Les Landes Communales

Ce  texte qui sera divisé en plusieurs parties tachera de montrer au moins partiellement comment durant des siècles fut géré ce qui pour Hasparren était sa principale richesse , les vastes territoires  qui entouraient son bourg. Hasparren était la commune la plus vaste de la province du Labourd. Elle avait et elle a toujours 7701 hectares. A une époque où les engrais n'existaient pas ou très peu, le rendement de ces terres était pauvre. L'agriculture n'a jamais représenté plus de la moitié de l'activité de ses habitants. Cette présentation sera divisée en 5 parties différentes : les fougeraies- le pacage des troupeaux – les prairies – la gestion de la forêt et la vente des terrains.

                                                           Les fougeraies

                        Pour débuter ces quelques explications sur les fougeraies, il nous faut parler de "Confessions". Pourquoi?  Et bien parce que en 1736 un paysan de Hasparren qui exploitait une pièce de terre mesurant 5 quarterons de superficie sans payer aucun droit, fut pris de remords. Il alla donc trouver le maire-abbé, lui avoua sa faute avant d'aller se confesser! C'est là l'une des choses étonnantes que l'on découvre lorsqu'on lit les archives vieilles de 3 siècles. En 1749, des abus étant constatés dans la gestion des fougeraies, il est rappelé que chaque habitant ne peut disposer que de dix conques de terre à fougeraies et qu'il doit payer 8 sols la conque. Les rôles des fougeraies devra être refait et le fait de savoir si les habitants du lieu peuvent céder à des paysans des villages environnants  l'exploitation de leurs sarrois devra être discuté. Le 8 novembre 1750 le sieur Goïtia qui fut un excellent maire exige que tous les droits et en particulier ceux des fougeraies soient payés. Il poursuivra ceux qui ne se mettront pas en règle  mais par contre il déchargera de ce paiement ceux qu'il jugera être misérables et hors d'état  de le faire !

En 1756, toutes les fougeraies n'ayant pas été allouées le conseil de la communauté décide que les habitants pourront exploiter et emporter pour en faire des engrais les fougères des indivis qu'ils auront préalablement marqués.  En 1757, il est rappelé que les paysans pourront couper la fougère pendant les trois jours où cela sera libre comme cela a été appliqué  de tout temps.   En 1771, de nouveaux interdits apparaissent dans la réglementation des fougeraies. En effet, il est apparu que des paysans locaux portent dans les villages voisins des fougères qu'ils utilisent comme engrais pour les terres qu'ils y exploitent. Cela sera dorénavant défendu, les fougeraies doivent être utilisées sur les terrains de la commune. D'autre part il a été constaté que quelques paysans étrangers coupent du bois dans la forêt communale et le cachent ensuite sous quelques brassées de fougères. Ils seront pourchassés par les garde-bois. Cette décision provoque la colère du sieur Saint-Bois, propriétaire de Mendiburua, qui n'accepte pas cette décision.    En 1785, un nouveau rôle des sarrois est constitué. Les jurats de chaque quartier veilleront à sa réalisation.               Longtemps après en 1828, l'administration des Eaux et Forêts veut aider la commune pour une meilleure exploitation de ces landes communales. Il n'en fera rien car le conseil municipal de l'époque considérant que le droit de pacage et de parcours est devenu d'une indispensable utilité, qu'on ne saurait l'entraver sans compromettre gravement les intérets des agriculteurs. Ce  régime forestier est donc refusé.        En 1891, St Martin Harriague est maire de la commune, l'afferme des landes communales expire le 31 décembre de cette année-là. Il y a donc lieu de les remettre en adjudication pour une durée de 9 ans. Cette adjudication concernera 2047 hectares divisés en 445 lots. La mise à prix globale est de 2264 francs. L'adjudication aura lieu quelques jours plus tard, elle rapportera la somme de 2407 francs.    En 1909 aura lieu une nouvelle adjudication, elle concerne toujours 2047 hectares qui ne sont plus divisés qu'en 253 lots. Le prix total obtenu sera de 2894 francs.         En 1929, la commune de Hasparren loue à Mr Richelet 600 hectares de ses landes afin qu'il puisse y pratiquer la chasse. Cela lui coûtera 2500 francs par an.              En 1928 une proposition est faite au conseil municipal qui parait allèchante. Les 2000 hectares de landes de Hasparren pourraient être loués 40000 francs par an alors qu'elles rapportent actuellement 2967 frs50. Que faire? Tous les paysans sont en émoi. Que faut-il faire pour préserver ces landes? Faut-il augmenter le prix du pacage des brebis? Faut-il augmenter le prix des lots de prairies et des landes? La discussion dut être difficile. Quoiqu'il en soit , rien ne fut changé. L'exploitation des landes communales continuera à être ce qu'elle était.         Ainsi en 1929, le cahier des charges de la nouvelle adjudication précisera qu'elle comprendra 253 lots pour une superficie totale de 2047 hectares 15 ares et 2 centiares. Les lots les plus importants ont une superficie de 22 à 24 hectares, leur mise à prix sera de 35 à 42 francs, les lots les moins importants ont une superficie d'environ 1 hectare, leur mise à prix sera de 3 à 10 francs. La commune se réserve le droit de faire des semis et des plantations  sur toute l'étendue des landes communales tout comme elle se réserve le droit de parcours des animaux  sur toute cette même étendue.

                                                  Réglementation du pacage

 

Le droit de pacage des animaux dans les landes communales a lui aussi été souvent discuté. Les prix ont été modifiés, la présence des animaux appartenant à des propriétaires n'habitant pas Hasparren , parfois tolérée parfois interdite.  En  1737 par exemple l'assemblée générale des habitants considérant que les animaux dont les propriétaires vivent dans les villages voisins sont de plus en plus nombreux à venir paccager dans les landes communales, décideque pour chaque boeuf ou chaque vache ils devront payer 5 sols, tandis qu'ils paieront 10 sols pour chaque porc et autre bêtes en proportion. Durant cette période, les procés surgissent abondemment, l'un de ceux-ci est particulièrement délicat à régler. L'affaire va finalement jusqu'à Paris où le jugement sera rendu.   En 1768 une affaire qui elle aussi prend de l'ampleur opposa le conseil de la communauté à des propriétaires locaux. Ils ont autorisés un berger non pas de Mouguerre ou de Jatxou mais de Bustince, Iriberri, à faire paccager son troupeau sur des terrains qui leur sont alloués par la communauté. L'affaire ne sera jugée qu'au bout de trois années.   En 1773, ce sont les chèvres qui ne sont plus admises sur les landes communales, compte-tenu des graves dégradations dont elles sont la cause.     En 1825, les choses se gatent. Le nombre de troupeaux fréquentant les landes communales augmente de plus en plus. Pour accroitre les pâturages on pratique beaucoup trop abondamment l'incendie des broussailles. La clameur publique signale que ce sont les bergers du pays de Cize qui mettent le feu aux soustrages indispensables à la bonification des terres. Le maire propose donc et le conseil arrête à l'unanimité que le droit de parcours demeure interdit dans les communaux de Hasparren aux troupeaux étrangers ou Bas-Navarrais. Les propriétaires et forains ne pourront exercer ce droit  qu' en raison directe des biens dont ils jouissent dans la commune. On reviendra à l'ancien usage, qui accordait à chaque propriétaire la faculté de faire paccager dans les communaux quinze individus par arpent (23 ares de terre culte).     En 1835, les avis ont changé. Le conseil de la communauté délibère et décide " considérant  que les troupeaux sont utiles soit pour l'engrais des terres soit pour procurer un revenu à la communauté "celle-ci est d'avis d'admettre les troupeaux étrangers à la commune dans toutes les landes, à la charge par les maitres respectifs des troupeaux de les héberger dans les bordes ou maisons situés à Hasparren, à la charge aussi de payer 15 centimes par tête de chaque animal. Aucune chèvre ne sera admise. Les propriétaires de Mouguerre et de Briscous pourront aussi faire partie dans les landes communales de Hasparren mais seulement dans les limites usitées jusqu'à ce jour. Ils paieront aussi 15 centimes par tête. Quelques jours après cette décision, une pétition présentée par divers habitants de la commune proteste contre ces nouvelles dispositions qui sont cependant maintenues telles qu'elles ont été décidées.      En 1853 une nouvelle réglementation des droits de parcours est mise en place par la municipalité. Il y est dit ceci : le droit de parcours sera entièrement libre pour tous les troupeaux de bêtes quelconques appartenant aux habitants de la commune.Le liberté de parcours est accordée aux troupeaux étrangers dans la partie des landes communales comprise entre les premières bordes au sud  et la limite de ces landes au nord, depuis le 1er novembre jusqu'au 15 mai moyennant un droit annuel de 15 centimes par tête. Les bêtes à cornes, les chevaux ou juments et les baudets dont les propriétaires sont étrangers à la commune seront également assujettis à un droit annuel de 1 franc par tête. Les propriétaires forains qui ont leur domicile hors de la commune jouiront du parcours libre  sans indemnité jusqu'à concurrence de 10 têtes de brebis ou moutons par 29 ares de terre labourable qu'ils possèdent dans la commune.

En 1853, une révision du droit de parcours est décidée : le bétail à cornes, les chevaux, mulets et anes paieront 2 francs par tête, les chèvres appartenant aux habitants du lieu paieront 2 frs par tête, les chèvres appartenant à des propriétaires étrangers  paieront 3 francs.      En 1888 et dans le but de créer des ressources nouvelles, il est décidé que les troupeaux de brebis appartenant à des propriétaires étrangers paieront 35 centimes par tête. Les animaux de race bovine, chevaline et mulassière appartenant à des propriétaires étrangers paieront 3 francs par tête, les chèvres appartenant à des étrangers paieront 5 frs par tête. D'autres mesures sont prises pour lutter contre les incendies.     En 1910, le conseil municipal décide de créer une nouvelle source de revenus en exposant en adjudication le droit de faire parcourir des porcs pour s'y nourrir de glands tombés à terre.        En 1914,  ce sont les propriétaires de poneys qui devront payer des taxes. A partir du 1er janvier 1915  les propriétaires de la commune paieront 3 francs par tête et par an. Pour les propriétaires étrangers à la commune ils paieront 7 frs par tête et par an. Tous les poneys seront marqués au fer rouge,H s'ils sont de Hasparren et E s'ils sont étrangers.    En 1929, le maire expose qu'il ne cesse de recevoir les doléances des agriculteurs qui louent les fougeraies pour en retirer les litières pour leurs animaux et qui se plaignent que les fougeraies sont piétinées et abimées. Il y a lieu d'augmenter les taxes de parcours des animaux dans les landes communales. Le maire rappelle à ce sujet qu'en 1926 la commune pour ne pas nuire aux propriétaires de troupeaux refusa de vendre 2000 hectares  au prix de 500 frs l'hectare ou de les louer au prix de 20 frs l'hectare ce qui aurait produit dans le premier cas un million de francs et dans le second une redevance annuelle de 40000 frs. Les taxes de pacage seront donc doublées, elles seront de 0,50 fr par mouton ou brebis pour les éleveurs de Hasparren et 3 frs pour les étrangers. Pour les poneys de cultivateurs locaux elle sera de 10 frs et de 30 frs pour les étrangers et enfin de 10 frs pour toutes les vaches de Hasparren ou d'ailleurs.  Le 1er octobre 1933, le conseil municipal dont le maire est le docteur Jean Lissar décide qu'aucun poney ne pourra plus paccager dans les landes communales. Ces animaux seront tous mis en fourrière.  Le 8 novembre 1936, la commission des bois et landes de Hasparren se réunit pour reconsidérer la question concernant les "poneys " ou "pottoks ". Elle doit délibérer sur deux propositions. Faut-il interdire complétement le parcours des landes communales aux paysans locaux et étrangers ou faut-il réglementer le parcours pour les propriétaires locaux et l'interdire complétement aux éleveurs étrangers?  Il est décidé par la commission:

1er : interdiction totale des poneys étrangers à la communauté

2e : le maintien du droit de parcours pour les propriétaires de la commune le droit payé étant porté de 10 à                        12 frs.

3e : que les propriétaires ne pourront faire parcourir que 5 poneys chacun.

 

                                                           Les prairies communales

 

                        La location des prairies communales a été elle aussi la source de maigres revenus pour les finances communales. Elles se trouvaient pour la plupart d'entre elles situées sur les deux bords  du ruisseau Ardanavi et le nombre a varié de 24 à 27. La durée de l'adjudication a été très variable allant de 6 années à 8 années. La première adjudication de ces prairies que nous trouvons dans les archives de la mairie date du 23 octobre 1740. La superficie de chaque prairie n'est pas signalée sur le document dont il s'agit. La seule chose importante sans doute pour le secrétaire de l'époque étant le montant de l'enchère à laquelle la location de la prairie était attribuée. On dira simplement que les prairies les moins chères étaient attribuées pour  l'année à 6 ou 8 livres, les plus chères pour leur part atteignant 50 à 60 livres. Les droits de l'acquéreur sur la prairie débutaient le 11 novembre pour se terminer toujours le 11 novembre 6-7 ou 8 ans plus tard. Ces enchères ont eu lieu toujours de la même manière tout au moins jusqu'à l'époque de la Révolution. Il en fut ainsi le 30 octobre 1785 jour où la chambre de députation de la communauté de Hasparren se réunit pour renouveler les baux des prairies et prendre les moyens de faire les réparations qui y sont nécessaires. Il y est décrété que l'un des jurats ira avec un expert visiter les prairies pour voir les réparations nécessaires, ce qui sera fait tout de suite aux frais de la communauté. Il est décidé aussi qu'il ne sera point permis  à ceux qui prendront les dites prairies à la ferme, de les sous-louer à des étrangers sous quelque prétexte que ce soit, ni de consentir que leur bétail paisse aux herbes mortes, à peine de trente livres. Le public averti par le prône de ce jour, de l'exposition des dites prairies à l'encan et ayant ouï la lecture des articles ci-dessus faite , l'encan ayant été ouvert par l'organe du sieur Pierre Hiriart maire-abbé et après plusieurs enchères et surenchères, la délivrance pour huit ans à commencer du 11 novembre prochain en a été faite au plus offrant et dernier enchérisseur. En cette année 1785 , la prairie la moins chère a été adjugée à 15 livres et la plus chère à 172 livres. Quand arrive la Révolution  tous les biens patrimoniaux doivent être vendus! Le 20e jour de ventose  de l'an II de la République, les notables de Hasparren sont bien embarassés. Ils se réunissent à la mairie et décident à l'unanimité -  que la vente des biens patrimoniaux ne pouvant se faire en temps voulu , le bien et l'avantage public demande d'affermer  encore pour un an les prairies communales, - que la première enchère sera  ouverte quintidi  prochain et la seconde decadi prochain, - que les adjudicataires paieront en main des officiers municipaux  la moitié de la ferme  et l'autre moitié dans les six mois en fournissant une caution solvable, - que dans le produit de ces fermes  des prairies sera prise la somme de 2040 livres pour remplacer le déficit de pareille somme survenue au bureau  des paiements généraux  de l'armée à Bayonne lors de l'échange des monnaies d'or et d'argent contre des assignats... Et il en fut fait ainsi !!

            Par les archives de l'an 1821 on se rend compte que les élus de l'époque constatent l'état de nullité des landes de Hasparren provoqué par des incendies et des dévastations journalières dont elles sont l'objet. Considérant donc que leurexploitation qui autrefois contribuait à accroitre les ressources de la commune ne produit rien aujourd'hui, l'assemblée décide que le maire soit autorisé à les mettre en location pour un temps qui ne pourra excéder 9 ans.Pour cette location les lots de terrains seront divisés en trois classes selon la qualité de ce terrain. La première classe sera payée à 60 centimes l'arpent c'est-à-dire 33 ares, celle de la deuxième classe sera payée 50 centimes et celle de la troisième classe 40 cts.

Le 26 mars 1842 le conseil municipal se réunit sous la présidence de son maire André Dainciart. Il décide de rédiger un cahier des charges  concernant les 24 prairies communales. Ce cahier des charges précise la mise à prix des 24 lots qui s'échelonne de 18 frs 50 à  120 francs. Le bail durera de 1842 à 1846. L'adjudicataire pourra cultiver cette terre comme il le voudra mais il devra le laisser en état de prairie lorsque le bail se terminera. Il devra administrer sa terre en bon père de famille. Tous les habitants de Hasparren pourront surenchérir et devenir adjudicataires. En 1846 les 24 prairies doivent être à nouveau affermées.... mais seulement 2 lots trouvent preneur. De ce fait, il est décidé que le bail de ces prairies ne durera que trois années. D'autre part il sera admis sans restriction que toute personne même étrangère à la commune pourra être adjudicataire. Ces deux modifications suffisent à générer les repreneurs nécessaires.    En 1852 les choses redeviennent plus normales les prairies peuvent être louées pour 6 ans. Un nouveau cahier des charges est rédigé. On y découvre que la prairie la plus vaste fait 2 hectares et 47 centiares tandis que la plus petite ne fait que 29 ares et 20 centiares.   En 1870 les prairies communales sont à nouveau louées, on se rend compte que leur nombre est passé de 24 à 26. Ce bail durera  du 31 décembre 1871 au 31 décembre 1877. Les loyers de ces terres restent toujours au même tarif puisque leurs prix s'échelonnent  de 13 à 80 francs par an.   En 1881, a lieu une nouvelle mise en ferme. Il y a cette fois 23 lots qui font 19 hectares et 31 ares. La mise à prix totale de la location est de 1271 francs.     En 1885 et 1891 la location des prairies se fait difficilement, elle ne rapporte plus à la commune que 1023 francs.     En 1895 ce sont à nouveau 23 prairies communales qui seront proposées aux agriculteurs. La surface totale reste toujours la même et le prix demandé sera très stable lui aussi.     En 1900 propositions et résultats restent identiques. Depuis cette date et jusqu'à la fin de la grande guerre rien ne changera, le nombre et la surface des prairies resteront les mêmes. Le prix de location pour sa part sera en légère baisse , il sera de 1000 francs en 1916.      En 1929  si la surface louée reste la même  le prix de la location a pour sa part augmenté . Il est toujours loué 23 lots mais le prix total est maintenant de 3995 francs. Le bail est lui aussi plus important. Il est signé pour une durée de 9 ans.     En 1938 les 23 lots de prairies communales sont encore mis en ferme. Cette location est consentie pour 9 ans, c'est-à-dire du 1er janvier 1939 au 31 décembre 1946. La France se trouve dans une période bien brouillée, c'est sans doute pour cela que l'on ne trouve pas trace de prix de la location.

 

La gestion de la forêt communale

 

                        La question de la forêt communale a causé bien de soucis aux responsables municipaux de l'époque où la forêt existait encore.   En 1705 par exemple on se préoccupe de planter des jeunes chênes. Les responsables communaux décident donc que chaque famille devra planter un chêne le jour où leur jurat leur indiquera. Ils seront avertis maison par maison et quartier par quartier . Les défaillants seront pignorés par les sieurs abbés et jurats.  En 1736 un incendie s'est déclaré dans l'endroit appelé "ansa " . Chaque homme qui aura été le combattre touchera 14 sols.    En 1737 il est décidé que chaque habitant a la liberté de planter des chênes. Au bout de 3 ans ils toucheront 20 sols pour chaque pied qui sera encore en vie !    En 1742 les habitants demandent de prendre des terres communes vagues dans la forêt pour les labourer et y semer du grain. Une délibération  de l'année 1746 rappelle que depuis un temps immémorial il est d'usage de concéder des terres vagues aux habitants à titre de vente ou emphytéose soit pour y bâtir des maisons soit pour les cultiver. Et on rappelle à ce sujet que dans la paroisse  on ne récolte du blé que pour six mois de l'année.    En 1758 les élus s'en prennent aux boucs et aux chèvres qui saccagent la forêt en mangeant tous les jeunes plants. Ils seront dorénavant interdits.    En 1750  déjà les élus municipaux décident que la surface des terrains soumis au régime forestier qui était de 228 hectares sera réduit à 35 hectares. La période allant de 1761 à 1765 est marquée par les pousuites engagées à l'encontre de ceux qui volent du bois de la forêt. Certains sont poursuivis pour avoir coupé des branches de chênes et d'autres pour avoir coupé des chênes entiers.Certains sont poursuivis par la maitrise des eaux et forêts de Guyenne il est vrai qu'il s'agit là de gens de Labastide Clairence donc tout à fait condamnables.     En 1762 un excellent maire, le sieur Goitia, part en guerre contre tous ceux qui saccagent la forêt. Il s'adresse aux habitants des villages voisins, il leur demande de restituer les bois qu'ils ont volé !  A cette époque-là ce sont les pères augustins installés  à Bayonne qui ont besoin de bois.Ils s'adressent bien sûr à Hasparren qui leur accorde 11 pieds de chênes. La question du "glandage " est lui aussi souvent à l'ordre du jour.Les porcs sont nombreux à manger ces glands et on ne sait s'ils sont de Hasparren ou d'ailleurs.  A partir de 1765 chaque propriétaire ne pourra mettre en paccage des glands que 5 cochons grands ou petits. Les élus locaux se rendent compte que les dégradations se multiplient dans la forêt communale. Ils décident donc que les habitants des communes voisines seront poursuivis en justice. Les habitants du lieu seront punis selon leurs responsabilités et leurs ressources. Depuis les années 1775 jusqu'en 1783 les dévastations de la forêt se multiplient. Les étrangers et les délinquants locaux paient des amendes lorsqu'ils en ont les moyens. Pour lutter contre les délinquants deux nouveaux garde-bois sont engagés. Ils gagneront chacun150 livres pour l'année  et auront droit également au tiers de la valeur des contraventions qu'ils auront perçues.     En 1788  une nouvelle réglementation du glandage est mise au point. Le glandage aura lieu depuis la St Michel jusqu'au 11 novembre. Chaque habitant pourra y amener deux truies avec leurs petits et cela gratuitement. Le début de la Révolution n'apporte aucune modification à la question des landes communales. Cependant le 24 messidor de l'An III soit le 12 juin 1795 toute l'étendue des bois communaux est divisée en 12 sections différentes. La période révolutionnaire a cependant laissé la forêt en piètre état. Elle a été dévastée soit par les habitants de Hasparren soit par ceux des villages limitrophes.           En 1802 la loi oblige à remettre les forêts en bon état. Le maire de Hasparren est chargé de répartir les chênes à chaque habitant afin que ceux-ci soient tenus de les planter  sous peine de sanctions  prévues par les arrêtés du préfet.   En 1825 la surveillance de la forêt communale donne toujours bien du souci. Les garde-bois seront au nombre de trois. Ils gagneront chacun 120 livres pour l'année ,ils seront au surplus de bonne vie et moeurs et d'une conduite politique irréprochable.    En 1830 l'inspecteur forestier ayant inspecté le bois de Hasparren le juge comme étant une forêt de la plus belle espérance susceptible d'aménagement et digne d'être régie par les lois du régime forestier ! La population locale dans son ensemble est très surprise par ce jugement et décide de soustraire tout le bois au régime forestier.  

En 1862 un nouveau projet de reboisement est présenté. Il intéresse 2596 hectares et son coût sera de 21000 francs.     En 1878 une coupe de bois va être réalisée, elle concernera 1240 pieds de chêne.     En 1887 ce sont 250 pieds de beaux chênes qui sont vendus pour payer les dettes de la commune . A partir de cette période la vente des bois deviendra la règle générale.     En 1883  860 stères de bois seront vendus pour 1892 francs.   En 1888 il est vendu 2245 stères  pour la somme de 5245 francs.    En 1890 un nouvel aménagement des bois est proposé par l'administration forestière, il est également refusé.    En 1891 la même administration revient à la charge et cette fois une petite partie du programme est acceptée. La vente des bois n'en continue pas moins et en 1893 ce sont 516 stères qui sont vendus. Dans le même temps les incendies de ces bois se multiplant la municipalité se décide enfin à prendre les mesures qui s'imposent pour les éviter. Il en est encore ainsi en 1901 où après un incendie  ce sont 1700 stères qui sont vendus.   En 1902 ce sont 1200 stères qui sont mis en vente. Il est vrai disent les responsables municipaux  que ces bois risquent d'être détruits par les incendies qui sont chaque année allumés à la fin de l'hiver.

En 1907 le maire s'appelle Pierre Broussain. L'une de ses premières réalisations sera la plantation de 850 peupliers.     En 1910 le journal Eskualduna écrit " 5 surfaces sont déjà repeuplées par diverses catégories d'arbres , une se trouve sur le flanc de l'Ursuia , les 4 autres dans les landes qui vont vers Briscous". En 4 ans il a été planté 40000 jeunes plants. Ces plants sont des pins et des sapins, des chênes, des hêtres , des acacias et des châtaigniers.     En 1914 le conseil municipal accepte que 80 hectares de terres soient soumis au régime forestier.    En 1921 le maire ayant changé,  le point de vue sur l'exploitation des landes communales change aussi ! Le nouveau conseil refuse le régime forestier tel qu'il avait été respecté jusqu'ici.     En 1923 cependant une pépinière municipale est créée.     En 1924 il est fait état de 6500 plants de chêne rouge d'Amérique.    En 1925 on en parle encore, les 6500 pieds de chêne rouge sont devenus 13000. En 1925 il est question de la réalisation d'une pépinière scolaire qui reste sans doute sans suite. Enfin en 1927 il est question de reboiser 6 hectares de landes en chêne rouge, mérisier et pin maritime. La dépense est évaluée à 4800francs. Une subvention est demandée pour cette réalisation. A-t-elle été accordée? Il n'en est pas question dans les compte-rendus de la municipalité .

 

Gestion de la forêt et ventes de terre

                        Au fil des années la surface des terres appartenant à la communauté a diminué. Les fougeraies ont continué à être exploitées toujours en location mais cette gestion des terres a provoqué aussi bien de discussions et contestations.    Dès 1735 c'est au quartier de Minhots que des habitants veulent acheter des terrains. Au cours de l'assemblée générale de la communauté la question est donc posée. Ce jour-là il est décidé de donner suite à ces demandes.    En 1743 le problème est à nouveau posé. On va consulter les vieilles archives qui sont en mauvais état et conservées dans un coffre. En attendant, on suppliera le seigneur Intendant de permettre à la communauté de vendre une quantité de terres communales ou de concéder sous forme d'emphytéon des sarrois aux habitants pour les mettre en labour.

En 1755 un arrêt du roi de France doit intervenir dans l'affaire qui oppose la communauté au sieur Bernard Fagalde propriétaire de la maison Bolaldia du quartier Urcuray. Ce dernier souhaite l'acquisition de nouvelles terres sur le mont Ursuia pour en jouir pleinement et perpétuellement. Le sieur Moreau de Sechelles, conseiller d'état, controleur général des Finances répond :" Le roi en son conseil a homologué et autorisé le contrat consenti au profit du suppliant. Il le maintient et confirme dans la possession et jouissance du terrain communal pour lui et ses héritiers successifs . Il enjoint au sieur intendant et commissaire de parti en Navarre, Béarn et généralité d'Auch de tenir la main à l'exécution du présent arrêt".       En 1773 la majeure partie des habitants de Hasparren décide que pour subvenir aux charges et obligations de la communauté les dits sieurs abbé et jurats vendront du bois tauzin à leur discrétion et en bon père de famille.   Le 24 décembre 1777 une ordonnance de Mr l'Intendant Nicolas Dupré stipule:" Etant informé que les chefs de plusieurs communautés du pays de Labour se permettent d'abimer des portions de communaux  sous prétexte de pourvoir aux besoins    ?     de leurs communautés, il faut réprimer ces abus !" En conséquence il fait une expresse inhibition et défense de procéder à la vente d'aucune portion de communaux. Cette défense sera imprimée, publiée et affichée dans toutes les communes du Labour.     En 1778 le conseil municipal malgré cette décision constate que vu l'indigence de ses habitants, il ne lui est pas possible de payer ses impositions. Il lui faut donc vendre de ses terres qui seront exploitées  et qui fourniront du grain qui fait bien défaut à la communauté.   Dès 1779 le nouveau conseil de la communauté arrête d'une voix unanime qu'il faudra remettre les choses à l'état sur le pied où elles étaient avant la gestion des maire-abbés et jurats de l'année précédente. Le 30 mai 1779 le conseil de la communauté a maille à partir avec le seigneur de Lacarre qui exploite des terrains communaux. Il prend la décision de remettre en place toutes les pierres "Dehasak" dont une bonne partie a disparu. Pour délimiter les frontières du territoire de Hasparren on consultera l'acte officiel établi le 29 juillet 1595.

En 1780 le conseil municipal est encore confronté à des demandes d'achats de terrains qu'il refuse.

En 1782 le conseil de la communauté toujours à la recherche de ressources financières pense pouvoir louer pour plusieurs années les terres les plus lointaines situées aux confins de Mouguerre et de Briscous  et situées depuis le long du ruisseau " Urhandi " jusqu'au pont d' "Errebela ". Elle loue donc ces terres . Cela ne suffit pas !   En 1784 il est demandé l'autorisation de vendre d'autres terres communales pour une valeur de 6000 livres. Cette demande est accompagnée des raisons qui justifient cette demande. Il faudra d'abord payer les 3480 livres d'impôts qui sont dûs. Les routes et les chemins doivent être tous réparés tout comme beaucoup d'autres dépenses qui attendent depuis des années.

                        Arrive alors la Révolution, les premières années les finances municipales sont utilisées très parci monieusement.  En 1794 an III de la République il faut rendre des comptes , on constate à ce moment-là que l'atelier de fabrication de salpêtre local a coûté 2500 livres à la communauté, que les impositions n'ont pas toutes été payées et que l'on doit pour celles-ci 11000 livres, que la reception des commissaires de la société populaire a coûté de l'argent tout comme a aussi coûté la démolition du cimetière . Il a fallu payer la célébration de la fête de Marat, il a fallu fêter la prise de Toulon,etc.... Il est donc demandé l'autorisation de la vente de terrains communaux pour une valeur de 15000 livres.

En 1795 en séance publique du conseil municipal tenu le 21 prairial de l'an III  de la République Française, une et indivisible,  malgré qu'une nouvelle loi ordonne que tous les biens communaux appartiennent à la Nation, le conseil municipal juge qu'il est important pour la commune qu'elle conserve ses biens et qu'elle paie ses dettes elle-même. Le 17 brumaire an IV l'horloge de l'église a été arrangée, il n'y a pas d'argent pour payer ce travail ! Il est donc décidé de vendre un peu de terre communale au prix de 45 livres l'arpent.     En 1824 l'assemblée de la paroisse décide de vendre 50 hectares évaluées 3000 francs. Cette vente est refusée par l'administration.   De 1845 à 1848 le grand problème de la municipalité sera la vente de terres situées loin du bourg et représentant une surface de 483 hectares 94 ares et 40 centiares. 28 propriétaires de Hasparren sont opposés à cette vente. Le conseil municipal pour sa part précise qu'il lui faut trouver 10000 francs pour l'ouverture de la route vers Cambo. Il lui faudra aussi 6000 frs pour les réparations de la maison commune, 4000 frs sont à prévoir pour la translation du cimetière  et il faut prévoir la construction de l'abattoir municipal . Cet argent est donc absolument nécessaire !

En 1853 a lieu une nouvelle location des landes communales. Il y a 448 lots pour une superficie totale de 2990 hectares. Le montant de la mise à prix de ces locations est de 1294 frs. Les lots les plus étendus ont de 10 à 14 hectares, les moins étendus font de 1 à 3 hectares. Les mises à prix les plus élevées vont de 100 à 140 frs, les moins vont de 0,50 à 2 frs. Le droit de vente des landes communales ayant été accordé, le conseil municipal décide la vente de 458 hectares en 53 lots. La vente doit avoir lieu le 31 janvier 1855. Ce jour-là aucun acheteur ne se présente. Une nouvelle vente aura donc lieu le 19 septembre 1855 tous les lots sont achetés par la même personne. Le prix obtenu sera de 36000 frs. Il deviendra le domaine d'"Entsenia" dont le propriétaire s'appelle Mr Nicolas de Ugarte.   En 1857 ce sont 130 lots qui seront mis en vente, il s'agit cette fois de petits lopinsde terre bordant les propriétés ou les chemins qui n'ont que peu de valeur. L'ensemble de tous ces lots ne représente que 35 hectares et 40 ares et la mise à prix globale est de 69frs58.     En 1861 les landes communalessoit 2595 hectares sont à nouveau louées, la mise à prix totale est de 2385 frs ce qui fait un prix de 90 centimes à l'hectare.    En 1863 il est à nouveau question de la vente de 448 hectares. Effectivement la vente a lieu le 14 septembre de la même année. Elle n'a pas le succés escompté. Il était prévu la vente de 158 lots, il s'en est vedu 144. La valeur des lots était fixée à 42179 frs, les 144 lots ont rapporté 13283 frs à la commune. Après modification du cahier des charges et baisse des prix les derniers lots sont vendus le 12 décembre.     En 1871 a lieu une nouvelle adjudication des landes communales. Cette fois il y aura 2251 hectares divisés en 287 lots. Il faudra s'y reprendre à deux fois pour louer tous ces lots. Pour le seconde adjudication les prix seront revus à la baisse.      En 1874 il faut créer de nouvelles fontaines publiques et établir une halle  ou marché couvert, pour cela il faut de l'argent. 200 hectares seront à nouveau vendus pour permettre ces réalisations. Entre temps la guerre de 1870 a eu lieu et a été perdue. A cette époque un emprunt avait été réalisé par la commune pour équiper la Garde Nationale. Il n'a pas été encore remboursé, c'est pourquoi en 1877 il est décidé de vendre 3 prairies communales qui ont pour nom: "Eyhera Azpikoa" "Herriko Sorhoa" et" Ur Ondoko Azpia". Elles sont mises à prix pour 5373 frs.     En 1882 ce sont 287 lots de landes communales ayant une superficie de 2047 hectares qui seront louées. En 1890 c'est le propriétaire d'"Entseigna" qui désire acheter de la terre pour créer une route qui mène à sa propriété.   Et enfin en 1926 une société immobilière désire acheter 2000 hectares qu'elle paierait 500 frs l'hectare. Mr Lissar maire déclare alors : "Nous avons tous à coeur de transmettre intact le domaine qui nous a été confié. Nous ne vendrons pas !"


Les Cabarets À Hasparren Du 18e Siècle à nos Jours

S'il y a bien un lieu où de tous temps les gens ont eu plaisir à se retrouver c'est l'auberge, le cabaret, le café !  En effet c'est là que les discussions amicales, potins locaux, jeux de cartes et plaisir de boire ensemble donnent l'occasion de se réunir. Cette coutume remonte aux temps très anciens. Les archives de Hasparren n'en font état qu'à partir de 1755. Nous ne savons pas si ces établissements étaient très fréquentés les jours ordinaires mais il est certain qu'il y avait une nombreuse clientèle au moins à deux occasions, les dimanches et les jours de marché. En ce qui concerne les dimanches nous verrons ci-après que les délibérations de la Communauté font état de certains abus qui ont été constatés et réprimés dans ces lieux.

                        Le marché-franc de Hasparren a été institué par des lettres patentes de sa majesté Louis XIV au mois de février 1656. Ce marché qui a lieu depuis cette époque un mardi par quinzaine a toujours attiré une foule considérable jusque vers les années 1960/1970 où le marché aux bestiaux est devenu insignifiant alors qu'il était florissant jusque là. Les cabarets travaillaient beaucoup à cette occasion mais il faut préciser que leur clientèle se composait uniquement d'hommes, car par un accord tacite les femmes n'y entraient pas.

                        Que consommait-on dans ces cafés? C'était surtout du vin, car on constate que les négociants achetaient de grandes quantités de vin de France et d'Espagne mais aussi des eaux-de vie dites de cabaret dont il est fait mention en 1766, et plus tard des boissons anisées, du Byrrh, du quinquina etc... Il faut dire que le vin fabriqué par les paysans était d'une piètre qualité. On trouvait aussi dans les fermes ce qu'on appelait en basque "pittara" c'est-à-dire une piquette obtenue en jetant de l'eau sur du marc de raisin déjà pressuré. Il ne faut donc pas s'étonner si le jour de marché les consommateurs ingurgitaient une quantité considèrable d'un vin bien meilleur que celui qu'ils buvaient chez eux. De plus, les transactions entre vendeurs de bétail et maquignons se faisaient toujours autour d'un verre. Cela finissait presque chaque fois tard dans la nuit, soit par des chansons soit par des bagarres souvent assez violentes.

                        L'installation des usines de chaussures et leur importance a créé une augmentation du pouvoir d'achat et donc de dépenses dans les cafés locaux.            La répartition de ces derniers dans les quartiers  et dans le bourg se faisait ainsi juste avant la dernière guerre de 1940 – 28 cafés étaient situés dans le bourg , 4 à Hasquette, 1 à Minhots, 4 à Celhay, 3 à Urcuray, 2 à Labiri, 1 à Elizaberri, 2 à Pegna soit 45 cafés pour 5200 habitants dont 1200 ouvriers en chaussures dans les meilleures années de son activité à Hasparren.                  Voici les extraits des délibérations municipales concernant la réglementation des cabarets de 1755 à 1937 telles que nous les avons trouvées dans les archives.

            8 septembre 1755 Maire Jean Bidart Pitchertea.     Si les cabaretiers s'écartent des règles, les abbés et jurats les dénonceront à Mrle Procureur du Roi ou auront recours à l'autorité de Mr le Marquis d'Amou pour avoir des archers et les faire conduire en prison.

            Octobre 1763 Maire  Jean Hiriart Ihitz.     J.Bte Caupenne, Marquis d'Amou a été informé que les cabaretiers de Hasparren donnent à boire pendant les offices divins et la nuit à des heures indues , qu'il s'y joue toute sorte de jeux interdits. Il est ordonné à tous les cabaretiers de ne point donner à boire pendant les offices divins et de respecter les horaires de fermeture à savoir, l'hiver à 20 heures et l'été à 21 heures, immédiatement après la retraite annoncée par la cloche. Les abbés et jurats doivent visiter les cabarets pendant les offices divins et emprisonner les joueurs et les cabaretiers jusqu'à ce qu'ils aient payé.

            26 décembre 1763  L'argent venant des contraventions sera remis  et distribué aux pauvres de la paroisse. 19 janvier 1764  ordonnance du Duc de Richelieu concernant les aubergistes et les cabaretiers. Ces derniers etautres qui louent des  appartements devront tenir un registre concernant les étrangers qui arrivent chez eux en spécifiant le sexe, l'état, la profession, le pays d'où ils viennent et où ils se rendent, s'ils ont un passeport et tous les renseignements qui peuvent tendre à faire reconnaitre des gens suspects et les arrêter le cas échéant.Ce registre sera présenté tous les soirs à l'officier municipal qui doit coucher à l'Hôtel de Ville.

            20 janvier 1765 . Lettre écrite par Mr le Marquis d'Amou à sieur Fagalde"Bolaldia" maire-abbé. L'argent saisi aux joueurs (jeux prohibés) sera réparti à savoir: 1/3 au Roi, 1/3 au saisissant, 1/3 au profit des pauvres. Le cabaretier doit toujours payer l'amende pour les avoir soufferts.

            29 novembre 1765 lettre du Comte de l'Hospital demandant que les ordonnances du Roi concernant l'interdiction de certains jeux soient appliquées avec la plus grande sévérité. Le flagrant délit semblant difficile à prouver il est demandé de rendre compte exactement de ce qui peut parvenir à leur connaissance afin que la marée-chaussée puisse punir les coupables.

                        21 mars 1766 lettre de Mr le Marquis de l'Hospital aux sieurs maire-abbé et jurats concernant la défense de la danse sur la place publique les dimanches et jours de fête.

                        31 mars 1766 pour éviter tout équivoque l'interdiction de la danse des jours de fête et dimanche doit être soumise à Mrs les Curés. Hors ces jours-là les habitants pourront jouir de cet amusement, excepté durant le temps de Carême (période de recueillement et de pénitence).

                        8Avril 1766 réglementation de la danse et des jeux. On doit se conformer point par point à la déclaration du Roi concernant les cabarets, les jeux de paume, les foires, les marchés et les hoteliers.

                        17 janvier 1792  répression du système des loteries. Défense est faite de rien loter ou ramasser de l'argent sous prétexte de loterie dans l'étendue de cette paroisse sous peine de 10 livres d'amende avec confiscation des choses, effets et marchandises produits pour loter et 100 livres en cas de récidive.  C'est le temps de la Révolution, tous les rassemblements publics sont interdits. Cependant au quartier Elizaberri c'est toujours la fête de la Trinité et ce jour-là c'est la fête du quartier. Le 27 Prairial de l'An II soit le 15 juin 1797 on y fait donc la fête. Des officiers municipaux et des gendarmes sont donc allés chez madame Etchegaray, tenancière du café, restaurant du quartier. Ils y ont trouvé beaucoup de monde à manger et à boire. Ils ont donc fait emprisonner le dit Etchegaray, relevé le nom des personnes présentes dans l'auberge et dressé procés-verbal.

                        17 août 1800 des abus se glissent dans les auberges avec vols et assassinats pendant la nuit à des heures indues. Des pères de famille passent la nuit dans ces lieux de débauche et en ressortent livrés au dégout  et au remords ne rencontrant que le mépris public. Il est urgent de faire cesser pareils abus et de rappeler les ordonnances déjà promulguées. Ce 19e siècle verra encore de nombreux changements. Il verra l'ouverture de deux salles de jeux. Dans la première les jeux admis sont le billard, le domino, le damier et les cartes. Toute discussion politique ou religieuse y est interdite. Ce cercle s'appelle Cercle Saint-Julien.  Quelques années après un autre cecle voit le jour à l'hôtel Gaskoïna, il s'appelle Cercle du progrès. Les jeux de hasard interdits étaient le baccarat, le lansquenet, le trente et un, le trente et quarante  le chemin de fer, le quinze, le pharaon, la roulette et d'autres jeux similaires.

                        Enfin le 10 novembre 1907 le docteur Pierre Broussain maire s'attaque à la répression de l'alcoolisme. Un arrêté municipal défend désormais , tout en respectant les droits déjà acquis, l'ouverture des cafés ou débits de boissons  à moins d'une distance de 40 mètres autour du cimetière, de l'hopital, des écoles publiques ou privées de la commune de Hasparren.

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Deux Émeutes À Hasparren

A Hasparren, comme il en fut également aussi sans doute ailleurs, les révoltes contre l'autorité en place furent asez nombreuses. Il en est deux qui retiennent l'attention par leur importance. Elles ont eu lieu pour la première entre 1755 et 1763 et l'autre en 1784 et 1785.

                        Le premier signe qui marque fortement le début de la première émeute est l'interdiction par Mr le Comte Dhirouville, commandant de la Province, de toutes les assemblées générales organisées par le maire-abbé et les jurats pour régler les divers problèmes de la Communauté.  En 1757, la majorité des charge-tenants se réunit malgré cette interdiction et demande le retour aux anciennes coutumes.   En 1758, c'est le Duc de Tresnes, commandant en chef à Bayonne qui confirme la défense faite au pays de Hasparren de tenir des assemblées générales de ses habitants. Le maire-abbé et les jurats reçoivent avec respect et soumission cette missive, ce qui ne les empêche cependant pas d'exprimer leur souhait qui est celui de prendre leurs décisions après avoir eu l'avis des députés de la population qui sont au nombre de douze. Le 31 août de cette année-là , le Duc de Tresnes qui est aussi Marquis de Gandelu, Baron de Monjay, Châtelain de Coury et Seigneur de Montigny, adresse au maire-abbé une ordonnance sur laquelle il est stipulé qu'il peut prendre l'avis de 12 députés de la Communaut qui sont nommés pour deux ans. Par contre les assemblées  générales des habitants demeurent toujours interdites. Cette réponse autoritaire ne plait absolument pas au maire-abbé et à ses jurats qui le font savoir à qui de droit. Sanction immédiate de l'autorité supérieure  qui envoie de Bayonne deux cavaliers de la maréchaussée pour se saisir du maire-abbé et le conduire à la prison du lieu où il reviendra sans doute à de meilleurs sentiments. Heureusement en septembre 1759, le Comte de Grammont commandant en chef de la Province, après la tenue d'assemblées générales dans chacun des quatre quartiers de la Communauté, décide que les habitants de Hasparren tiendront leurs assemblées pour y traiter des affaires de la Communauté selon la coutume observée au pays du Labourd.

            En 1760, tout semble devoir être appaisé et pourtant... On apprend enfin qu'elle est la cause de tant de menaces et de certaines décisions qui sont présentées comme étant des faveurs ! En effet on découvre que des mesures exceptionnelles ont été accordées au Labourd en 1688. Ces faveurs concernent en particulier les cuirs traités et apprétés en chamois à Hasparren et dans quelques communes environnantes. On se rend compte aussi qu'au début de cette année 1760, nombre de notables de la commune ont été emprisonnés à Bayonne. On apprend aussi par une délibération du 24 août qu'Hasparren est occupé par quatre compagnies de grenadiers. Les élus haspandars sont maintenant bien moins inquiets, ils écrivent au Duc de Grammont pour le remercier mais aussi pour lui demander de ne plus avoir à s'occuper de la fourniture de chevaux de selle aux officiers en garnison , de ne plus avoir à se tracasser pour fournir à ces mêmes officiers du linge, une batterie de cuisine et l'argenterie qu'ils ont exigé. La paix semble revenue mais encore et durant trois ans il faudra payer les frais causés par l'occupation de la troupe. Les élus de Hasparren qui est le pays où la répression a été la plus forte, souhaite faire payer aux villages environnants une partie des frais engagés. C'est ainsi que l'on doit 600 livres pour la nourriture des prisonniers détenus à Bayonne durant plusieurs mois, il faut aussi payer 3500 livres pour des ustensiles fournis aux quatre compagnies de grenadiers et 980 livres aux deux compagnies des Cantabres  qui les ont remplacés et qui sont toujours là ! Le paiement de ces frais et de bien d'autres s'échelonnera jusqu'en 1763 date à laquelle St Jean-de-Luz et Ciboure demandent une participation de toutes les paroisses du Labourd pour le paiement des digues et fortifications qui ont été construites. Hasparren paiera le douzième de ces frais et obtiendra de ce fait que les paroisses voisines paient aussi une part de leurs dépenses. Cette émeute aura durée huit ans et elle aura coûté bien cher aux finances de la paroisse.

 

La révolte de l'année 1784

 

                        On lira par ailleurs ce que fut la révolte de 1784, provoquée par la rumeur selon laquelle Hasparren serait imposé sur la " gabelle" impôt sur le sel. Voici ce qu'en dit un extrait des archives départementales. Une condescendance accordée aux circonstances avait suspendu à Hasparren et quelques autres paroisses l'exercice de l'administration municipale. La loi du Prince demeurait  sans exécution, la police des frontières établies par des lettres patentes de juillet 1784 devenait nulle par la déroute des préposés qui devaient les maintenir. Pour remédier à ces incidents et pour tirer les habitants de Hasparren de l'erreur qui les avaient égarés on commença par faire arrêter chez eux et aux portes de Bayonne quelques personnes qui avaient été désignées comme les moteurs de la sédition. Réélement dix personnes au plus furent arrêtés. Mais à côté de celà combien de personnes n'ont-elles pas eu à se glorifier d'avoir prévenu par leur sensibilité compatissante l'indulgence dont le roi a usé envers les accusés. Pendant que l'autorité sévissait contre les coupables , la Communauté de Hasparren  concertait de son propre mouvement les moyens de justifier les innocents. 80 habitants de ce bourg délégués par la communauté se rendaient auprès du commissaire de parti et du Commandant pour désavouer tout ce que la renommée leur avait imputé à raison des troubles qui s'étaient passés au milieu d'eux. Ils protestèrent au nom de la Communauté de sa soumission et de sa fidélité envers le souverain et offrirent de seconder l'établissement qui devait se faire à Hasparren pour l'exercice de la police de la frontière.

                        Un autre document des Archives Départementales daté de 1784 ajoute : Mr le Marquis de Caupenne ordonna que tous les habitants des paroisses où les troupes étaient cantonnées remettraient leurs armes aux dépots qui furent établis dans les maisons communes. Pourtant on restitua les armes à tous ceux qui se trouveront dans le cas d'en avoir besoin, soit à raison de leur négoce, soit à cause de la situation de leur habitation. On leur interdit aussi le passage par la Nive pour leur communication avec Bayonne sans laquelle les paroissiens du Labourd riverains de l'Adour et de la Bidouze ne peuvent pas subsister. C'est la première fois que l'on vit les voitures à boeufs rouler de Bardos, Urt et Guiche pour aller à Bayonne ce qui est très incommode et très coûteux. Les toiles que l'on y fabrique ou que l'on blanchit, le tabac pour l'approvisionnement des communautés, les bestiaux, le lin pour le tissage, l'étoupe pour la fabrication des chandelles de résine, en un mot toute circulation du pays franc et de l'intérieur dans la partie du Labourd soumise à la police des frontières est grevée de formalités, de perceptions et de prohibition.

                        Cette révolte qu'on appela aussi la révolte des femmes ,celles-ci ayant été les premières à se révolter, vécut ses derniers moments en 1785. En avril de cette année-là, le maire-abbé et les jurats pensérent qu'il serait normal d'indemniser les personnes qui avaient dû dépenser de leur argent pour réparer les dégats occasionnés par le déroulement des incidents malgré tout assez importants. Le Conseil de la Communauté vota donc une gratification de 400 livres au maire-abbé Laurent Delissalde , ainsi qu'au sieur Larre la somme de 100 livres et au sieur D'Eliçagaray la somme de 60 livres pour les peines et soins extraordinaires qu'ils ont été obligés de rendre durant cette triste période.

                        Quelques jours après et cette même année 1785, l'assemblée communale demande que les agis et prières nécessaires soient faites auprès du Marquis de Caupenne, commandant pour le roi de Navarre et pays de Labourd, aux fins d'obtenir la permission de la remise des armes nécessaires aux habitants pour la défense de leurs maisons et du fruit de leur domaine. La même assemblée demande également le rétablissement des cloches de l'église ainsi que la réouverture du cimetière à l'intérieur duquel les femmes en révolte s'étaient réfugiées en 1784.                     

 

Révolte des femmes

d'après le journal Eskualduna de mai 1908

Ithurbide  Revue internationale des études basques.

 

                                    Episode local conté par l'abbé Duvoisin

 

                        C'était le 3 octobre 1784. Le bruit circule dans Hasparren que la gabelle va être établie en Labourd. On ajoutait que Mr Néville, intendant de Guyenne, allait bientôt venir assurer par lui-même la perception du nouvel impôt; L'alarme est aussitôt donné non seulement dans Hasparren mais encore dans les campagnes avoisinantes. Le tocsin carillone avec violence et de tous les côtés arrivent des bandes nombreuses armées de broches, de faux, de fourches et précédées de trois ou quatre d'entre elles qui battaient furieusement le tambour. Mr de Néville arriva trois jours plus tard le 6 octobre, accompagné du marquis de Caupenne, lieutenant du Roi à Bayonne, à la tête de 150 grenadiers et 6 brigades de la maréchaussée. Mr de Néville et de Caupenne se placèrent devant le cimetière où la bande séditieuse se tenait pressée et entassée. Ils voulaient entrer en pourparler mais au milieu des cris et de la cohue il leur était impossible de se faire entendre. Mr de Néville et de Caupenne et leurs officiers se retirèrent dans une maison voisine. Lancera-t-on les troupes contre ces femmes ameutées ? L'intervention du curé Haramboure qui représenta avec force aux officiers qu'il serait déshonorant  pour eux de livrer bataille à des femmes évita le pire. En même temps le digne curé s'adressait à la foule et lui parlait dans sa langue, la langue du Pays Basque . Les paroles portèrent leur fruit , le tocsin s'arrêta, les cris s'arrêtèrent et la foule se dispersa. Mrs de Néville et de Caupenne rentrèrent ce même jour à Bayonne avec leurs troupes. Les craintes des gens de Hasparren redoublèrent quand ils surent que plusieurs d'entre eux venus à Bayonne pour leurs affaires avaient été arrêtés et jetés en prison. Ils surent aussi que Mr de Neville avait demandé des peines sévères contre les paroisses révoltées. Mr de Neville inonda le pays de troupes . Il avait fait venir un régiment de cavalerie, un régiment de Languedoc et un régiment suisse venu de Courten. Ce dernier fut disséminé dans les paroisses agitées. Mendionde, Guerreciette et Louhoussoa en logèrent deux compagnies chacune du 11 novembre au 13 décembre. Macaye en logea d'abord trois puis deux seulement depuis le 23 novembre. Mr de Neville qui n'oubliait pas que le tocsin assourdissant lui avait coupé la parole et imposé silence exigea que les cloches de l'église seraient descendues et le clocher abattu.


Les Fêtes À Caractère National Au XVIIe Et XVIIIe Siècle

Au cours des siècles passés les victoires militaires et les événements qui revétaient un caractère national devaient être célébrés solennellement. Hasparren était déjà une petite ville et de ce fait recevait à chaque fois les instructions nécessaires.

                        C'est ainsi qu'en 1721, on se rend compte que pour fêter la bonne santé du jeune roi Louis XV il est organisé un feu de joie afin que Dieu maintienne cette bonne santé. Cette fête coûtera 57 livres.

En 1744 et à l'occasion de la conquête du Vicomté de Nice, il est décidé de chanter le "Te Deum " à l'église puis qu'il y aura un feu de joie allumé en présence de tous les soldats de la Compagnie locale auxquels on accordera de la poudre pour tirer et à chacun 12 sols pour boire.   En 1745 ce sont diverses victoires qui sont fêtées, les soldats auront 12 sols et de la poudre pour leurs fusils, les autorités prendront un repas en commun, il y aura un feu de joie et enfin tambours et tambourins seront également là pour faire danser tous ceux qui le souhaitent aux frais de la Communauté.        En 1745 on fête de la même manière les victoires emportées en Italie par les troupes de France sous les ordres de Don Philippe.

En 1749 on fête ce jour-là la paix! Au programme des réjouissances on trouve tout d'abord le feu de joie traditionnel, il yaura aussi trois barriques de vin à la disposition de tout le public, un repas offert aux charge-tenants, au curé, au capitaine, aux porte-enseignes et aux sergents. Tous les soldats recevront chacun 5 sols, tandis que 2 tambourins, 2 tambours et 1 violon feront danser le public.

            Le Duc de Berry étant né le 23 août 1754 et étant le fils de Louis XV et le futur Louis XVI, l'événement doit être marqué par une fête. Elle aura lieu le 17 novembre de la même année. Il est décidé qu'il y aura pour l'occasion un feu de joie en présence de 30 soldats qui seront payés 20 sols pour les sergents et 10 sols pour les soldats. Un repas est également prévu auquel prendra part Mr le Curé.

En 1766 Mr le Comte de Lhospital écrit à toutes les paroisses dont il a la responsabilité pour leur préciser ceci : pour pouvoir organiser un bal lors d'une fête ou un dimanche il faut tout d'abord obtenir la permission du curé de la paroisse ! Il rappelle aussi que tout bal est interdit durant le carême et en tout autre temps de pénitence.       En novembre 1781 une fête est organisée pour la naissance d'un enfant de Louis XVI par divers habitants de Hasparren qui aimaient sans doute beaucoup la Royauté. Ils veulent marquer la reconnaissance dont ils sont pénétrés pour les bienfaits et les bontés qu'ils reçoivent chaque jour de leur bon roi !        Le 14 juillet 1790, c'est le début de la Révolution. Pour correspondre à l'invitation de l'Assemblée Nationale est-il précisé, cette fête est célébrée à Hasparren aussi. Il sera distribué une barrique et demie de vin aux pauvres de la paroisse afin qu'ils se ressentent de l'esprit patriotique et il sera donné aux habitants qui le désirent un repas. Il est cependant précisé que chacun paiera son repas à l'exeption des soldats qui se présenteront en armes.        Le 11 novembre 1792 a lieu la célébration de la fête civique qui débutera à 2h30 de l'après-midi en présence de la Garde Nationale de la commune, du détachement du 5ème bataillon de chasseurs qui est en garnison. Il y sera chanté l'hymne des Marseillais. Au cours de cette cérémonie sera planté l'arbre de la liberté, tandis  qu'il sera également prêté le serment ordonné par la loi du 3 septembre.  Le 7 ventose soit le 25 février il est décidé que l'arbre de la liberté n'est pas suffisamment visible et qu'il doit être déplacé. Le 18 prairial an II soit le 8 juin 1792 doit avoir lieu la fête de l'être suprême et de l'immortalité de l'âme. Le programme des réjouissances prévues ne se retrouve nulle part, et comble de malheur ce jour-là il pleut. De ce fait la célébration de la fête est retardée de 8 jours.

                        Après cette date, on ne sait rien sur les fêtes célébrées jusqu'à l'an 1800. Cette année-là et vu l'arrêté du Consul, le maire de Hasparren écrit ceci : " Considérant que dans une époque où l'intérêt  commun doit rallier tous les citoyens le jour de  la fête de la concorde doit être le tombeau de leur sujet de division et de leur haine ! Réunissons-nous pour la célébrer avec pompe et allégresse. Tel est le voeu du gouvernement tel doit être le notre. Arrêtons : les boutiques, magasins et ateliers seront fermés le 25 jour de la fête. Tous les travaux dans les lieux et voies publics seront interdits, tout rassemblement qui aurait pour objet des opérations commerciales sera dissipé, la fête de la Concorde sera annoncée la veille à 5 heures du soir  et 10 heures du matin et à 2 heures de l'après-midi et ce au son des cloches et de la caisse." Tous les fonctionnaires publics ainsi que tous les autres citoyens sont invités à se réunir à la maison commune à deux heures de l'après-midi pour la célébration de la fête qui sera terminée par un bal public auquel on est prié d'assister.

                        Le 12 avril 1801 à l'occasion de la signature du traité de paix de Lunéville, le maire de Hasparren exécute soigneusement les ordres reçus et invite tous les membres du Conseil Général de la commune à concourir à l'exécution solennelle des mesures qu'il a prises pour célébrer dignement cette commémoration !      Le 4 février 1805 le maire de Hasparren fixe au dimanche 21 la cérémonie qui marquera le sacre de Napoléon 1er, Empereur des Français. Il s'agit là d'une cérémonie religieuse à laquelle assisteront tous les élus et tous les fonctionnaires publics résidant dans la commune.

Le 14 mai 1811 le conseil municipal fixe le programme de la fête qui marquera la naissance du Roi de Rome qui aura lieu le 2 juin. L'article 1 précise que la fête sera annoncée au son des cloches et au bruit des tambours dès la veille. Le lendemain le corps municipal se réunira à la mairie puis se rendra à l'église où sera chanté le "Te Deum" en action de grâces de l'heureuse délivrance de sa Majesté l'Impératrice et de la naissance de son Auguste fils. Ils reviendront ensuite au bureau municipal où il sera fait du produit de leurs bourses une distribution de denrées aux pauvres les plus nécessiteux. Ils dineront ensuite ensemble et à leurs frais. Il y aura l'après-midi des jeux publics de paulme, de danse et autres de force et d'adresse. Le soir il y aura des illuminations et un bal interrompu par un " ambigu ".     Le 26 août 1812 il est prévu la visite du préfet du département. A cette occasion les abords des maisons seront bien nettoyés, il faudra aussi illuminer les façades.         Le 23 mai 1834 le roi de France exprime le souhait que les fonds habituellement votés pour sa fête soient utilisés pour le soulagement des pauvres.       Le 13 juin 1857  pour satisfaire l'empereur des Français une distribution  gratuite de pain sera faite à tous les indigents.

  Le 13 juin 1857 pour célébrer la fête du 14 juillet un crédit de 30 francs est voté par le conseil municipal.

L'Eglise Avant La Révolution

" Dieu et le Roi" telle était la devise souvent utilisée jusqu'à la période révolutionnaire. Cela laissait sous-entendre une parfaite harmonie entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. Cela permettait aux élus municipaux de décider du nombre de messes qui seraient dites le dimanche ainsi que leur horaire. Cela permettait aussi que les salaires versés au curé et aux vicaires étaient discutés au cours de réunions de tous les membres de la Communauté. Il en fut ainsi jusqu'à la Révolution. Cela n'empêcha pas qu'à cause de l'état d'esprit de certains, des prétentions des autres, les conflits et les accords entre membres du clergé et responsables de la commune furent nombreux. Pour s'en rendre compte nous examinerons tout simplement ce qui se déroula dans ce domaine des relations entre le clergé et les élus de Hasparren; durant la brève période qui part de 1730 jusqu'à la révolution de 1789.

                        En 1733 au terme de longues discussions concernant la benoiterie, il a été délibéré à la députation des habitants : que le sieur Curé jouira de ses droits et prétentions et qu'aussi la Communauté disposera de ses droits et privilèges.     En 1736 c'est l'assemblée générale des habitants qui désigne l'abbé Dolhassary, prêtre du quartier Celhay qui sera chargé de bénir l'air de ce quartier comme il est fait habituellement.      En 1737 et toujours l'assemblée générale des habitants décide : il sera donné aux prêtres qui diront la messe matutinale 25 sols pour chaque fois qu'ils catéchisent ou instruisent les jeunes par le prône de la dite messe, sans quoi il ne sera donné que 20sols pour chaque messe.

En 1738 le curé est chargé de rendre les comptes des confréries de Jésus, de celle des Carmes et de celle de l'Agonie au sieur Laurent Garat, maire-abbé. Celui-ci sera chargé de répartir comme il se doit le bénéfice retiré s'il y en a !! En 1738 toujours l'assemblée de la Communauté décide que 10 sols seront payés aux prêtres qui iront en procession aux croix qui se trouvent dans les divers quartiers.       En 1742 la Communauté de Hasparren délibère qu'elle prendra un avocat pour savoir si c'est elle qui doit fournir les ornements de l'église ou si ce sont les gros décimateurs c'est-à-dire l'évêque, le chapitre, le curé et la maison noble de Sault. La même année, mais un peu plus tard, la Communauté demande au curé d'avoir la bonté de publier ou de faire publier par un de ses vicaires à l'issue des messes ses divers avis car ces sortes de publication sont infiniment mieux entendues de la chaire que de partout ailleurs.

En 1745 les claviers de l'église prétendent n'être pas tenus de présenter les chaperons aux abbés et jurats. L'assemblée générale des paroissiens délibère alors que les claviers continueront l'office de présenter au maire-abbé et jurats  tant les chaperons  que les torches sur leur siège dans toutes les occasions comme il est d'usage et qu'en cas d'insistance les dits claviers se démettront de leur charge.     En 1748 le curé de Hasparren ayant pris à sa charge toutes les dépenses provoquées par la visite de Monseigneur l'Evêque l'assemblée générale des habitants décide de lui attribuer en remerciements plusieurs charretées de bois de chênes.           En 1750 une réunion extraordinaire des habitants a lieu pour décider si on veut faire construire  une retraite au mont du calvaire appelé " Souhia " pour y faire bénir l'air par un ecclésiastique, moyennant les grains que chaque maison est dans l'usage de donner, et qu'on se donne des mouvements pour y avoir une chapelle pour avoir la messe lors des mauvais temps. La même année les paroissiens exigent que les divers claviers fassent des compte-rendus plus précis de leurs recettes et de leurs dépenses.          En 1751 le maire-abbé de cette année-là proteste car le pain bénit est présenté en premier aux sieurs prêtres avant qu'il ne le soit aux maire-abbé et jurats, il insiste afin que l'ancien usage soit repris. L'année suivante le nouveau maire-abbé organise une réunion générale de la Communauté qui délibère et décide que le pain bénit sera rétabli à l'ancien système c'est-à-dire distribué d'abord aux prêtres  et ensuite aux maire-abbé et jurats.          En 1760 l'abbé de Lorda qui assurait la messe matutinale est décédé. Il sera remplacé par l'abbé de Piquassary qui assurera cette messe. Pour cette peine il sera payé 150 livres pour l'année. Cette messe sera dite aux intentions de la paroisse.       En 1763 les croix de bois réparties sur la paroisse sont cassées ou en mauvais état, il est donc décidé de les remplacer. En 1763 encore quelques autres décisions seront prises. Une chape et un devant d'autel neuf et rouge seront fournis par la Communauté. Les dépenses faites pour réparer la croix et les lampes de l'église seront remboursées au marguiller. Les messes de Notre Dame et du Rosaire auront lieu comme elles l'étaient avant.... Le réglement des prêtres pour la bénédiction de l'air et le paiement du sonneur de cloches sera faite. Enfin il est rappelé que le marquis d'Amou, lieutenant du roi, exige que la retraite soit sonnée chaque soir.

En 1766 on revient sur l'accord passé entre le curé et  les élus locaux. Il y avait été décidé que seuls les gros décimateurs seraient chargés des frais occasionnés par l'entretien en bon état de l'église. C'est pourtant toute la communauté qui régle tous ces frais. Les paroissiens refusent de continuer à payer comme ils le font jusqu'ici et ce malgré l'accord passé. Les habitants exigent aussi une nouvelle réglementation concernant les enterrements. Il est écrit ceci : Ayant considéré le temps nécessaire que les habitants perdent en allant à l'église pendant plusieurs jours lors des décès de quelques uns d'entre eux négligeant la culture de leurs terres, ils décident donc"qu'ils ne feront célébrer qu'une  messe chantée le jour de l'enterrement sans aucune offrande d'autant plus que que le sieur curé retire chaque année en "dixième" et "première "une somme considérable." Les choses vont donc assez mal, l'entente curé et paroissiens n'est pas sans nuage. C'est alors que le curé Detchegoyen écrit une longue missive aux membres du corps municipal. En voici quelques extraits :"cette situation m'a jeté dans de vrais soucis, j'assure que leur amertume ne cessera pour moi qu'autant que l'harmonie qui a duré si longtemps ne soit entièrement rétabli.   Les dons que les testateurs ou leurs héritiers font à l'église et les quêtes qui y sont faites par les claviers sont employés avec sagesse aux besoins du choeur.   L'usage très chrétien des habitants de Hasparren a toujours été de se distinguer dans la pompe du service divin par un effet de sentiments religieux qui y régnent. L'usage constant de toutes les paroisses du païs de Labourd est de fournir sans accord écrit aux besoins du choeur comme on l'a fait jusqu'à présent à Hasparren. En résiliant l'accord de 1733 je ne vois que troubles, disputes et guerre. Evitons-les messieurs. Veuillez faire part à la Communauté des motifs de concorde qui me pressent." Quelques jours après la réception de cette lettre, les élus avec grand nombre d'habitants décident des termes d'une lettre qu'ils adressent au curé Detchegoyen. Ils délibèrent tout d'abord unanimement qu'ils sont pénétrés d'affection pour leur dit curé et qu'ils acceptent les propositions contenues dans sa lettre. La paix semble donc revenue.

En 1767 une autre bonne nouvelle va encore améliorer les relations entre le curé et les responsables de la commune. En effet, l'ancien curé Guillaume Hiriart est décédé et dans son testament il est signifié qu'une somme de 3000 livres doit être versée à la paroisse de Hasparren.         En 1771 Hasparren s'apprête à vivre une grande mission. Il est donc décidé qu'une croix neuve sera dressée à l'entrée du cimetière, car celle qui y est semble tout à fait usée.        En 1772 nouvelle innovation. Les maire-abbé, jurats et nombre d'habitants prieront Mr le curé d'obtenir de Mgr l'Evèque diocésain que les vêpres soient dites immédiatement après la grand-messe sauf les grands jours de fêtes solennelles. Durant trois longues années les discussions vont bon train.     Le curé Bernard Haramboure juge que des réparations doivent être faites à l'église. Qui paiera?  Les membres de l'assemblée de la paroisse ne sont pas trop d'accord. Ce n'est qu'en 1776 que l'accord est réalisé après maints pourparlers.      En 1780 encore les relations paraissent assez tendues entre le curé et les responsables locaux. Il semble qu'il en est de même dans tout le pays du Labourd  c'est pour cela  que l'on s'adresse au syndic général du pays afin que soient fixés les droitsdes habitants et aussi les devoirs auxquels ils peuvent être assujettis. Malgré cette tension et au cours de la même année, le 23 juillet, l'assemblée communale réunie décide qu'en reconnaissance  de l'honnêteté qu'à eu Mr le curé de donner à diner     au sieur maire-abbé et jurats lors de la visite de Mgr l'Evêque il lui sera donné la faculté de prendre à la forêt commune 24 charretées de bois à bruler, la prise et le transport étant à ses frais.        En 1782 l'ancien curé Jean Detchegoyen vient de mourir. Il a laissé à la paroisse une somme de 6000 livres qui seront réservés à la réparation d'une partie de l'église et à l'achat de quelques ornements.          En 1785 le consul de fabrique ne semble plus exister, les responsables de la Communauté s'en émeuvent et trouvent leurs charges concernant l'église trop lourdes, ils décident donc de s'entourer d'avocats afin de bien savoir quelles sont les dépenses qu'ils doivent acquitter.

Enfin en 1788 une nouvelle décision est prise par les élus municipaux entourés de grand nombre d'habitants. La messe qui se dit chaque samedi soir sous le nom de " Invocation de Notre Dame" se dira dorénavant chaque dimanche une heure après la messe matutinale aux mêmes formes et rétribution que la Communauté payait pour celle du samedi. Il est aussi décidé que la messe qui se disait sous le nom de "Messe du Rosaire " chaque mois sera elle complétement supprimée  vu que la Communauté n'est point en état d'en supporter la charge. Les choses bougent en cette période , les habitudes changent. Il est vrai que nous sommes en 1788, c'est la veille de la Révolution.

            Hasparren En 1856

Un recensement très détaillé a été réalisé en 1856. Il comprend la population par quartier, le nombre de maisons, le nombre de ménages, le nombre d'enfants recevant une instruction, le nombre d'agriculteurs et enfin le nombre de personnes vivant de la pratique de métiers divers. On se rend compte aussi qu'en 1856 vivaient à Hasparren 1 homme de 101 ans, 1 de 102 ans et une femme de 105 ans.
                        La population par quartier : au bourg vivent 995 habitants, au quartier Celhay-Sohano 910, à Elizaberry et Hasquette 690, à Labiry 654, à Minhots 479, à Pegna 408, à Urcuray 475, au bois de Labiry184 et au quartier La Côte 150. Total : 4945.
Les maisons :  Il y a 899 maisons à Hasparren. Parmi celles-ci 510 ont uniquement  un rez-de-chaussée, 331 ont un étage, 56 ont deux étages et seulement 2  ont 3 étages.
Les familles :  On dénombre 77 personnes vivant seules, 199 couples sans enfants, 185 couples avec 1 enfant, 198 couples ayant 2 enfants, 146 couples ayant 3 enfants, 119 couples avec 4 enfants et 195 couples avec 5 enfants.  Sexe masculin :on dénombre 1324 enfants et jeunes non mariés. Il y a aussi 729 hommes mariés  et 155 veufs, soit une population de 2208 hommes.  Sexe féminin : on compte 1726 enfants et jeunes non mariées. Il y a aussi 761 femmes mariées et 248 veuves, soit une population de 2735 femmes. Curieusement, l'établissement scolaire existant accueille 243 garçons et seulement 193 filles.
Quand on se penche sur la liste des professions pratiquées on se rend compte que l'agriculture est assez largement minoritaire. En effet à cette époque là 1816 personnes de Hasparren vivent de l'agriculture tandis que 3510 autres vivent des rapports de l'industrie ou du commerce.
Personnes vivant de l'agriculture (hommes,femmes et enfants) :
–         propriétaires exploitants : 322 hommes et 342 femmes;
–         régisseurs : 4 hommes et 7 femmes;
–         fermiers : 18 hommes et 9 femmes;
–         métayers : 366 hommes et 468 femmes;
–         journaliers, bouviers, etc... : 132 hommes et 148 femmes.
Personnes vivant de l'industrie, du commerce et divers :
–         cordonniers 514 hommes et 355 femmes;
–         textiles : 292 hommes et 299 femmes;
–         travaux de batiments : 134 hommes et 183 femmes;
–         alimentation : 81 hommes et 94 femmes;
–         tanneurs et corroyeurs : 72 hommes et 85 femmes;
–         cabarets et restaurants : 62 hommes et 71 femmes;
–         habillement : 10 hommes et 94 femmes;
–         travail du bois : 51 hommes et 38 femmes;
–         épiceries, vins : 21 hommes et 61 femmes;
–         rentiers, propriétaires : 33 hommes et 47 femmes:
–         mendiants, bohémiens : 29 hommes et 39 femmes;
–         travailleurs du métal : 33 hommes et 28 femmes;
–         clergé : 19 hommes et 18 femmes;
–         fonctionnaires : 12 hommes et 8 femmes;
–         marchands de tabac : 2 hommes et 11 femmes;
–         transports : 3 hommes et 7 femmes;
–         magistrats : 2 hommes et 5 femmes;
–         céramique, tuiles : 2 hommes et 3 femmes;
–         médecins et chirurgiens : 3 hommes et 3 femmes;
–         notaires et huissiers : 3 hommes et 1 femme;
–         pharmaciens : 1 homme et 1 femme;
–         les gens sans profession :133 hommes et 497 femmes.

L'entretien Des Chemins

Conséquence de la vaste étendue de Hasparren la longueur des routes et chemins qu'elle doit entretenir est également impressionnante. Les renseignements concernant cette question sont nombreux et ils ne manquent pas d'étonner. Les corvées d'hommes chargés de réaliser ce travail, le matériel utilisé etc... prouvent abondemment que les temps ont bien changés.

                        Nous sommes en 1698. A ce moment-là les diverses plaintes réitérées des habitants du présent lieu et par les paysans et négociants venant au marché font que les jurats des divers quartiers font passer le "batteur de caisse" pour commander deux jours de travaux sur tous les chemins. Les jurats eux-mêmes indiqueront maison par maison , du lieu et heure à laquelle les habitants devront s'y rendre pour y travailler. Ceux qui ont des boeufs ou des vaches y viendront avec leur charrette et les autres avec leurs bêches, pioches et paniers sans qu'il soit permis d'envoyer des enfants. Les défaillants seront punis chacun de trois livres de peine.

                        En 1711, le maire Pierre Broussain est avisé que le Duc de Vendome doit passer par le chemin royal pour se rendre en Espagne. Pour cela il faut veiller au bon état de ce chemin ! Ce chemin doit donc être remis en état surtout tout le long du pied de l'Ursuïa.

                        En 1738, on répare à nouveau les chemins, pour cela on stocke tout d'abord des pierres, des branches et des touyas pour les endroits les plus creux et les plus humides. Le chemin le plus important est celui qui mène vers l'Espagne depuis Bayonne jusqu'à St-Jean-Pied-de-Port. Les ordres sont formels, les jurats visiteront maison par maison, les habitants qui seront capables d'aller travailler.

                        En 1739, on se rend compte que les hommes qui travaillent sur les chemins ne sont pas payés. On se pourvoit donc auprès de Mr l'Intendant. Deux mois plus tard rien n'a changé. La Communauté de Hasparren prie alors le syndic de procurer sans aucun retardement le paiement des bouviers et autres manoeuvres de ce lieu qui travaillent depuis longtemps à faire les chemins du Roy. Ils sont en tout autour de 6000 hommes suivant les certificats obtenus. Comme les pauvres ouvriers n'ayant rien pour se nourir et que le travail est fort reculé on portera s'il le faut la plainte à Mr l'Intendant.

                        En 1744 commence la réparation de la route reliant Bayonne à Béhobie, Hasparren doit fournir 40 hommes. Chaque semaine un des jurats se rendra à l'endroit des travaux pour se rendre compte de la présence des travailleurs de ce lieu. Deux mois après le début des travaux Hasparren doit envoyer huit bouviers supplémentaires pour participer aux travaux, chacun d'eux recevra 3 livres par jour.

                        En février 1745 les ouvriers ayant travaillé sur cette route n'ont toujours pas été payés. Le 20 juin au Bilçar d'Ustaritz Hasparren affirme que cette commune a fourni plus de manoeuvres et de charrettes qu'aucune autre Communauté du pays. Elle ne continuera donc point son effort. D'autre part cette Communauté a fourni sur ordre du sieur syndic une grande quantité de chevaux et mulets pour le service de Madame la Dauphine lorsqu'elle est passée au Pays Basque alors que beaucoup d'autres communes n'ont fait aucun effort. Durant de longs mois la Communauté se débattra comme elle pourra pour éviter de payer la part de charges concernant cette route, alors qu'elle suppose qu'elle a assez participé par l'envoi de ses hommes et de ses bouviers. Dès 1745, la communauté est à nouveau sollicitée pour la fraction de route menant de Bayonne à Urrugne. Il lui faudra envoyer 216 pioniers. Ce chiffre est bien entendu exagéré, il est donc réduit à 150 hommes qui seront surveillés journellement par un des jurats de Hasparren.

                        De 1745 à 1747 les discussions vont bon train, les services imposés à Hasparren paraissent bien exagérés. Finalemnt et aucune autre solution n'étant possible il est décidé de payer un entrepreneur pour qu'il assure le travail nécessaire jusqu'à ce qu'il soit terminé. Le prix de ce travail est mis aux enchères et il est finalement attribué à Joanes Bidart maître-maçon qui s'en chargera.

                        En 1754 les chemins de la Communauté ont besoin de réparations. La pierre nécessaire et les bois pouvant être utilisés les gens de divers quartiers s'en occuperont. Cette même année Mr Daniel Charles, Directeur des Ponts et Chaussées de France adresse une lettre demandant deux hommes pour accompagner les géomètres qui devront remettre en état les routes partant de Bayonne qui va pour l'une jusqu'à Behobie et pour l'autre jusqu'à St-Jean-Pied-de-Port en passant par Hasparren . Cette question de l'entretien des chemins devient préoccupante .

                        En 1761 il a été délibéré ceci : Tous ceux qui voudront être exempts de cette corvée paieront pour chaque jour qu'ils seront mandés les bouviers 24 sols et les pionniers 8 sols. Ceux qui refuseront de payer cette base seront condamnés à 3 livres pour ce qui concerne les bouviers et 24 sols pour ce qui concerne les pionners.

                        En 1770 la route Bayonne-St-Jean-Pied-de-Port a déjà besoin de réparations. Les habitants de Hasparren en maugréant repaieront la portion de route qui leur revient.

                        En 1786 ce sont des trous qui sont faits volontairement sur les routes pour en extraire de la terre. Des poursuites seront engagées.

                        En 1787 une longue dispute s'engage entre Labastide et Hasparren. Une route doit être ouverte reliant St-Palais à Bayonne . Les responsables des deux communes souhaitent que cette route passe par chez eux. Finalement et à quelques années d'intervalles deux routes seront ouvertes l'une passant à Labastide, l'autre à Hasparren.

                        En 1794 c'est-à-dire à la sortie de la Révolution la route Hasparren -Bayonne verra le jour ,l'emprunt de 4500 livres sera obligatoire  mais une route sera faite trois ans après , c'est le chemin qui mène d'Ortesenia jusqu'à Munista qui doit être refaite. Il en coutera 150 livres à la Communauté.

                        En 1803 ce sont les décimateurs payant le plus d'impôt qui ont la charge des dépenses exécutées sur certains chemins. Ces décimateurs sont au nombre de sept. Quelques  jours plus tard d'autres décimateurs sont désignés, certains d'entre eux refusent ce paiement avant qu'une part de leurs biens ne soit saisie !

                        En 1811 il est décidé que pour faciliter l'accés à Hasparren, la route qui vient de Bayonne à Hasparren au lieu de Paskoïnia, sera ouverte directement vers Hasparren et non plus vers le sommet de la côte de Paota. La distance de Paskoïnia au bourg de Hasparren est d'environ 2522 mètres, l'accés est bien plus direct. Il faudra 151 journées de travail pour la réaliser mais l'accés à Bayonne pour tous les gens du pays de Mixe et de l'Arberoue sera beaucoup plus facile.

                        En 1827 ce sont les chemins d'Ermindegui ainsi que celui qui mène à Urcuray qui sont améliorés.

                        En 1828 il est à nouveau question de la route St-Palais – Bayonne passant par Hasparren. Elle sera branchée sur la route nationale Bayonne-St-Jean-Pied -de- Port au lieu dit Paskoïnia. Malgré la protestation de ses élus Hasparren paiera 40 pour 100 de la dépense totale.

                        La période 1830 à 1845 sera très agitée en ce qui concerne l'ouverture des routes les tracés proposés sont souvent refusés  d'autres sont ouvertes sans autorisations et sans crédits !! Mais pourtant c'est bien à ce moment là que les routes se situeront là où elles se trouvent actuellement.

                        En 1843 il est question de refaire la route reliant Hasparren à Labastide. Deux propositions sont faites celle passant par les crêtes c'est-à-dire par le quartier Pegna et celle plus proche d'Ayherre passant beaucoup plus bas. Hasparren opte pour celle de Pegna, mais c'est l'autre qui est choisie et qui sera ouverte.

                        En 1844 c'est la route Hasparren- Cambo qui est ouverte . L'ancienne route passait au Bas-Cambo celle qui sera ouverte le sera par le pont de la Nive proche de l'établissement thermal.

                        En 1847 l'entretien des chemins est réservé aux ateliers de charité de la commune. Ces ateliers de charité utilisent des personnes agées en état de santé précaire qui peuvent faire des petits travaux sur les chemins situés aux abords de leurs demeures.

                        En 1848 le gouvernement vote un crédit de 6 millions à répartir entre toutes les communes pour l'entretien de leurs chemins. Hasparren écrit une longue missive  de laquelle on peut retenir quelques phrases. "Pour Hasparren l'hiver ne peut se présenter que sous les auspices les plus terribles. Sa population est affamée et sans argent. Sa population de 4500 âmes qui ne demande que du travail ne peut-être abandonnée. Au vu de toutes ces considérations, il faudrait attribuer à la commune de Hasparren la part la plus large possible!!

                        En 1852 le nouveau cimetière va être ouvert, encore faut-il y parvenir ! Après quelques tractations 40 ares de terrain sont vendus à la commune pour la somme de 135 francs.

                        En 1856 le premier cantonnier communal est embauché par la mairie.

                        En 1858 c'est le système des prestations qui est adopté. Le cantonnier municipal sera chargé de la surveillance du travail des prestataires.

                        En 1868 le premier plan d'entretien des chemins prévu pour dix ans est mis au point. A ce moment-là Hasparren possède 30815 mètres de chemins vicinaux. Il y a aussi 16110 mètres  de voies de 1ère et 2 ème catégorie. Le coût total de la dépense prévue s'élève à la somme de 117.138 francs; Pour parvenir à la payer Hasparren recevra de l'Etat 8000 frs et du département 52388frs. Les centimes additionnels rapporteront 6750 frs et l'emprunt réalisé sera de 50,000 frs.L'effort financier de la communale qui jusqu'ici était de 4800 frs annuels passera à 11710 frs.

                        En 1869 il s'agit de réaliser la route Hasparren – Briscous. Il y aura deux soumissionnaires  et celui choisi sera Alexandre Camino de Briscous.

                        En 1872 pour parfaire l'alignement des maisons de la rue principale devenue rue Jean Lissar quelques expropriations de peu d'importance sont décidées. L'exécution de la route Hasparren-Briscous a pris un peu de retard, elle sera finalement inaugurée en 1873. Cette année-là un deuxième cantonnier municipal est embauché.

                        En 1878 c'est la route Hasparren – Mendionde par Celhay qui est nettement améliorée. C'est aussi cette année-là que les 4 carrières communales sont louées à ceux qui voudraient les exploiter. Il s'agit des carrières d'Amintoyena au quartier Labiri, de celle de Harobihandia située à Erreelou . Les quatre carrières ont été louées pour l'année 72 francs.

                        En 1879 le classement de la route Hasparren-Briscous en route nationale a été refusé tandis que la route nationale 132 Bayonne-St-Jean-Pied-de-Port par le bas de l'Ursuïa est déclassée également.

                        En 1891 le conseil municipal décide d'ouvrir deux nouvelles voies , l'une reliant Elizaberri à Labiri, l'autre reliant Hasparren à Mendionde puis Macaye et Louhoussoa. Le coût total de la dépense prévue  est de 34200 frs, dont 20520 frs à la charge de la commune, 4100 frs à la charge du département et 9576 frs à la charge de l'Etat.

                        En 1893 le conseil municipal demande que la route de Hasparren à Cambo soit classée en route départementale.

                        En 1893 et 1894 a lieu le classement de tous les chemins de Hasparren. Sont classés :

            voie de grande communication, la route No 22 de St-Jean-de-luz à Bardos,

            chemin d'intêret commun, la route départementale 32 a(?) la route nationale 132 qui devient le chemin  52.

            il y a aussi 13 chemins vicinaux ordinaires et 38 chemins ruraux.

                        En 1925 le conseil municipal présidé par le docteur Jean Lissar proteste car seulement 1/3 du budget concernant les routes est destiné aux chemins vicinaux tandis que les 2/3 sont prévus pour être utilisés sur les chemins de grande communication.

                        En 1936 en séance du conseil municipal il est décidé que la surveillance des cantonniers municipaux et des prestataires sera beaucoup plus stricte qu'elle ne l'est jusqu'ici. Il est décidé également que les prestations aux endroits désignés par le conseil devront avoir lieu depuis le 1er mars jusqu'au 30 octobre.

 

La corvée des chemins

 

                        Le 16 novembre 1786, l'intendant du Labourd obtenait un arrêt du Conseil du Roi qui ordonnait l'essai pendant 3 ans de la conversion de corvée en une prestation en argent égale au 35ème de la capitation roturière et accessoires. Le pays protesta pour essayer d'être maintenu dans le privilège de faire par lui-même le service des Ponts et Chaussées..... privilège envié par toutes les autres provinces.  La protestation fut vaine et Saint-Maur obtenait gain de cause. Il perdait la liberté qu'il avait toujours eu de pourvoir par lui-même à l'entretien de ses routes. Le Bilçar dans ce domaine perdait ses prérogatives. Le syndic n'était plus le grand agent voyer du Labourd. Un sous-ingénieur des Ponts et Chaussées le suppléra dans cette activité et les paroisses du Labourd  si elles continuaient  à être soumises au principe de la corvée pour l'entretien des routes du pays allaient connaître  dans la fixation du nombre des  corvéables et dans celui des journées de prestations des exigences plus strictes que celles qu'elles avaient eu à subir jusque là.  C 'est  ainsi que  les jurats de Hasparren  désignaient les habitants corvéables à tour de rôle et ceux-ci devaient obéir à la réquisition dont la durée était fixée par le sous-ingénieur à peine de 20 sols    de contrainte quotidienne. Les 20 sols d'amende étaient employés à payer la main d'oeuvre qui avait été embauchée pour remplacer les requis défaillants.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  .