ordre de la communauté envoyé au sieur de Garat de Bayonne
une gabare de bois pour les frais 24 livres 10 sols
L'abbé a payé à Adame de Garat et consorts pour les dommages par eux reçus
lors de l'emprisonnement à la requête du sieur Ducroq bourgeois de Bayonne 75 livres
Les sieurs abbé et jurats lorsqu'ils ont fini et clos les comptes ont despansé 3 livres
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