Ce Train Qui Ne Passa Jamais

Pendant près de 25 ans la grande question qui préoccupait les Haspandars fut celle du train. Il s'est dit que les bouviers et les premiers transporteurs n'en voulaient pas. Les archives municipales révélent clairement que trois maires successifs et leurs conseils firent ce qui était en leur pouvoir pour faire bénéficier Hasparren de ce nouveau moyen de transport. Trois projets furent étudiés et abandonnés. Leur histoire mérite d'être racontée.

                        C'était en 1888 Jean Pierre Larramendy maire fait voter le 18 février une délibération demandant la concession d'un tranway à vapeur devant relier Hasparren à Bayonne. Messieurs Darmendrail, Hirigoyen, Larraidy et Larramendy sont chargés d'effectuer les démarches nécessaires. En 1890 le cahier des charges est terminé, le tramway passera par Hasquette, Briscous, Lahonce, Mouguerre, les quais de Mousseroles puis il traversera Bayonne pour se raccorder au tranway Bayonne-Biarritz. La largeur de la voie sera de 1 mètre, la vitesse sera de 20 kilomètres à l'heure en rase campagne et de 12 kilomètres dans les traversées des villes et villages. La longueur du train ne pourra pas dépasser 70 mètres et le matériel roulant comprendra 3 locomotives et 8 wagons. La commune de Hasparren s'engage à céder gratuitement le terrain nécessaire à l'établissement de la ligne et à payer 2 000 francs par an au concessionnaire. En septembre 1891 une conférence est organisée à la Sous-Préfecture de Bayonne, elle réunit deux officiers de la place de Bayonne, l'ingénieur des Ponts et Chaussées, un ingénieur de la Compagnie du Midi, un ingénieur de la compagnie concessionnaire du projet et les maires de Bayonne, Hasparren, Urcuit, Lahonce, Briscous et Mouguerre. Hélas trois fois hélas !! Seuls l'ingénieur concessionnaire et le maire de Hasparren se prononcent pour le projet, tous les autres participants votent contre. Trois mois plus tard le couperet tombe, le projet est refusé par le ministre des travaux publics et le directeur des Chemins de fer.

                        Qu'à celà ne tienne en 1892 le nouveau maire fraichement élu St Martin Harriague "Morosko" engage une nouvelle bataille du rail. Hasparren aura son train au moins jusqu'à Cambo. Il commence par demander l'appui des municipalités de Cambo et d'Ustaritz et l'obtient. Il établit ensuite une prévision de trafic sans doute un peu optimiste mais qu'il est intéressant de détailler.

            Le trafic des voyageurs vers Cambo et vice versa sera de 30 000 par an. Pour ce qui est des marchandises il faut prévoir : 2 000 tonnes de chaussures, 500 tonnes de cuirs, 600 tonnes de vin venant de Navarre et d'ailleurs, 100 tonnes de laine brute, 100 tonnes de ciment, 100 tonnes de plâtre d'Espelette, 2 000 tonnes de céréales et farines, 1 800 tonnes de draperies, épiceries, merceries, 620 tonnes de pommes de terre. Le marché de Hasparren étant le plus important de la région il est expédié vers Bordeaux, Toulouse, Bézers et Carcassonne 2 500 boeufs ou vaches , 1 500 porcs gras et 3 000 moutons et agneaux, beaucoup d'oeufs et de volailles.

                        En mars 1893 c'est l'ingénieuren chef des Ponts et Chaussées qui fait un rapport détaillé de l'établissement de la ligne souhaitée qui se branchera sur la voie menant de Bayonne à St Jean Pied de Port. Ce rapport débute par une évaluation revue à la baisse du trafic prévu sur cette ligne. Le tracé ne présente pas de difficulté particulière, mais pour éviter la montée de la côte de Pagoueta il faudra percer un tunnel de 300 mètres. Pour ce qui est du coût du projet il sera d'environ 650 000 francs dont 30 000 frs pour l'achat des terrains, 137 000 frs pour les infrastructures, 200 000 frs pour les superstructures, 40 000 fs pour les bâtiments et divers et 200 000 frs pour le matériel roulant ( 3 locomotives de 20 tonnes et 20 wagons de voyageurs ou marchandises). Le coût d'exploitation annuel est évalué à 30 000 frs. En conclusion un avis favorable est donné au projet.

                        Durant trois années les études se poursuivront, les achats de terrains se font assez difficilement , ce qui donne aux experts en la matière le temps de calculer qu'il y aura trois départs de train  par jour dans chaque sens et que le voyageur paiera son billet 0,70fr pour l'aller simple et 1,05 fr pour l'aller et retour.

                        Le temps passe et pourtant personne ne s'inquiète, les choses étant engagées il suffit d'attendre. Hélas l'espoir sera déçu une deuxième fois. En date du 24 juillet 1906 Monsieur Larraidy conseiller général du canton écrit au docteur Pierre Broussain qui a été élu maire en 1905. Il lui annonce tout bonnement que les conseils généraux des Landes et des Basses Pyrénées se sont mis d'accord pour relier le sud des Landes à la frontière espagnole en établissant une ligne de tramway reliant Peyrehorade à St jean de Luz par Bidache,Bardos, Labastide-Clairence, Hasparren, Cambo,Espelette, Saint-Pée, Sare et Ascain. Bien entendu cette décision condamne irrémédiablement la réalisation du tramway Hasparren-Cambo. Stupeur et déception accablent Hasparren mais que faire? Le Conseil Municipal ne peut qu'adresser au Conseil Général un long rapport dans lequel il est demandé que la part que devra payer la commune soit la plus réduite possible et que la nouvelle voie projetée favorise et développe le commerce déjà existant entre Hasparren et la Région de Pampelune.

                        En 1909 l'étude de ce projet est terminée. L'accord est demandé à toutes les communes desservies car elles devront payer une part des investissements et cela pendant 63 ans!!! Hasparren doit être considéré comme étant la commune qui tirera le plus de profit de cette nouvelle voie de communication puisque c'est à elle qu'échoit la plus forte annuité, elle paiera 3 666 frs, St jean de Luz      3 107, Saint Pée 1 579, Bidache 1 498, Cambo 1494 etc... Les élus municipaux sont déçus et même irrités  mais envers et contre tout ils veulent leur train . Le 6 juin 1909 l'accord pour le paiement de l'annuité est voté. Pour 19 votants il y aura 15 oui, 3 non et 1 conseiller s'abstiendra. Il est vrai qu'il est transporteur, ceci expliquant cela. La mise en chantier du projet débute à petits pas et la guerre de 1914-1918 va interrompre les travaux. Ils ne seront repris qu'en 1920. L'année suivante à lieu l'expropriation des terrains nécessaires pour la traversée de la commune depuis Ayherre jusqu'à Cambo. Soixante treize propriétaires devront vendre des terrains mesurant de 50 à 1 000 mètres carrés.

                        Depuis 1906 date du lancement du projet, les choses ont bien changé, la guerre a bouleversé bien des données, les priorités ne sont plus les mêmes et en 1922 le projet est définitivement abandonné.

                        Hasparren aura espéré son train durant trente quatre ans, mais il ne le verra jamais passer.

 

 

(texte de Pierre Ipuy)

 

Archives municipales : le 1er décembre 1988

            Dossier : Projets concernant les lignes de trains- tramways

 

Hasparren le 27 avril 1891

            Evaluation du mouvement des marchandises de Hasparren vers la ligne de Cambo- Bayonne et vice-versa.

 

 

                        Ce mouvement est très important il se porte particulièrement sur les objets ci-dessous dénommés pour lesquels je vous fais connaître le tonnage annuel moyen pour le commerce actuel savoir:

            Chaussures par an et par tonnes                                                                                3000 tonnes

            Cuirs pour tanneries et cuirs façonnés                                                                        500 tonnes

            Vins venant d'Espagne et d'autres provenances                                                         600 tonnes

            Laine brute                                                                                                                  100 tonnes

            Ciment                                                                                                                         100 tonnes

            Plâtre d'Espelette                                                                                                        100 tonnes

            Céréales et farines                                                                                                     2180 tonnes

            Draperie, épicerie, mercerie                                                                                     1800 tonnes

            Pommes de terre                                                                                                         620 tonnes

                        Soit un total de 9 000 tonnes venant de Bayonne ou Cambo et s'écoulant dans la même direction.

                        Il est à remarquer en outre que les marchés de Hasparren sont les plus importants de la région et qu'il est expédié comme gros bétail par an : 2000 têtes, porcs gras : 1500, moutons et agneaux : 3000, volailles et oeufs en quantités considèrables . Les chiffres ci-dessus concernent naturellement le mouvement commercial existant à l'heure actuelle. Je puis dès maintenant vous assurer que ce mouvement sera considérablement augmenté dès l'ouverture de la ligne projetée, attendu que les communes limitrophes Bonloc, Ayherre, St Esteben, Isturitz, St Martin, Mendionde, une partie de Méharin et de Macaye seraient naturellement intéressées à s'approvisionner à Hasparren devenu tête de ligne.

                        Quant au mouvement des voyageurs il est à noter que Hasparren , centre industriel et commercial par excellence, d'une population de 6000 habitants environ, attire chaque jour de nombreux voyageurs et que les besoins incessants du commerce obligent les gens du pays à se déplacer très souvent. Les 5500 habitants des communes ci-dessus désignées tiendront à n'en pas douter à bénéficier des avantages que procure un chemin de fer, et fourniront un large appoint au contingent des voyageurs de Hasparren.

                        Ce sont là quelques chiffres que je vous communique après mûres réflexions. Vous serez ainsi à même de juger de l'importance commerciale de Hasparren et vous admettrez que la construction de la ligne projetée s'impose avec urgence.

            PS : Ce rapport n'est malheureusement pas signé. Il concerne le branchement d'une ligne Cambo-Hadparren (terminus) sur la ligne Bayonne – St Jean Pied de Port déjà existante. Dans ce projet existent tous les projets ( de 1880 à 1914) ayant existé : tramway Peyrehorade-St Jean de Luz, branchement  Lahonce- Hasparren, branchement Bayonne- Hasparren avec beaucoup de détails.

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Les Courses De Vaches

S'il est une tradition de Hasparren qui mérite d'être citée c'est bien celle des courses de vaches. Comment et pourquoi cet amusement qui n'a rien à voir avec les jeux et coutumes du Pays Basque s'est-il implanté chez nous? Pourquoi ces courses de vaches dans les rues ont-elles été jusqu'à il y à quelques années le jeu préféré des Haspandars qui piaffaient d'impatience à l'approche de Carnaval, alors qu'ils attendaient bien calmement les fêtes patronales de la Saint-Jean?

                        Tout d'abord quand ont-elles fait leur apparition chez nous? Nul ne le sait et ne le saura sans doute jamais. Le premier document des archives municipales qui signale l'existence de "la course avec boeuf à carnaler" remonte tout de même à l'an 1750. En cette année-là, la tradition était-elle déjà bien établie ou s'agissait-il d'une innovation récente? Quoiqu'il en soit c'est sous le règne de Louis XV qu'une réglementation sévère de la vente de la viande de boeuf ou de vache fut élaborée. La viande était alors denrée rare et sa conservation posait de délicats problèmes.

                        Quelques extraits de ce réglement méritent d'être cités. Le réglement est conforme à la majorité des suffrages exprimés par les habitants des quatre quartiers.

            La fourniture de la viande de boeuf depuis Pâques prochaine jusqu'à Pâques suivante sera mise à l'encan au rabais au porche de l'église paroissiale durant 3 dimanches ( ce qui signifie que le commerce de la viande sera accordé à celui qui en assurerait la vente au prix le plus bas).

            Les 2 étaux de la boucherie de la paroisse situés dans la maison commune seront à la disposition du pourvoyeur qui sera tenu de vendre sa viande à tous les habitants à tour de rôle suivant l'ordre de leur arrivée tous les jours de soleil à soleil sauf qu'au mois de juillet et août, il sera dispensé d'en fournir les jeudi et vendredi.

            Le pourvoyeur ne pourra occuper ni femme ni fille pour découper la viande. Aucune autre boucherie ne pourra exister sur la Communauté. Les habitants d'Urcuray auront leur boucherie , mais ils devront se fournir à la boucherie principale.

            Le pourvoyeur sera tenu de faire examiner chaque boeuf pour savoir s'il est bon à être carnalé, par l'un des jurats. Il sera tué, écorché et éventré immédiatement devant ce jurat.

            Les têtes des boeufs devront rester exposées jusqu'à ce qu'ils soient entièrement débités.

            Le boeuf tué le jeudi sera débité jusqu'au dimanche soir , celui tué le dimanche sera débité jusqu'au mercredi soir.

            Il sera interdit au pourvoyeur de commencer à vendre un boeuf avant que le précédent n'ait été entièrement vendu.

            Le pourvoyeur pourra agrandir son étal pour deux occasions, la veille du jour de Pâques et la veille de la Saint-Jean jour de la fête locale.

                        Le trente troisième et plus long article de ce réglement nous ramène à la course de boeuf et nous fait découvrir certains aspects.

            Article 33 :      Il demeure inhibé et défendu au pourvoyeur de faire la course avec boeuf à carnaler sans la permission des sieurs maire-abbé et jurats à peine de confiscation de la viande distribuable dans l'étal réservé aux pauvres de la paroisse par l'un des sieurs maire-abbé et jurats. Et néammoins comme il convient d'accorder quelque amusement au public, nonobstant que la viande puisse en souffrir, le pourvoyeur pourra exposer par semaine deux boeufs pour la course au dit bourg, et ce, depuis la Noël jusqu'au jour des Cendres. Même en tout autre temps avec l'agrément des sieurs maire-abbé et jurats, iceux ayant le droit de faire courir au dit bourg le boeuf à carnaler si le public demande cet amusement, même si le pourvoyeur s'y refuse. Le tout et ainsi et de la manière que les dits sieurs maire-abbé et jurats le trouveront à propos, et aux heures qu'ils indiqueront et régleront pour prévenir les accidents qui pourraient en résulter. Demeurant expressement inhibé et défendu au dit pourvoyeur,  à ses préposés et à tout autre qui se mettront à la tête des Courses d'exiger en rigueur de l'argent de personne ou d'aucun spectateur pour quelque prêtexte que ce puisse être, à moins que quelqu'un ne veuille leur en donner par libéralité, icelle course étant interdite ailleurs qu'au bourg.

                        Il est bon de préciser que ce réglement de la vente de la viande ne se retrouve que rarement. A cette époque la plupart des communautés étaient uniquement rurales et leurs habitants se nourrissaient exclusivement des produits de leur terre. Le cas de Hasparren était différent, déjà petit centre industriel, sa population se composait pour un peu moins de la moitié de paysans, et pour le reste d'ouvriers, artisans et marchands. C'est pour assurer la nourriture de ces derniers que ce réglement dut être mis en place.

                        L'autorisation d'exposer les boeufs à carnaler pour la course peut facilement s'expliquer par le fait que Hasparren avait déjà à cette époque 4 500 habitants et que compte-tenu de la démographie de cette période, la jeunesse devait y être très nombreuse, il fallait donc lui accorder quelque possibilité d'amusement.

                        On connait donc le déroulement des Courses jusqu'à la Révolution. Qu'en fut-il après? Quand on a un peu étudié cette période troublée on peut aisément supposer qu'elles n'eurent plus lieu durant plusieurs années tout au moins jusque vers 1810. Malheureusement pour tout le 19 e siècle aucun document écrit n'a été retrouvé jusqu'ici. Il faut donc s'en remettre à la mémoire collective. Grâce aux plus anciens d'entre nous qui lorsqu'ils étaient jeunes avaient interrogé les plus anciens de l'époque on peut remonter jusque vers les années 1850. A ce moment-là, la réglementation de la vente de la viande a été modifiée, les boucheries indépendantes existent, le problème du boeuf ou de la vache à faire courir se pose de manière différente. Les jeunes pour maintenir la tradition adoptent la seule solution possible. Ils repèrent dans les fermes une vache particulièrement nerveuse, ayant le coup de corne facile, ils se cotisent et l'achètent. Après s'être amusés avec elle durant les jours gras, ils la tuent et en distribuent la dépouille aux pauvres de la commune et aux pensionnaires de l'hospice. Cette distibution de viande avait lieu le mercredi des Cendres, certains se souviennent encore que cette distribution se faisait avec un certain faste , la viande distribuée étant promenée dans les rues sur une carriole enrubannée et fleurie.

                        Ainsi se déroulait la course jusqu'à la guerre de 1914-1918. On ne peut pas imaginer facilement  comment se déroulaient les courses à cette époque. Les braves vaches domestiques qui étaient utilisées n'avaient rien à voir avec les coursières actuelles nerveuses et rapides . Une carte postale de 1910 révéle que les rues n'étaient pas fermées et qu'il n'existait aucune barrière. La course durait quelques minutes, puis comme la vache devait rapidement s'essoufler,on la laissait se reposer attachée à l'un des arbres de la place des Tilleuls, puis le jeu recommençait.... Après la première guerre mondiale, les jeunes Haspandars s'avisèrent qu'ils pourraient trouver quelque vieille vache camarguaise ou espagnole chez l'un des ganaderos landais. De 1919 à 1923 ils achetèrent donc une vraie vache de course, s'en amusèrent, la tuèrent et la distribuèrent aux pauvres et indigents. C'est en 1924 que les courses de vaches prennent un peu l'allure de ce qu'elles sont aujourd'hui.Les jeunes Haspandars séduits par les vraies coursières venues des Landes décidèrent d'en louer quelques unes pour quelques jours. Ils s'entendirent avec la ganadéria Darrieulat et louèrent trois vaches pour 1 500 francs, l'entretien des vaches durant huit jours coûta 250 frs et celui du ganadero 180 frs. Il fallut aussi fermer les rues et ériger quelques barrières, cela coûta 170 frs. Tout cela faisait beaucoup d'argent . Cruel dilemne pour les jeunes qui se virent contraints d'abandonner une tradition vieille de plus de deux siècles durant lesquels les courses avaient toujours  été entièrement gratuites . Ils se mirent d'accord sur une solution intermédiaire l'entrée ne serait pas payante, on offrirait smplement des billets  de tombola. En 1924 le gros lot ne fut pas un voyage aux Balèares mais simplement un agneau de 10 kgs qui coûta 57 francs. Le bilan financier de cette première expérience fut positif les recettes s'élevèrent à 3263 frs et les dépenses à 2913 frs. Le système de la tombola dura jusqu'à l'année 1950 où l'entrée devint payante . Entre temps le nombre de vaches passa à six en 1927 et à neuf en 1947. Vers l'année 1930 un Haspandar Jean Pierre Ingres grand amateur de corrida et chroniqueur taurin eut l'idée d'agrémenter la course du dimanche gras par un défilé de toréadors, matadors, picadors, alguazils et andalouses en calèche. Ce défilé que l'on appelait le paseo obtint toujours un très grand succés, le dernier eut lieu en 1955. Jusqu'en 1934 les vaches sagement groupées  autour d'une vache bretonne et conduites par leur vacher arrivaient des Landes  et y retournaient à pied. L'arrivée des vaches était un grand moment, tous les enfants des écoles se groupaient aux alentours de l'hôtel Yastea dont l'étable allait devenir la demeure des quadrupèdes pour une durée de huit jours. La grande période des courses de vaches fut sans conteste celle de 1925 à 1955. C'était la période où toutes les portes des maisons situées dans les rues et sur la place où se déroulait la course étaient ouvertes. Que de clameurs et de bousculades, que de rires à la vue des gens qui s'engouffraient dans les couloirs  et de la vache qui les poursuivaient. Le café Bordarrempé "Galdea" était célèbre pour les bousculades dont il était le thêatre. Les ganadérias Larrouture d'Ossages et Maigret- Descazeaux de Habas furent les fournisseurs du bétail durant cette période. A partir de 1955 l'évolution des choses fit que les courses de vaches perdirent de leur piment, les portes des particuliers  puis celles des cafés se fermèrent les unes après les autres. Les fêtes se multiplièrent entamant largement la saveur de celles de Carnaval. Conséquence inévitable les bilans financiers des courses qui avaient été toujours largement exédentaires devinrent déficitaires. Il faut tout de même préciser que leur coût qui était de 3 000 frs en 1925 atteignait les 300 000 frs en 1955. Les courses de vaches de Carnaval sont encore maintenues elles se déroulent sur deux journées mais n'attirent plus qu'un maigre public de plus en plus clairsemé.(ajouter la fin des courses de carnaval en février 1999.)

                        En 1960 le syndicat d'initiative tout fraichement créé organisa la première course de vaches d'été qui obtint un très grand succés. Depuis lors chaque année quatre ou cinq courses ont lieu durant les mois de juillet et août. Elles obtiennent toujours un certain succés. Des arènes municipales ayant été construites 4 ou 5 spectacles comico-taurins s'y déroulent chaque été. Là aussi le public répond à l'attente des organisateurs.

                        Courses de rues d'été ou spectacles comico-taurins sont bien différents du jeu qui passoinna des générations de jeunes Haspandars. Leur organisation a cependant deux mérites, celui d'attirer des touristes qui peut-être ne seraient jamais venus à Hasparren et puis aussi celui non négligeable de faciliter l'équilibre financier des budgets des associations qui les organisent.

 

 

(texte de Pierre Ipuy)

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Guerre 1939 – 1945

L'occupation de Hasparren par les troupes allemandes

 

                        Les combats du premier épisode de la guerre se sont terminés pour la France le 25 juin 1940. Dès le 27 juin les troupes allemandes occupent une grande partie de la France. Plusieurs divisions vont venir stationner dans l'étroite bande côtière qui descend jusqu'aux Pyrénées. Ces troupes sont prêtes à déferler à travers l'Espagne jusqu'à Gibraltar si l'entrevue prévue entre Hitler et Franco aboutit. L'entrevue a lieu à Hendaye le 23 octobre 1940. Les troupes du Reich ne franchiront pas la Bidassoa. Les troupes allemandes occupent les moindres petits villages, elles sont composées d'hommes jeunes et bien armés. A Hasparren trois compagnies se sont installées. L'unité 10 508  est une compagnie de DCA, armée de mitraillettes lourdes et de petits canons, elle a occupé le collège St Joseph. L'unité 16 301 est une compagnie d'infanterie qui a choisi Celhay, son matériel est camouflé sous les arbres d'Ihintzia. L'unité 16 088 est une compagnie vétérinaire. Les compagnies d'infanterie sont peu mécanisées par contre elles sont abondamment pourvues en chevaux et charrettes. Celà suppose la présence d'une importante unité sanitaire qui soignera tous les chevaux malades de toute la région. Dès 1940 Hasparren sera choisi pour être le lieu d'implantation des compagnies vétérinaires qui se succéderont. Toutes les écuries à proximité du bourg seront réquisitionnées et d'immenses baraquements en planches seront construits en divers endroits (fronton municipal, parking du Labourd et plusieurs prairies). Ce sera toujours la compagnie vétérinaire qui aura la responsabilité de la "Kommandantur". Les premiers mois cette Kommandantur sera installée à l'hôtel Moderne, et ce, jusqu'à la fin de l'occupation le 22 août 1944.

                        Sur ces trois premières compagnies, deux – la Flack et l'Infanterie- quitteront Hasparren dès septembre. La division dont elles font partie sera rapidement engagée dans la bataille de Russie et se trouvera dans la région de Leningrad en juin 1941. Elles sont remplacées par les unités 17 312 et 20 431 qui font partie de la 2e division d'infanterie. Leur séjour durera jusqu'en mars 1941. Du 28 mai au 31 août 1941 Hasparren accueillera un détachement de l'armée de l'air allemande "La Luftwaffe". Ces soldats aux uniformes bleus conduisent un convoi de camions chargés de fûts d'essence pour l'aviation. Ce matériel sera camouflé sous les grands arbres à l'entrée de la ferme "Alzuyeta".

                        Le 11 août 1943 arrive une importante unité vétérinaire qui porte le n° 47 023, elle restera à Hasparren jusqu'en août 1944. Du 28 avril au 29 août 1943 c'est l'unité 05569 F qui sera la plus remarquée. Il s'agit en effet d'une compagnie de chars d'assaut dont les serveurs aux uniformes noirs sont des soldats jeunes qui ont déjà combattu en Russie, qui viennent se reposer tout en réparant un matériel important mais quelque peu abimé. Les chars sont camouflés dans des trous creusés au bois d'"Elhuyaria". Les deux garages Sallaberry sont réquisitionnés pour y effectuer les réparations nécessaires. 100 hommes et 20 officiers sont logés au trinquet et à l'hôtel Berria.                       

                        Au début de 1944 tout laisse présager l'imminence du débarquement allié. Il faut donc défendre la Côte depuis Dunkerque jusqu'à Hendaye. Les uniformes verts redeviendront aussi nombreux qu'en 1940. La 276è division d'infanterie sera chargée de la surveillance du secteur Capbreton-Hendaye. Quatre nouvelles compagnies soit environ 800 hommes arriveront à Hasparren du 4 au 6 mars. Ils composent les unités N° 22 640 A.E. - 37 180 – 25 446 et 1 275 .1-C. Deux de ces compagnies quitteront Hasparren le 16 juin quelques jours après le débarquement allié. Engagées dans la bataille de Normandie à proximité d'Arguitan, elles y subiront de lourdes pertes. Les deux autres compagnies partiront le 11 août. Enfin la compagnie vétérinaire 47 023 et donc la Kommandantur quitteront Hasparren au moment du repli général des troupes du sud-ouest de la France le 22 août. Cette compagnie se joindra à la 159 e division d'infanterie qui passera par Poitiers avant d'atteindre Beaune. Après avoir rejoint la 19 e Armée qui elle remonte des côtes méditerranéennes, la 159 e division après maints combats et marches de retraite terminera la guerre le 19 mars 1945 à Bad- Kreunach en Allemagne.

                        L'occupation militaire allemande ne perturba pas trop la vie de la population, comme celà se produisit souvent ailleurs. Le seul et grave événement tragique aura été celui du 11 juin 1944 où une sentinelle SS gardant un convoi de munitions de passage pour une nuit à Hasparren, abattit successivement deux jeunes Haspandars à l'heure du couvre-feu. Cette semi-quiétude Hasparren la dut au fait que la responsabilité de la Kommandantur, qui devait assumer les exigences des autorités d'occupation et les relations avec la population civile a toujours été confiée aux diverses compagnies vétérinaires qui se sont succédées. Il s'est trouvé que ces unités étaient composées d'hommes relativement agés, souvent des agriculteurs qui préféraient s'appliquer paisiblement à soigner leurs chevaux , plutôt qu'à s'exercer à des maniements d'armes. Leurs officiers, tous vétérinaires préféraient eux aussi poursuivre les activités qu'ils pratiquaient dans la vie civile, que rechercher à tirer une gloire quelconque d'une action strictement militaire.

                        Un document officiel de la mairie confirme ce qui précède. Le Préfet du département ayant demandé en juin 1945 à tous les maires de lui adresser un rapport concernant la tenue des troupes allemandes dans la ville ou village dont ils avaient la responsabilité. Dans le rapport du maire de Hasparren adressé le 4 juillet 1945 on peut lire:  "Parmi les officiers allemands ayant accordé des facilités aux Français je citerai le capitaine Wilchussen commandant la Compagnie 47 023 qui resta près de deux ans à Hasparren et qui intervint souvent pour aplanir des difficultés survenues à propos des réquisitions . Il fit également cesser une réquisition d'hommes pour la surveillance des lignes électriques  et il est intervenu pour empêcher le départ en Allemagne de quelques hommes appelés pour le service du Travail Obligatoire en Allemagne."

            Nota: Les précisions contenues dans ce récit ont pu être recoupées grâce aux très nombreux documents figurant dans les archives municipales, factures, réquisitions d'immeubles et de prairies et aussi... grâce... à la mémoire de l'auteur de ce texte qui de 1940 à 1944 avait de 14 à 18 ans.

 

 

(texte de Pierre Ipuy)

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Evolution Du Coût De L'instructioncomparativement Au Budget Global De La Commune

Les premières rémunérations connues des Régents sont portés sur les comptes de la communauté de l'année 1648. Un Régent est établi dans chacun des 4 quartiers, chacun d'eux touche 40 livres pour l'année de la communauté, à cette somme vient s'ajouter la rémunération mensuelle payée par les parents des familles les plus aisées de la paroisse. Le coût de l'instruction pour la communauté est donc de 4 salaires de 40 livres soit 160 livres ce qui représente 3,20% du budget total de la communauté qui est de 5 000 livres. Cent ans après, en 1750, les choses n'ont guère évolué. Le salaire des Régents a été porté à 60 livres pour l'année. Le budget total de la communauté représente maintenant 11 000 livres. Le pourcentage consacré à l'instruction n'est plus que de 2,80 %.

                        En 1780 Hasparren possède 6 Régents, la rémunération est toujours de 60 livres annuellement soit un total de 360 livres. Le budget de la commune frappé de taxes et d'impôts nouveaux a atteind 20 000 livres. Le pourcentage réservé à l'instruction n'est plus que de 1,80 %.

                        Après la Révolution, la part du budget réservé à l'instruction va évoluer assez rapidement . A partir de cette époque il sera difficile d'évaluer le pourcentage du coût de l'instruction par rapport au budget global de la commune car s'il n'existe pas d'aide à l'enseignement renouvelée chaque année, par contre des subventions sont accordées ponctuellement aux communes qui en font la demande. Dès les années 1830 Hasparren recevra des subventions de 1 000 ou 1 500 frs qui représenteront environ 50 % du budget de l'instruction. Durant cette période de 1800 à 1850, les budgets seront très irréguliers ainsi en 1853 année où le budget communal sera particulièrement modique  puisqu'il plafonne à 14 000 frs l'instruction coûtera 1 836 frs soit 13,10 % du budget total.

                        En 1876 le budget de l'instruction atteindra 4 135 frs sur un budget total de 36 000 frs soit 11,40 %. C'est après le vote de la loi de jules Ferry en 1881 que les choses vont rapidement changer.

                        En 1882 le budget de l'instruction sera de 10 460 frs pour un budget global de 45 000 frs, il représentera donc 23,20 %.

                        En 1884 l'instruction coûtera 11 034 frs alors que le budget total sera encore de 45 000 frs. L'instruction coûte donc 24,50 % du budget total de la commune. Il faut rappeler que ce budget de l'instruction est financé par la commune et par l'état. L'examen des chiffres révèle que l'aide de l'état ne dépasse jamais l'effort consenti par la commune. Les budgets de 1882-83 et 84 sont assumés pour 50 % par l'état, 50 % par le budget ordinaire de la commune et des centimes additionnels votés pour l'instruction.

                        A partir de 1885 aucun budget concernant l'instruction publique ne figurera plus dans les comptes administratifs de la commune.

 

 

                    (texte de Pierre Ipuy)

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Les Ecoles À Hasparren De 1650 À 1940

Période 1650 à 1700 .

                        Les premiers renseignements concernant les écoles datent de 1658. Sur le livre de comptes de l'année tenu par le maire-abbé on trouve le montant des paiements des Régents "donnant l'école" dans les divers quartiers. Le traitement annuel pour chaque Régent était de 40 livres à la charge de la communauté, comme l'était également le choix des Régents. Chaque quartier possédait un Régent établi dans une maison qui n'était pas spécialement aménagée pour que l'on puisse y "donner" l'école , mais qui était choisie parmi celles qui étaient d'un accés facile pour les enfants qui devaient s'y rendre. Peu de noms de ces maisons se retrouvent dans les archives : Arbaldea, Arcemisbeheria, Labia et Bikaritea. Les habitants révoquaient assez souvent les Régents dont ils n'étaient pas satisfaits. L'école était payante pour les enfants des familles les plus aisées et gratuite pour les enfants indigents. Les écrits de l'époque révélent que la fréquentation des écoles était très irrégulière. L'hiver les intempéries rendaient souvent les chemins impraticables et l'été les travaux des champs retenaient dans les fermes la main d'oeuvre enfantine.

            Période de 1700 à 1789.

                        A partir de l'époque où les premiers compte-rendus des conseils de la communauté ont été rédigés, l'évolution de l'instruction commence à apparaitre plus clairement; on constate qu'outre les Régents qui accueillent les enfants pour le compte de la communauté des personnes que l'on qualifiede"pieuses" peut-être parce que parmi elles figurent quelques prêtres, "donnent" aussi l'école. On précise toutefois que dans ces écoles on apprend surtout les prières et le catéchisme. Dès 1720 le traitement des régents passera de 40 à 60 livres . La rétribution mensuelle à payer par les familles aisées est de 5 sols pour les "commençants", 10 sols pour les "écrivants" et 15 sols pour les "chiffreurs". L'école du bourg se trouvera dans la maison commune et parfois sous le porche de l'église, ce qui évitera à la communauté d'avoir à payer une location pour la maison d'école. Les critères des choix des Régents sont eux aussi précisés : ce sont les maire-abbé et jurats conjointement avec le curé de la paroisse qui examinent les postulants sur ses connaissances et ses bonnes moeurs. Le choix doit être ensuite entériné par l'évêque du diocèse . Harana, Labiri,Celhay et Minhots ont donc chacun leur Régent mais le quartier de Halsquet en demande également un, la demande est prise en considération mais le conseil de la communauté très économe décide qu'un seul Régent assumera la charge de deux écoles. C'est celui de Celhay qui restera le matin dans son quartier et ira à Halsquet l'après-midi. En 1750 le Régent de Harana est aussi le chantre de l'église, il est donc autorisé à fermer sa classe chaque fois qu'il devra assurer une cérémonie religieuse. Parfois des dons ou legs exigent des réalisations que l'on ne peut pas qualifier de superflues. Ainsi en 1767 Martin Bidegaray natif de la maison "Elizaleku" et résidant au Pérou attribue à la communauté l'importante somme de 30 000 livres pour entre autres choses, entretenir une maison d'école au quartier Labiri. Cette école sera effectivement ouverte en 1769 à la maison "Labia".

            La première école congréganiste en 1738.

                        La création à Hasparren d'une "maison de retraite" qui en fait était aussi un couvent et une école, résolut pour une bonne part les problèmes posés par l'instruction des filles. Dans un document établi par l'abbé Dubarat on peut lire : Mademoiselle d'Etcheverry native d'Urrugne et l'abbé Daguerre fondateur du séminaire de Larressore eurent l'idée d'ouvrir une maison de retraite à Hasparren  Monseigneur de Bellefond, évêque de Bayonne approuva le projet et le couvent fut établi en 1738. Cinq religieuses de la Visitation en furent les premières responsables. Il y avait un pensionnat de jeunes filles , mais on y faisait aussi l'école gratuitement. Ce fut un bienfait immense pour le Pays Basque. Les jeunes filles pauvres et de modeste condition pouvaient s'y faire instruire. La maison de retraite appelée "Komentu Zaharra" dut cesser son activité au moment de la Révolution. Les 12 religieuses qui y séjournaient trouvèrent un refuge dans 3 maisons de Hasparren.

                        En 1791 le maire dut adresser un état descriptif du couvent au Préfet, ce qui nous permet de mieux le connaitre. "Cette maison d'éducation qui existait avant 1789 était composée de 24 filles dont 9 ou 10 exclusivement attachées à l'éducation de la jeunesse . Le pensionnat comportait 40 élèves , un certain nombre d'externes profitaient de l'instruction. La maison tenait une classe gratuite où étaient admis les enfants des familles pauvres. Le genre d'instruction était: les principes de la religion, la lecture, l'écriture, l'arithmètique et toute espèce de travail manuel utile pour les femmes."

 

            Période post-révolutionnaire

                        L'après-Révolution n'apportera que peu de changement concernant l'instruction. En 1801 le Préfet souhaite la création d'une école secondaire. Le maire Courtelarre lui propose le local de "Komentu-Zaharra" et lui suggère que le genre d'instruction convenable aux administrés de l'arrondissement serait : la morale, l'écriture, l'arithmètique, la langue française et la latinité. Le projet n'aboutira pas.  A partir de 1805 apparaissent les premières autorisations d'instruire accordées par l'académie de Pau. Pendant une trentaine d'années il y aura deux instituteurs au bourg, un seul aux quartiers d'Urcuray, Labiri,Celhay et La Chapelle(Elizaberri). Le budget consacré à l'instruction atteint à peine 300 francs. A l'avénement de Louis-Philippe en 1830 une ordonnance royale encourage la propagation de l'instruction primaire. C'est l'occasion de faire le point pour le conseil municipal: Il constate que Hasparren ne possède en son sein aucune école communale publique ou gratuite mais qu'on y compte six instituteurs brevétés libres et placés à la tête d'écoles payantes. Il apprécie tous les avantages que pourrait retirer la classe indigente de la propagation d'une instruction gratuite mais ne peut se permettre une nouvelle imposition extraordinaire pour y parvenir.

                        En 1833 la loi Guizot tend elle aussi à donner un nouvel élan à l'instruction. Elle exige que les communes s'équipent en batiments nécessaires et que les traitements des instituteurs soient nettement majorés. Le conseil municipal estime que les quartiers sont correctement desservis,et, que seule l'école du bourg qui se trouve toujours dans l'immeuble de la mairie pourrait être jugée de dimension insuffisante. Dans le cas où une nouvelle école devrait être construite une subvention de 3 000 frs sera sollicitée. La rémunération à acquitter par les élèves payants est de 60 centimes pour lire seulement, 75 centimes pour lire et écrire, 1 franc pour lire, écrire et calculer.

 

            Les écoles Congréganistes

                        En 1837 l'abbé Garat qui a acheté la maison "Landaburua" et y a fondé la maison des missionnaires diocésains achète aussi la maison "Hoditea" toute proche et l'une des plus anciennes de Hasparren. Il en fait don à la congrégation des "Filles de la Croix" de St André qui va y déléguer une quinzaine de religieuses. Sept d'entre elles se consacreront à l'éducation et à l'instruction de la jeunesse. Dès la première année elles ouvriront une école de filles au bourg ainsi qu'un pensionnat qui accueillera une quarantaine d'internes , plus tard elles ouvriront un asile pour les enfants en bas âge. En 1862 à la demande de l'abbé Deyheralde elles ouvrent une école à la maison "Larreburua" à Elizaberri. Elles vont y accueillir une centaine d'enfants venus des quartiers Elizaberri, Labiri et Halsquet. En 1869 elles ouvrent une nouvelle école au quartier Celhay, cette école ne sera fréquentée que par les filles. L'ouvroir établi à la maison Hoditea verra se succéder des générations de jeunes filles  et ne sera fermée qu'en 1983. Par contre toutes ces écoles seront fermées par arrêté du gouvernement à la date du 1er février 1907.

                         En 1841 toujours accueillis par les missionnaires diocésains arrivent douze frères des écoles chrétiennes qui selon les archives étaient souhaités par de nombreux habitants, notables et fonctionnaires publics. Ces frères ouvriront tout d'abord une école primaire, puis le collège Saint Joseph qui prendra son véritable essor en 1852. Dès l'ouverture il accueillera 160 internes , plus tard sa capacité sera de  plus de 200 élèves . Son rayonnement et sa réputation seront considérables, on y viendra de tout le Pays Basque mais aussi du Béarn et des Landes. Il sera aussi réputé au-delà des Pyrénées puisqu'en consultant le recensement de Hasparren établi en 1891 on y découvre que l'effectif de sa population scolaire se compose de 40 jeunes français et de 119 jeunes Espagnols majoritairement Basques, mais aussi pour quelques uns venant de provinces plus lointaines. Ces deux établissements seront fermés par arrêté du gouvernement à la date du 1er septembre 1911. Ils seront réouverts par le clergé diocésain.

                        Entre temps deux des anciennes écoles existantes ont obtenu le statut d'école communale, ce sont l'école du bourg et celle d'Urcuray, elles sont respectivement dirigées par Mrs Poeyt et Galant. Les deux nouvelles écoles posent un nouveau problème de financement et le conseil municipal demande des aides pour l'une et pour l'autre. D'abord en 1844 puis en 1848  le conseil municipal demande 1 500 frs et affirme qu'il apprécie tous les jours davantage le travail de ces enseignants infatiguables mais la commune est dans la plus affreuse misère. Il témoignera de sa vive reconnaissance en unissant son faible concours aux efforts généreux pour le progrès des lumières et le bonheur de la société sous l'heureuse influence d'une bonne éducation... Et il assure Monsieur le Ministre de sa haute considération!

                        En 1850 la Loi "Falloux" consacre la liberté de l'enseignement . De nouveaux efforts sont demandés, les instituteurs des écoles communales verront leur traitement augmenté sensiblement. Ils toucheront 600 francs y compris les rétributions des élèves payants. La liste des élèves indigents qui devront être acceptés dans ces deux écoles communales sera établie par l'autorité locale et l'autorité religieuse.

                        En 1852 le conseil municipal considérant les immenses services rendus par l'école des frères à la population, considérant que cette école reçoit quatre fois autant d'enfants que les deux autres écoles ensemble, soit 300 enfants dont 150 indigents. Il demande qu'elle soit reconnue comme école communale et que son directeur Mr Michel Elissamburu en religion frère "Innocentius" soit assimilé aux instituteurs communaux. Cette demande sera approuvée par une décision du Préfet datée du 27 mars 1852.

                         En 1853 une subvention de 1 500 frs est accordée par le ministre de l'instruction publique et du culte pour l'asile, l'école des filles et l'ouvroir dirigés par les soeurs de la Croix de St Andre.

                        En 1858 l'école des filles dirigée  par  les soeurs de la Croix de St Andre est à son tour érigée en école communale.

                        En 1862 le Préfet exige que les écoles tenues par les congréganistes ne soient pas entièrement gratuites afin qu'elles puissent subvenir à l'entretien de leurs bâtiments. Le conseil municipal répond que ces bâtiments sont pour l'un la propriété des Filles de la Croix et que l'école des Frères est placée dans un bâtiment construit uniquement dans ce but par les personnes charitables qui les appelèrent dans la commune.

                        En 1864 le conseil municipal reçoit une invitation vigoureuse à créer une salle d'asile. Il n'en voit pas l'utilité puisqu'il en existe déjà. Les frères des écoles chrétiennes et les religieuses reçoivent les tout jeunes enfants . Dans les quartiers des personnes pieuses reçoivent des enfants d'âge tendre et enfin à Elizaberri l'abbé Deyheralde a ouvert à ses frais une vraie salle d'asile fréquentée par 100 enfants de Halsquet, Labiri et Elizaberri.

                        En 1866 le conseil municipal décide à la presque unanimité des membres présents la fermeture de l'école communale de Mr Galand tout en rendant justice au zèle déployé par cet instituteur . Cette école fait double emploi. L'argent ainsi libéré sera cependant utilisé pour l'éducation de la jeunesse.

                        En 1867 la loi "Durruy" apporte encore quelques exigences et le Préfet demande que la commune vote quatre centimes additionnels pour l'instruction. La demande est rejetée.

                        En 1872 le conseil municipal décide de créer dans chacun des quartiers Celhay et Elizaberri une école communale de garçons . Ces écoles seront effectivement ouvertes à "Hoditea" pour Elizaberri et "Hastingatea" pour Celhay.

                        En 1878 un Haspandar Bernard Broussain qui s'est enrichi en République Argentine meurt et lègue à la commune de Hasparren la somme de 50 000 frs à la condition qu'elle l'utilise pour l'établissement d'une école publique supérieure dans un délai de 4 ans. Le C.M. se réunit et délibère. Il reconnait que l'école actuelle dirigée avec tant de dévouement et de zèle suffit aux besoins de la localité et il se plait à rendre un hommage éclatant et public à ces modestes frères des écoles chrétiennes qui depuis de longues années usent leur vie à élever les enfants. Néammoins il croit de son devoir de profiter de la générosité du bienfaiteur de la commune. Il vote à l'unanimité des membres présents la création d'une école laïque supérieure entretenu par les seules ressources du legs Broussain. Par 16 voix sur 18, le haut du foirail récemment  aménagé est choisi comme lieu d'implantation du nouveau bâtiment. Le terrain nécessaire sera payé 2 480 frs, tandis que le coût de construction de cette belle bâtisse comprenant salles de classe, préau et logement de l'instituteur s'élévera à 23 394 frs. La plaque apposée sur cette école laïque portera cependant l'inscription "Institution Saint-Bernard" rappelant le prénom du généreux donateur.

                        En 1881 promulgation de la loi Jules Ferry créant la gratuité de l'enseignement. Il est obligatoire de voter des centimes additionnels pour financer l'instruction publique . Les conseillers municipaux convoqués trois fois se retrouvent toujours à 12 . Les centimes sont cependant votés à la troisième réunion comme la loi l'autorise . A l'école laïque supérieure qui vient d'être créée  on veut pratiquer la gymnastique . Le C.M. demande une aide pour l'installation de portique, mât et cordages afin de parvenir au développement normal et progressif des forces physiques des élèves. En novembre de cette même année le Préfet adresse une lettre par laquelle conformément à la nouvelle loi il suggère la création d'une école publique au quartier Pegna, la transformation des écoles congréganistes de Celhay et d'Elizaberri en écoles publiques  et la construction de plusieurs maisons d'écoles. Le conseil répondra que tous ces problèmes doivent être sérieusement examinés et qu'il désigne une commission qui sera chargée d'approfondir ces affaires !

                        En 1882 suivant les instructions reçues il est constitué une commission scolaire pour surveiller et encourager la fréquentation des écoles. Il est créé une caisse des Ecoles dont les ressources proviendront de la commune, du département et de l'état ainsi que de dons et de legs. Elle permettra de distribuer des récompenses sous forme de livres utiles, des livrets de Caisse d'Epargne aux élèves les plus appliqués , d'aider les élèves indigents en leur donnant les livres et fournitures , des vêtements et des chaussures  et des aliments chauds pendant l'hiver. Enfin autre problème important l'école des Frères accueille 163 garçons avec seulement 2 instituteurs diplomés. Le C.M. demande la création d'un poste de 3e instituteur adjoint.

                        Le 26 janvier 1886 le maire rassemble le C.M. pour l'informer que par lettre du 28 décembre dernier le Sous-Préfet lui transmettait la décision du conseil départemental de l'instruction publique qui exigeait la fermeture de l'école congréganiste des garçons tenue par les Frères des écoles  chrétiennes, le 31 du même mois. Considérant que depuis plus de 34 ans les Frères dirigent une école communale publique avec le plus grand dévouement et à la satisfaction de toute la population, qu'il lui serait impossible de fournir les locaux nécessaires pour les 160 élèves qui fréquentent cette école, que cette mesure est absolument injustifiée. Il proteste contre cette décision et espère que Mr le Ministre ou le Préfet mieux informé voudront bien maintenir l'école congréganiste des garçons dans les mêmes conditions qu'actuellement.

                        Août 1888 le C.M. rejette les propositions de l'Inspection Académique qui suggèrent la création d'un poste supplémentaire d'institutrice à l'école des filles du bourg, la création d'une école de filles aux quartiers Elizaberri et Celhay et la création d'une école mixte aux écoles des quartiers Pegna et de La Côte.

                        1900 le C.M. souhaite à son tour la création d'un cours complémentaire qui rendrait les plus grands services dans un centre industriel et commercial comme celui de Hasparren qui compte près de 6 000 habitants. En plus des matières du programme habituel, ce cours comprendrait des leçons de langue espagnole et de comptabilité commerciale. De plus cette réalisation rejoindrait le souhait de Bernard Broussain qui évoquait dans son testament la création d'une école supérieure.

                        1902 le C.M. réuni le 19 janvier décide d'ouvrir une école mixte publique au quartier Pegna. Elle sera établie dans la maison "Magnotenia" dont une partie est louée à cet effet. L'école sera effectivement fonctionnelle dans un délai très court. Au mois de mars le conseil émettra le voeu du maintien des écoles congréganistes tenues par les " Filles de la Croix" . Considérant que les filles de la Croix se sont conformées à la loi, que ces religieuses n'ont jamais été l'objet d'aucune réclamation de la part de la population et qu'elles jouissent de l'estime publique, émet un avis favorable pour le maintien des écoles dirigées par les soeurs de la congrégation des Filles de la Croix de Saint-André.

                        1903 le Préfet exige l'ouverture d'une école laïque de filles au bourg. Le C.M. prend des dispositions pour acquiescer à cette demande . La commune achète la maison "Esperantxaenia" à côté du fronton municipal. Le coût de l'achat et de l'aménagement s'élèvera à 39 500 frs. La subvention accordée par l'état étant de 8 295 frs la commune contractera un emprunt de 32 000 frs dont l'amortissement sera assuré par le vote de 7 centimes additionnels supplémentaires. Une lettre du 7 avril 1903  provenant de la Préfecture rappelle que l'époque est celle où l'on réglemente l'étude du catéchisme qui doit être faite en français. A une question qui lui a été posée le maire de Hasparren répondra que depuis les dernières instructions ministérielles Mr le Curé de Hasparren fait le catéchisme en français et donne des explications en Basque aux enfants qui ne comprennent pas la Langue Nationale. Mr le Préfet reconnait que l'application des instructions du gouvernement comporte des tempéraments à Hasparren parce que notamment sur 29 filles  de l'école congréganiste 23 seraient incapables de comprendre le Français et il ajoute que c'est là un argument de plus en faveur d'une prompte laïcisation des écoles tenues par les Frères des écoles chrétiennes et les soeurs Filles de la Croix.

                        1905 Loi sur la séparation des Eglises et de l'Etat

            Dès 1905 les écoles congréganistes de Celhay et d'Elizaberri sont laïcisées. L'école des filles du bourg sera fermée par Arrêté Départemental le 1er février 1907 . Très rapidement une nouvelle école sera construite et ouverte dans un terrain situé en face de "Marandea" où elle était établie jusque là et qui appartient à la famille Elissagaray. L'école des garçons tenue par les Frères des écoles chrétiennes  sera fermée par arrêté gouvernemental le 1er septembre 1911. L'école et le collège resteront dans leurs locaux, des instituteurs laïques remplaceront la dizaine de Frères attachés au service du Collège.

                        En 1914 l'instituteur public de l'école des garçons du bourg alarmé par les bruits concernant la guerre qui se prépare demande au C.M. l'acquisition d'une carabine pour organiser dans l'école des exercises de tir en vue de la préparation de ses élèves au métier militaire. La proposition est acceptée et le coût de la carabine sera de 80 frs. Le Préfet pour sa part rappelle l'intêret qui s'attache à assurer aussi stictement que possible la fréquentation scolaire devenue obligatoire par la loi de 1882. Une commission municipale de 6 membres sera chargée de cette surveillance, et, il sera donné ordre à l'agent de police de conduire à l'école tous les enfants d'âge scolaire rencontrés dans la rue sans motif légitime.

                        En 1920 le Préfet informe le C.M. que Hasparren a été choisi pour être le siège de l'un des dix centres post-scolaires du département où sera dispensé l'enseignement public professionnel de l'Agriculture . Le lieu choisi sera l'école publique des garçons.

                        En 1924 la première inspection sanitaire des écoles doit être organisée. Le C.M. décide de demander aux trois médecins du lieu d'assurer à tour de rôle pendant un an deux visites semestrielles dans toutes les écoles. La récente révision de la carte scolaire fixe l'effectif minimum par classe comme suit : 50 élèves pour 1 école à 2 classes, 80 élèves pour 3 classes, 120 élèves pour 4 classes et 160 élèves pour 5 classes.

                        En 1934 le C.M. consulté sur l'éventuelle transformation de l'école publique de garçons de Celhay en école mixte et considérant que cette mesure de gémination heurte violemment les traditions, la mentalité et les habitudes familiales du Pays Basque émet un avis défavorable à cette proposition.

 

 

(texte de Pierre Ipuy)

 

Eskualduna du 18 août 1911

                       

                        lettre circulaire adressée par le directeur du Collège St Joseph

 

            Vous n'ignorez pas les douloureuses mesures administratives qui privent désormais notre cher pensionnat St Joseph de Hasparren du concours des chers frères des écoles chrétiennes. Si douloureux que soit le départ des chers frères nous avons le devoir de prévoir l'avenir , il nous appartient d'assurer dès octobre prochain le plein fonctionnement du collège sur le pied des études antérieures. Cette délicate mission est plus que facilitée . Elle est assurée par la haute et fraternelle sollicitude de Mgr l'Evèque. Voici en effet les lignes qu'a daigné nous adresser sa grandeur, elles sont pour nous un réconfort, elles donnent à nos âmes toute sécurité et tout repos.

                        "Rien ne sera changé écrit Mgr, je prends en main la suite et le soin de ce cher collège. Il y aura des maîtres comme par le passé pour soutenir la valeur des études même des prêtres diplômés seront adjoints à l'établissement pour donner plus de prestige encore au collège de Hasparren ".

                        Il nous est doux de vous donner ces assurances. Vos enfants vous continuerez à nous les confier et comme nous l'avons fait depuis 70 ans nous les éléverons dans les principes les plus chrétiens et selon les programmes les plus classiques. Nous vous serions reconnaissants si vous aviez la bonté de recommander à vos amis et connaissances le collège St Joseph.

Signé: S Hueguiagaray                                                                     JB Ossiniry prêtre

 Chanoine honoraire , Supérieur des                                                 Directeur du collège St Joseph

missionnaires diocésains de Hasparren        

                        

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